Dans la fièvre de la célébration du 8 mars, Soya Djigué de l’Appel Citoyen pour la Réussite de la Transition plaide pour « la scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes, seul moyen sûr d’améliorer la santé, la nutrition et l’éducation de la famille. Elles permettent surtout de réduire la pauvreté et donc l’instabilité politique ». |
Hier lundi 08 mars 2021, est célébrée la Journée Internationale de la Femme. Cet évènement international annuel magnifie chaque année les Femmes à travers des rencontres, des débats et, bien sûr, des manifestations populaires. Sous le leadership de Mme Djim Foutoumata Dicko, les femmes de l’ACRT ont à travers un rassemblement le samedi dernier magnifié la femme malienne, mais aussi échangé sur les problèmes qui les concernent.
Selon Soya Djigué de l’ACRT, parmi plus de 800 000 Maliens supplémentaires qui ont fait leur entrée dans la pauvreté en 2020, la majorité est fort malheureusement les femmes. Cette situation est d’autant plus injuste vu que les femmes du Mali sont les piliers de notre société. De plus, ce sont les femmes qui font l’objet de toutes les souffrances dans les mines, notamment artisanales, comme cela est le cas aux alentours de Kéniéba.
Aux dires de Soya Djigué, on les voit tout le long de la journée, tirer des gravats de terre qu’elles s’échinent à nettoyer pour tenter d’en extraire de l’or, gramme par gramme. Ce travail, les femmes le font dans une promiscuité qui heurte toute conscience humaine, exposées qu’elles sont à toutes sortes de maladies dont le COVID-19 et le Sida. Les jeunes filles et jeunes dames qui affluent dans les alentours des mines à la recherche d’une meilleure vie s’adonnent malheureusement à la prostitution avec tout ce que cela comporte comme danger pour elles d’abord et ensuite pour la société. Que pouvons-nous faire pour un avenir meilleur pour les femmes ?
Pour Soya Djigué les femmes leaders doivent être les porte-étendards de leurs sœurs et filles dans la longue et difficile lutte pour l’émancipation des femmes et leur accès à tous les droits. Une part importante revient aussi aux autorités, à travers la bonne gouvernance, une distribution saine de la justice, un meilleur accès à une école de qualité notamment pour les filles et un investissement massif dans les infrastructures sanitaires.
Pour faciliter la tâche aux femmes, Soya Djigué prône la bonne gouvernance, par la lutte contre la corruption, la distribution saine de la justice, et un meilleur accès à une école de qualité car « il reste beaucoup à faire pour atteindre la parité des genres dans le système éducatif ».
La remarque est que les effectifs des filles au niveau des taux de scolarisation et d’achèvement des cycles restent largement inférieurs à ceux des garçons. C’est un gâchis. « La scolarisation des filles et l’alphabétisation des femmes sont le seul moyen sûr d’améliorer la santé, la nutrition et l’éducation de la famille. Elles permettent surtout de réduire la pauvreté et donc l’instabilité politique », précise-t-il.
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Par ailleurs, M. Soya Djigué plaide pour un investissement massif dans la santé, d’autant plus que les femmes maliennes rencontrent de nombreux obstacles au quotidien pour accéder à la santé. Chaque jour, il y a des femmes qui décèdent de complications liées à la grossesse ou à l’accouchement. « C’est malheureux qu’on en soit encore là, en 2021 », regrette-t-il. Alors que des solutions existent pourtant afin d’améliorer la prise en charge des femmes et promouvoir l’égalité d’accès à la santé. A ses dires, il faut construire et équiper les centre de santé, notamment dans la zone rurale où vivent 75% des femmes et il faut surtout sensibiliser les communautés à la nécessité de soigner les femmes autant que les hommes
Pour le moment, les femmes et les jeunes du Mali ne se sentent ni intéressés ni concernés par le débat inutile de savoir si les élections auront lieu dans 14 mois ou pas. Toutefois, M. Soya Djigué a plaidé pour que les femmes ne soient pas oubliées dans la construction du Mali nouveau. Les autorités de la Transition sont appelées à mettre en avant la loi du genre qui stipule que 30% de places doivent être accordés aux femmes dans les postes de nomination et d’élection. « Ce quota devra être imposé à tous les partis politiques qui seront en lice pour les élections futures. Les pays où les femmes sont représentées au plus haut niveau sont ceux qui se portent le mieux », a-t-il rappelé.
Cyril Adohoun
L’Observatoire