Mgr Philippe Fanoko Kpodzro remet ça ! L’archevêque émérite de Lomé rejette les résultats des législatives du 20 décembre 2018. Pour lui, le scrutin n’est pas de nature à solder la convulsion politique récurrente qui agite notre pays et que le Parlement actuel ne saurait valablement prétendre refléter l’état de l’opinion publique nationale. Le prélat ne rate pas la communauté internationale dont la CEDEAO qui aurait pris le parti du plus fort dans la résolution de la question togolaise. Il invite instamment à la réalisation des réformes constitutionnelles et institutionnelles et réclame à Faure Gnassingbé, la libération des personnes encore en détention en lien avec la crise politique.
Au cours d’une nouvelle conférence de presse tenue mardi à Lomé, le prélat affirme qu’il serait « illusoire de considérer que le souverain peuple en lutte pacifique pour sa libération, puisse envoyer à la Chambre Parlementaire, une majorité écrasante des députés affiliés à une gouvernance qui l’oppresse, le confine dans l’indignité, la misère et semble n’avoir procédé ni aux renouvellements : de son discours, ni de sa pratique politique, ni de ses méthodes de gouvernance politique et économique ».
Pour Mgr Kpodzro, le scrutin du 20 décembre 2018 n’était pas sincère l’insincérité du scrutin parce qu’ayant été marqué par « des méthodes déloyales ». Il dénonce un taux de participation fabriqué, des listes indépendantes montées de toutes pièces et ayant obtenu par effet magique un grand nombre d’élus indépendants.
« En vérité, nous nous retrouvons en présence d’une Chambre Parlementaire quasi monocolore, et cela est un mauvais signal dans le grand projet national de recherche d’une solution consensuelle à la crispation politique qui plombe l’avenir de notre pays le Togo », affirme le prélat.
L’ancien président du Haut Conseil pour la République (HCR) ne rate pas les instances comme CEDEAO, l’ONU, l’UE, l’UA qui n’auraient pas su jouer leur rôle « d’instances d’arbitrages supranationales incorruptibles ». Pour lui, elles ont refusé de dire la vérité et se sont cantonnées « à leurs intérêts égoïstes au grand mépris du sort des populations ».
Invitant la Conférence des évêques du Togo (CET) à s’inspirer du modèle congolais lors des prochaines élections, Mgr Kpodzro indique que l’église est désormais le seul le dernier et unique rempart crédible pour les populations en désarroi du Togo.
L’archevêque émérite de Lomé affirme par ailleurs que le gouvernement issu des élections législatives est la preuve que le pouvoir de Lomé n’a pas intention de concéder une ouverture et compte tout conserver pour lui seul.
Le prélat invite le parti au pouvoir, qui concentre désormais tout entre ses mains, à opérer les modifications constitutionnelles et institutionnelles attendues par le peuple togolais. A ce sujet, il réclame le rétablissement de la version originelle de l’article 59 de la Constitution de 1992.
L’archevêque réclame une répartition équitable des postes de responsabilités au sein de l’administration publique, qui est actuellement « envahie » par certaines ethnies, selon lui. Au sujet de l’armée, il préconise un recrutement sur une base ethnique équilibrée à proportion de l’ensemble des mosaïques constitutives du peuple togolais.
« Cette nouvelle manière de faire doit être étendue aussi bien à la police, la gendarmerie, les représentations diplomatiques du pays à l’extérieur qu’à toutes les sociétés d’Etat et paraétatiques de notre pays », a-t-il ajouté.
A ceux qui lui collent l’étiquette d’opposant et qui l’accusent d’être contre la personne du Chef de l’Etat, l’homme de Dieu affirme n’avoir aucun intérêt à jouer à ce jeu « à la fin de son parcours terrestre ».
« Quel intérêt aurais-je à semer le trouble dans les troupeaux confiés à mon humble personne, par pure grâce, au moment où le grand maître s’apprête à m’en demander des comptes ? », se demande-t-il avant d’ajouter que le Chef de l’Etat est pour lui, « un fils à plusieurs égards ».
Pour la décrispation du climat sociopolitique, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro invite le Président togolais à procéder à la libération des personnes encore en détention, en lien avec la crise togolaise, y compris Foly Satchivi.
Source: Togobreakingnews