Le système éducatif de nos pays est décrié pour expliquer en partie le chômage massif des jeunes africains qui sont formés quelquefois en décalage avec les besoins des marchés de l’emploi. L’école est ainsi prise entre le marteau de la croissance démographique, de la faiblesse des moyens et de ses ressources humaines impactant la qualité intrinsèque de l’enseignement, et l’enclume de la déconnection avec les réalités socioéconomiques des pays. Elle n’arrive plus à satisfaire les attentes des jeunes mais aussi des décideurs y compris des acteurs économiques. Il faut rapidement sortir de cette impasse mortifère pour nos pays.
L’une des pistes de cette réhabilitation de nos systèmes éducatifs est de les ouvrir à leur environnement et de donner un rôle à de nombreux acteurs de cet environnement dans le fonctionnement de nos structures de formation et dans la transmission des savoirs aux enfants. La variété de ces acteurs et leurs diversités contribueront à renforcer les aptitudes des enfants, les éveillera mieux au marché de l’emploi et leur donnera plus de chances pour combler leurs déficits d’apprentissage. Cela ouvrira la voie à une meilleure intégration du monde académique et du monde socioéconomique. Dans nos pays, on jettera ainsi les bases d’une forme de solidarité entre les actifs et les futurs actifs, au bénéfice de la qualité des produits du système éducatif. Dans cette optique, il faut envisager de mettre en place de véritables partenariats entre les écoles, les universités, les structures de formation professionnelle et le monde de l’entreprise, les patronats, les chambres de commerce…Cette collaboration aura plusieurs illustrations bénéfiques à nos systèmes éducatifs.
Les acteurs économiques pourront offrir des cadres de travail et de recherche aux universitaires pour des études et analyses utiles à leur connaissance du monde de l’entreprise ou de l’économie, ce qui leur donnera l’occasion de lier les théories à la pratique. Inversement, les écoles et universités offriront leurs dispositifs pédagogiques aux acteurs économiques qui pourraient travailler à la reconfiguration des programmes d’enseignement pour les amener vers les besoins du marché de l’emploi. Les chefs d’entreprises et du monde professionnel pourront organiser des conférences dans les universités sur des thèmes relatifs à l’économie, l’emploi, les entretiens d’embauche ainsi que d’autres thèmes pouvant intéresser les étudiants. Ces interventions ouvriront les futurs diplômés aux réalités du marché de l’emploi, du monde professionnel, aux exigences de nos économies, etc; elles leur feront prendre conscience des attentes, insoupçonnées à l’école, à leur égard, quand ils devront faire leur chemin après la sortie de l’université.
Le partenariat fécond entre les structures de formation et le monde professionnel aura d’autres illustrations en la possibilité donnée aux écoles d’envoyer les jeunes en stage dans les entreprises. Ces dernières peuvent soutenir matériellement ou financièrement des activités de recherche, demander aux universitaires de réfléchir sur certains domaines qui les intéressent, utiliser les capacités intellectuelles du monde de l’enseignement…
En ouvrant la possibilité multi directionnelle de travailler ensemble, les structures de formation et le monde professionnel peuvent imaginer, organiser et mettre en œuvre toutes autres initiatives dans leur intérêt et celui du pays. Il en sera par exemple, du soutien à l’excellence au sein des universités à travers des prix et bourses accordés aux meilleurs étudiants.
Ce cadre de collaboration peut facilement être étendu aux acteurs du secteur public, notamment les Institutions républicaines, les services administratifs ou encore les collectivités locales pour la mutualisation de certaines activités, l’organisation de journées portes ouvertes, les interventions dans les écoles, les dispositifs d’accueils des étudiants…Le secteur public aussi est pourvoyeur d’emplois et présente des spécificités qu’il convient de présenter aux jeunes avant leur arrivée sur le marché de l’emploi. Il peut de ce fait être utile dans le cadre des initiatives de rapprochement de nos structures de formation et du monde professionnel.
La diaspora africaine est très forte, quelquefois solidement implantée dans les pays d’accueil et contient par conséquent de nombreux ressorts pouvant être utiles aux systèmes éducatifs du Continent. Il est possible d’utiliser les diasporas africaines pour les mises en contact avec des structures de formation à l’extérieur, des cours à distance, des visites d’échanges, des cours d’acteurs de la diaspora lors de séjours organisés dans les universités de leurs pays d’origines, des échanges d’étudiants…Nos expatriés seraient ravis de pouvoir rendre à leurs pays une partie de ce dont ils ont bénéficié lors de leurs cursus passés.
Nous pouvons enfin ouvrir la possibilité d’utiliser les acteurs de la diaspora revenus au pays à leur retraite, mais également ceux de nos retraités du sérail national ou local, ayant de grandes compétentes et une riche expérience pour intervenir dans nos écoles. Ils pourraient être très utiles comme vacataires dans les universités et les écoles en Afrique. Ils seraient heureux d’avoir l’occasion de donner de leurs savoirs et partager leurs parcours, afin, d’aider les jeunes à trouver leurs chemins, au moment où dans de nombreux secteurs il manque des professeurs compétents sur le continent.
Le recul relatif de nos systèmes éducatifs et leurs incapacités réelles à répondre aux besoins du marché de l’emploi obligent les décideurs à examiner toutes les possibilités permettant de faire face à ce défi. Comme paraphraser un grand leader politique du XXe sièce parlant de la guerre et de l’armée, l’école est une chose trop importante pour la laisser uniquement aux mains des professeurs, chercheurs, enseignants de métiers ! Il nous faut faire de cet outil de fabrication du futur de nos pays un bien commun à la restauration duquel chacun doit contribuer.
Moussa MARA www.moussamara.com