Dans son discours à l’occasion du lancement de la Semaine nationale de Réconciliation, ce jeudi 15 septembre 2022 au CICB, le Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, estime qu’en promouvant le dialogue sincère, facteur de pardon et de cohésion, les Maliens ne font que revenir aux valeurs fondamentales que leur ont léguées leurs aïeux. Intégralité.
Monsieur le Premier ministre par intérim ;
Monsieur le Président du Conseil national de
Transition ;
Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Monsieur le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale ;
Mesdames Messieurs les membres du Gouvernement ;
Monsieur le Gouverneur du District de Bamako ;
Monsieur le Maire du District de Bamako ;
Messieurs les chefs des missions diplomatiques et consulaires et des organisations internationales,
Madame le Maire de la Commune III du District de Bamako ;
Monsieur le Représentant des Familles fondatrices de Bamako ;
Mesdames et Messieurs.
La cérémonie qui nous réunit ce matin est, à plus d’un titre, une lueur d’espoir pour le Mali dans sa démarche courageuse pour la Réconciliation et la Paix.
La grande mobilisation à cette première édition de la semaine nationale de la réconciliation en est un témoignage éloquent.
Depuis une décennie, notre pays traverse une crise multiforme, marquée par des conflits fratricides dévastateurs qui n’ont eu de cesse à opposer familles, communautés et individus dans nos terroirs.
Au fil de ces conflits, le tissu social s’est progressivement fragilisé avec son corollaire de détérioration du vivre-ensemble, et du brassage culturel qui ont toujours caractérisé le Mali, berceau des grands empires. Face à cette situation, de nature à compromettre la cohésion sociale, les pouvoirs publics ont initié de nombreux mécanismes de résolution des crises, dont l’institution d’une semaine de la réconciliation nationale, demandée par les Maliens, lors de la conférence d’entente nationale, tenue en 2019.
Cette semaine qui participe d’un esprit de promotion des valeurs fondatrices de notre vie sociale à savoir, entre autres, la solidarité, l’humilité et le pardon, sera, j’en suis convaincu, une grande opportunité que les fils et filles du Mali mettront à profit pour panser les plaies, malheureusement causées par l’incompréhension et prévenir d’autres blessures.
C’est pourquoi il revient à l’ensemble du peuple malien, de s’investir particulièrement à développer l’esprit de pardon et de réconciliation en se focalisant sur ce qui nous rapproche, plutôt que sur ce qui nous éloigne les uns des autres. Par les temps qui courent, le Mali en a fortement besoin. Cette volonté a été traduite dans les dispositions de la loi d’entente nationale à partir de laquelle nous avons pris l’Arrêté n° 2021/5480 / MRPCN-SG du 27 décembre 2021 fixant la semaine allant du 15 au 21 septembre de chaque année comme semaine de la réconciliation nationale.
Mesdames et Messieurs,
En promouvant le dialogue sincère, facteur de pardon et de cohésion, nous ne faisons que revenir aux valeurs fondamentales que nous ont léguées nos aïeux. Les différentes initiatives jusqu’à ce jour prises par les autorités de la Transition, s’inscrivent dans la droite ligne de la préservation des fondements mêmes de notre Nation, mise à rude épreuve par les réalités du moment.
En organisant cette semaine nationale de la réconciliation, le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, donne un écho favorable à une sage volonté du peuple malien dont la finalité est de trouver des solutions endogènes aux problèmes nationaux.
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Monsieur le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale,
Face à la flambée de la violence sur fond d’actions malsaines, orchestrées par des aventuriers, décidés à compromettre, par la discorde, la stabilité de notre pays, il reste évident que votre tâche est ardue. Ardue dis-je, mais pas impossible. Il vous faut donc sans relâche, envisager des solutions innovantes, à même d’obtenir l’adhésion des communautés, le plus souvent instrumentalisées dans des conflits dont elles ignorent les vraies raisons. Méconnaissant ainsi la source de leurs problèmes, celles-ci basculent malheureusement dans la méfiance, la suspicion, voire la haine les unes vis-à-vis des autres. Une semaine comme celle que nous lançons en ce moment, est une aubaine pour chasser les démons de la division et de la terreur afin que germent les perspectives de développement, facteur d’épanouissement collectif.
Il est donc de notre devoir de créer les conditions d’un retour à nos valeurs séculaires pour réconcilier les communautés, réconcilier l’État et les citoyens, en somme, réconcilier l’ensemble des composantes de notre pays afin de faire émerger une unité nationale plus solide, car ancrée dans les valeurs d’écoute mutuelle et de pardon.
C’est à ce prix que nous pourrions utilement orienter nos énergies ainsi que nos intelligences vers le développement réel de notre Nation. C’est donc dire que la semaine nationale de la réconciliation est celle de toutes les Maliennes et de tous les Maliens sans distinction de localité. C’est la raison essentielle pour laquelle, elle doit rayonner sur tout le pays.
Monsieur le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale,
C’est le lieu et l’occasion pour moi de vous encourager à poursuivre avec abnégation les actions prévues dans la stratégie nationale de la réconciliation et son schéma directeur.
Je suis sûr que la dynamique engagée depuis le début de cette Transition, viendra à bout des forces du mal qui seront mises en déroute partout où ils auront élu domicile sur notre territoire.
Je lance un appel solennel à nos frères des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Le temps est venu de passer à l’union sacrée pour une nation et une armée refondées, bâties sur la volonté commune de ses filles et fils de relever les défis qui sont les nôtres.
Le temps est venu de faire le sacrifice des considérations subsidiaires au bénéfice de l’intérêt supérieur de nos populations et de notre patrie commune. Je ne doute point de votre volonté d’apporter toute votre contribution à l’édification de cette nation, résolument engagée dans une dynamique de refondation. Je ne saurais clore mon propos sans saluer l’engagement constant de tous nos partenaires dans le processus de paix et de réconciliation dans notre pays.
Je fonde donc un grand espoir sur la participation massive de tous les Maliens aux activités de la semaine nationale de la réconciliation afin d’en faire un succès grandiose, aussi bien dans l’ensemble des régions que dans les juridictions de toutes les ambassades du Mali.
Que chacun puise dans ses ressources les plus profondes, afin d’avoir la force de pardonner aux autres en mesure de se faire pardonner, car pardonner, c’est retrouver la paix intérieure, c’est tout simplement vivre en paix.
Ensemble nous ferons le Mali Kura
Vive le Mali uni et prospère dans la paix.
Qu’Allah bénisse le Mali et protège les Maliens.
Sur ce, je déclare lancée la semaine nationale de la réconciliation.
Je vous remercie.