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Avec des recrues inaptes (près de quatre-vingt au total) et marquées par les signes de l’âge, le contingent 2019 est considéré comme le pire recrutement de l’histoire de la protection civile.
On enseigne dans les écoles militaires qu’on peut tout faire avec la baïonnette sauf s’asseoir sur là-dessus. C’est pourtant ce qu’ont voulu faire les responsables de la Protection civile, à travers un processus de recrutement dont les règles les plus élémentaires ont été foulées aux pieds.
«C’est la seule explication de la présence dans le contingent d’un nombre aussi élevé d’éléments inaptes», rapporte une source qui indique tout de même qu’il y’a eu toujours des recrues recalées à la visite d’arrivée, qui n’ont jamais dépassé cinq personnes.
Pour rappel, l’arrêté n°2017-0755 MSPC/SG du 27 mars 2017, portant ouverture d’un concours direct de recrutement à la direction générale de la Protection civile, stipule en son article 4 que les épreuves du concours comportent «une visite corporelle, une épreuve sportive, une épreuve écrite, une épreuve pratique pour les chauffeurs, une visite médicale d’admission».
Au vu de tout ce qui précède, comment expliquer alors la présence dans le contingent d’autant de personnes inaptes ? Car la question n’est plus de savoir si les recrues sont inaptes ou pas, même si plusieurs sources concordantes confirment l’inaptitude des 22 jeunes radiés, mais comment elles sont passées entre les mailles du filet.
«C’est qu’on a fait du grand n’importe quoi», explique une source à la Protection civile qui avoue qu’il n’y a pas eu de concours. «C’était comme un rapport de forces où les plus forts ont fait passer leurs parents», déplore-t-il.
Près de quatre-vingt éléments inaptes décelés
Notre interlocuteur se demande comment des personnes présentant des pathologies ou anomalies aussi visibles comme la cataracte ou l’asymétrie des membres supérieurs humains peuvent se retrouver dans les rangs. L’argument selon lequel le concours a été décentralisé ne saurait, selon lui, prospérer.
Tout en pointant la responsabilité du DG de la Protection civile, il révèle la présence dans les rangs de près de quatre-vingt éléments inaptes. Une information confirmée, selon nos sources, par les premières conclusions de la mission d’inspection déployée sur le terrain. «Les inspecteurs ont également indiqué que le contingent est trop vieux», ajoute un officier supérieur sous couvert d’anonymat.
Rappel utile, l’âge maximum des candidats à la Protection civile est de trente-deux ans et ne concerne «que» les médecins. L’âge des autres corps ne doit pas excéder vingt-huit ans. «Ce qui n’est visiblement pas le cas», reconnaît une source.
De bonnes sources, le tintamarre autour de la radiation des vingt-deux recrues est un artifice du Directeur général, le colonel-major Seydou Doumbia, pour «noyer le poisson». «C’est un subterfuge du chef de la Protection Civile qui consiste à faire oublier la présence de quatre-vingt autres dans le contingent et par la même occasion empêcher la population d’avoir un droit de regard sur le processus de recrutement», souligne un agent de la Protection civile. Aux dernières nouvelles, les directeurs régionaux sont entendus par la mission d’inspection afin de situer les responsabilités.
La colère du chef de service relations publiques et coopération
Contacté, le chef de service relations publiques et coopération de la Protection civile, le lieutenant-colonel Thiam Samaké, comme s’il voulait cacher quelque chose, pique une grosse colère avec des mots qui crépitent de sa bouche comme des balles sortent d’un Kalachnikov AK-47.
«Je suis très énervé par vos questions», lâche-t-il. Assis sur une chaise placée derrière un bureau au côté de quatre personnes, dont deux assises en face de lui et les autres penchés sur un ordinateur bureautique, il ajoute : «vous pouvez aller écrire dans tous les journaux du monde. Moi, je n’ai pas peur d’un journaliste. Ce sont ceux qui sont à la recherche de poste qui ont peur des journalistes».
Après sa vocifération, le lieutenant-colonel Thiam Samaké dit s’inscrire en faux contre ces allégations. Il affirme ne pas avoir connaissance de la présence dans les rangs d’autres recrues inaptes. À propos de l’âge avancé de certains éléments du contingent, le chef de service relations publiques et coopération de la Protection civile dit avoir comme seule référence, les documents administratifs fournis par les candidats. Selon lui, le décret portant organisation du concours détermine l’âge des postulants.
«À partir du moment où le candidat fournit un acte de naissance dûment signé par une autorité, nous ne pouvons rien faire que de prendre son dossier. Nous ne pouvons en aucun cas nous fier à son apparence», a-t-il conclu. Adepte de la théorie du complot, il a également laissé entendre que cette cabale médiatique est orchestrée par les éléments de la protection civile. Ce qui constitue une façon pour lui de se soulager.
Il faut rappeler que vingt-deux nouvelles recrues accusent dans une vidéo virale, en date du 21 mai, les responsables de la Protection civile de les avoir injustement radiés de la formation.
Abdrahamane Sissoko
Source : Le Wagadu