Disparu des radars à la suite de la retraite médicale de son mentor, le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) sort du bois avec le retour du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Le Cadre des Partis et Regroupements Politiques pour le Retour à l’ordre Constitutionnel a eu sa dose pour son réquisitoire dressé contre les autorités de la transition.
La cohabitation entre le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) et le Cadre des Partis et Regroupements Politiques pour le Retour à l’ordre Constitutionnel pour la cause malienne est loin d’être une réalité. Les deux regroupements optent pour le coup pour coup. De plus en plus, le M5-RFP et le CPRP-ROC se radicalisent et deviennent des ennemis jurés. Le développement de la crise, ces derniers jours, entre les deux mouvements, ne présage pas d’une possible cohabitation pour baliser le chemin d’un retour à l’ordre constitutionnel et sauver le Mali de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis plus d’une décennie.
En effet, lors de sa conférence de 26 novembre dernier, le « Cadre des Partis et Regroupements Politiques pour le Retour à l’ordre Constitutionnel » a dressé un tableau sombre de la situation sociopolitique du Mali caractérisée, selon ses leaders, par une insécurité grandissante, un climat social délétère, une économie dramatique et intenable, une diplomatie calquée sur du populisme et une autre prolongation de la transition en gestation.
Pour sortir de cet imbroglio, le Cadre demande aux autorités de la transition le respect du délai imparti à la transition, l’abandon du projet de nouvelle constitution, l’organisation des élections présidentielles et législatives sous la responsabilité d’un Gouvernement inclusif de mission, l’établissement d’une carte électorale sur la base des données sécuritaires, et l’audit du fichier électoral.
Aussi, les responsable du cadre ont dit attendre des autorités de la transition la distinction entre la gestion de la situation sécuritaire du pays qui est permanente et celle de la sécurisation des élections qui est temporelle et qui nécessite une stratégie spécifique, la cessation des arrestations extrajudiciaires, des intimidations et des menaces des personnalités politiques et le retour de celles qui ont été contraintes à l’exil, le retour du Mali dans le concert des nations, le respect strict de l’indépendance de la justice et des droits et libertés, et l’application concertée entre les parties de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali.
Pour la neutralité politique, le cadre a par ailleurs réitéré sa demande de « nomination d’un Premier ministre non partisan, consensuel, compétent, intègre et ayant une connaissance avérée des dynamiques politiques, économiques et sécuritaires du pays, et ce conformément à la Charte de la Transition.
La litanie d’exigences du Cadre s’est étendue à la diminution du train de vie de l’Etat ainsi que des salaires et traitements de l’ensemble des Autorités, l’audit de tous les marchés passés, et l’ouverture d’enquêtes dans les dossiers de l’attribution des logements sociaux, des marchés des engrais et autres.
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La Réplique
Du côté du M5-RFP tendance Choguel, c’est de la poudre aux yeux, une pilule difficile à avaler, car ces déclarations sont tenues « à la veille d’une mission du Médiateur de la CEDEAO à Bamako ».
Comme une réponse du berger à la bergère, le mouvement du 5 juin a répliqué le samedi 3 décembre dernier, soit une semaine après. Ce, dans la mouvance du retour de leur leader à la primature, Dr Choguel Kokalla Maïga.
Pour le M5-RFP, le Cadre des Partis et Regroupements Politiques pour le Retour à l’ordre Constitutionnel est « en mission commandée » jouant « contre son propre pays pour des raisons inavouables ». « La seule réponse qu’appelle l’examen du réquisitoire dressé contre le Mali par le Cadre est de lui rappeler que les Maliennes et les Maliens n’ont pas la mémoire si courte que ses responsables le croient », répond les inconditionnels de Choguel.
Pour les responsable du M5-RFP, c’est sous la gouvernance des acteurs du Cadre que les massacres les plus horribles ont été perpétrés contre des civils désarmés avec des villages incendiés, des femmes éventrées, des vieillards tués, le bétail emporté, les greniers brulés…, que l’administration, abandonnée à elle-même, a déserté une bonne partie du territoire national, et que l’insécurité a été fortement aggravée par la corruption et les détournements à ciel ouvert des fonds destinés à l’acquisition de matériels et équipements militaires comme l’attestent les fameuses affaires Paramount, des blindés en carton, des détournements des primes et salaires de militaires, des avions payés mais jamais livrés et des hélicoptères cloués au sol.
Aux dires des responsables du M5-RFP, c’est sous « les dignitaires déchus » du Cadre, « en course pour récupérer leurs privilèges à jamais perdus, que les écoles ont été fermées suite aux grèves des Syndicats signataires du 16 octobre 2016, les Cours et Tribunaux fermés pendant deux mois suite aux grèves des syndicats de magistrats et de greffiers, les hôpitaux fermés à la suite du scandale du marché de rénovation et équipement des hôpitaux, et les marchés fermés.
Dans ses répliques contre le « Cadre », le M5-RFP a rappelé que c’est sous leur magistère que sont nés les dossiers des engrais frelatés qui ont compromis des campagnes agricoles et provoqué la faim à large échelle, l’exposition des Maliens au Covid 19 avec les détournements des fonds dédiés à la lutte contre cette pandémie, et le scandale de l’achat de l’avion présidentiel.
Le M5-RFP, au regard de ces manquements, déplore que ce sont les mêmes responsables de ces gâchis qui veulent mettre leur passif à la charge des autorités de la Transition engagés à réparer leurs échecs et les dégâts incommensurables de leur gestion.
« N’ont-ils pas en effet échoué à organiser le Forum Social pour apaiser le climat social ? assurer la mise en œuvre du Dialogue Inclusif National ? mener à terme la révision constitutionnelle ? organiser des élections crédibles ? », se demandent les leaders du M5-RFP.
Et ces leaders d’accuser le Cadre de se mettre « au service de puissances étrangères pour saborder les efforts de reconquête de notre souveraineté nationale », au lieu de demander pardon au Peuple malien qui a décidé de reprendre son destin en main.
Visiblement, le mouvement du 5 juin semble requinqué par le retour de son mentor Choguel à son poste de Premier ministre, après quatre mois de retraite médicale ou de repos forcé.
DCA
Le Soft