À Tombouctou, la MINUSMA, à travers sa Section des Affaires Judiciaires et Pénitentiaires (SAJP), a initié plusieurs actions de renforcement de la sécurité des institutions judiciaires et pénitentiaires. Ces actions ont pour but de soutenir les efforts du Gouvernement malien à rétablir et étendre, effectivement et progressivement, le retour de l’autorité de l’Etat dans la région. Ces activités sont le fruit d’une étroite collaboration de la SAJP de Tombouctou avec la Section Stabilisation et Relèvement de la MINUSMA, ainsi qu’avec la Police des Nations Unies (UNPOL). Ensemble, au cours des deux dernières années, ils ont développé un projet conséquent qui concerne le volet d’appui au renforcement de la sécurité.
Avec le retour progressif des institutions publiques dans le Nord et le Centre du Mali, les autorités étatiques, et plus particulièrement les magistrats, peuvent constituer des cibles sensibles, non seulement en raison de leur qualité de représentants de l’Etat mais aussi parce qu’ils sont en charge de faire appliquer les lois.
Le projet en question, d’une valeur de plus de 318 millions de FCFA est entièrement financé par le Fonds fiduciaire des Nations Unies pour la paix et la stabilisation au Mali, et est destiné aux acteurs de la chaîne pénale de Tombouctou. Il s’agit d’une plateforme constituée notamment de la justice, de la police, de la gendarmerie et de l’administration pénitentiaire. Ce projet vise à favoriser l’amélioration du fonctionnement de la chaîne pénale par le dialogue et est réparti en trois phases.
La première phase concerne l’acquisition et l’installation de matériels destinées aux structures de la justice, de la gendarmerie, de la police et de l’administration pénitentiaire. Il s’agit de plusieurs types d’équipements, parmi lesquels des instruments de sécurité, de communication, d’enquête et de maintien de l’ordre : combinaisons de sécurité, menottes, bâtons de protection, gilets pare-coups, gilet pare-balles ou encore, véhicules banalisés, véhicules d’extraction des détenus, casques, boucliers… Le projet prévoit également l’installation de caméras de surveillance et de systèmes d’alarme au niveau des tribunaux et domiciles des magistrats à Tombouctou, Diré et Niafounké ainsi qu’une sirène d’alarme au niveau de la maison d’arrêt et de correction (MAC) de Niafounké. Les systèmes de vidéosurveillance et les systèmes d’alarme automatique se déclenchent et alertent les institutions sécuritaires pour intervention en cas d’attaque. Le montant de cette donation visant à renforcer les capacités opérationnelles des composantes de la chaîne pénale s’élève à plus de 183 millions de FCFA (183 626 163 FCFA).
La deuxième phase coûte plus de 26 millions de FCFA (26 220 863 FCFA) et entre dans le cadre de la sauvegarde et de la restauration des archives du Tribunal de Grande Instance de Tombouctou. Son but est de restaurer et renforcer les capacités de conservation et de gestion des documents juridiques au sein du Tribunal de Grande Instance de Tombouctou.
Quant à la troisième phase, elle mobilise plus de 115 millions de FCFA (115 966 935 FCFA) et concerne la réalisation de forages, l’électrification ainsi que la sécurisation de ces installations, y compris par l’installation de matériel de surveillance, ainsi que l’électrification et l’approvisionnement en eau potable de la maison d’arrêt et de correction de Tombouctou.
Un sentiment de sécurité des acteurs judiciaires renforcé malgré le problème d’insécurité persistant dans certains cercles
Le projet a permis le renforcement de la sécurité physique des infrastructures et créé un sentiment de sécurité chez les bénéficiaires : « Je me sens maintenant de plus en plus en sécurité depuis que les caméras de surveillances sont installées, même si cette zone est dangereuse, comme vous le savez. Le simple fait même d’avoir des bureaux surveillés permet de dissuader les éventuels malfrats ayant l’intention de faire quelque chose de mal au Tribunal », a ainsi affirmé Seydou Konaté, juge du Tribunal de Tombouctou.
Quelles sont les perspectives pour le court et moyen terme ?
En vue d’assurer une sécurité optimale des institutions judiciaires et pénitentiaires, la SAJP continue à appuyer les acteurs de la chaîne pénale en adoptant une approche beaucoup plus holistique. Ainsi, la Section avait réuni, le 5 décembre 2018, tous les cadres de concertation des acteurs de la chaîne pénale, du Nord et du Centre du Mali, en collaboration avec certaines composantes de la MINUSMA pour travailler sur un canevas d’évaluation des risques et menaces qu’encourent les magistrats dans l’exercice de leurs fonctions.
Pour s’assurer du bon déroulement des activités, des experts de la MINUSMA ainsi que des personnes ressources du cadre de concertation de la chaîne pénale, ont appuyé les magistrats de Tombouctou dans cet exercice. Cela, afin de mieux évaluer les risques encourus par les acteurs judiciaires mais aussi, de suggérer des actions à même de faire face à ces risques ou de les minimiser. Ces actions seront mises en œuvre par la MINUSMA dans la mesure de ses moyens, les priorités de son mandat et par les autorités nationales ou les autres partenaires du ministère de la Justice.
A noter que des mesures à moyen et à long terme sont en train d’être mises en place pour étendre le projet dans les zones non encore couvertes.
Source: 22 Septembre