La région de Ménaka est devenue la cible prioritaire des terroristes qui lancent des séries d’attaques contre le principal camp de la ville et exécutent en masse des populations civiles. Ces attaques répétitives font de la région l’une des zones les plus instable et dangereuse au Mali en particulier et dans le Sahel en général.
Ville située au nord-est du Mali, Ménaka subit des attaques des différents groupes armés terroristes qui essaient de resserrer l’étau autour de la ville en isolant les forces armées maliennes retranchées dans le camp. Cette localité située dans la zone des trois frontières se retrouve aujourd’hui au cœur d’une bataille sans précédent.
Récemment, le 12 août dernier, vingt civils ont été tués à Esseylel, à moins de 20 kilomètres de Ménaka. Trois jours plus tard, soit le lundi 15 Août 2022, des combattants du groupe État islamique, à moto, volaient du bétail aux portes de la ville, créant un mouvement de panique : ‘’le gouverneur et plusieurs administrateurs civils’’ se seraient réfugiés dans le camp militaire pour y passer la nuit, selon certaines sources.
Par ailleurs, une certaine accalmie règne sur la ville d’où la ténue d’une cérémonie officielle publique a même eu lieu mercredi 17 août 2022. Cependant, la situation demeure plus que préoccupante dans la zone.
Depuis le mois de mars, entre 300 et 700 civils, selon les sources, ont été assassinés dans la région par le groupe État islamique qui, selon les Nations unies, en contrôle les trois quarts. « Ils ont fait de Ménaka leur cible prioritaire », confirme un responsable d’un groupe armé local sur un média.
En dépit de cette pression sur la ville, nous notons la présence de la coalition Gatia-MSA, des groupes armés signataires de l’accord de paix et alliés de Bamako. Cette coalition depuis des mois tient tête aux différentes vagues d’attaques lancées sur leurs positions par les groupes armés terroristes.
A en croire l’un des portes paroles du mouvement armé Gatia, selon le journal ‘’DW’’, les quatre cercles de la région se sont vidés de leur population. On parle de 90.000 personnes déplacées, selon le site.
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En outre, selon la même source, en trois mois, plus de mille civils auraient été tués dans la zone dite des ‘’trois frontières’’. « La situation est très critique parce que les éleveurs ne peuvent plus rester chez eux. Tout le monde a été contraint, pour ceux qui ont de la chance de survivre, d’aller vers la ville de Ménaka. Dans les jours à venir, si rien n’est fait, tous les habitants de la région vont se retrouver au chef-lieu de la région. Donc, la situation est très critique », témoigne Fahag Ag Mahmoud, secrétaire général du Gatia. Une situation très critique qui a fait fuir les populations, laissant champs et bétails derrière elles afin d’échapper aux atrocités du groupe Etat islamique au grand Sahara.
En riposte, l’armée régulière a lancé plusieurs contre offensives qui se sont soldées par la neutralisation de dizaines de djihadistes selon les différents communiqués de la Dirpa. Avec l’acquisition des avions de chasse et des hélicoptères de combat, les FAMas multiplient les bombardements sur les différentes positions stratégiques des GAT ; ce qui complique leur mobilité dans la région.
Depuis le départ acté de la force Barkhane, les forces maliennes assurent entièrement la sécurisation de la zone avec l’appui de la coalition Gatia-Msa. A titre de rappel, quelques jours avant son retrait, les troupes françaises avaient annoncé la neutralisation d’un chef djihadiste dans cette zone fragile du sahel. Pour l’heure, aucun bilan définitif n’a été établi suite aux différentes batailles, par contre, le nombre de morts serait élevé selon l’ONU.
Selon les Nations unies, plus de 50 000 déplacés ont trouvé refuge dans la ville, qui est « pleine à craquer », dit un notable de Ménaka inquiet de la situation humanitaire. Et qui conclut : « j’espère que les dirigeants à Bamako ont enfin pris la mesure de ce qui se passe ici ».
Ahmadou Sékou Kanta
L’Observatoire