- N’assassinons pas l’espoir des Maliens et des Africains !
- Tirons les leçons de l’Histoire de notre pays, et de l’Histoire de l’Afrique
- Rappelons-nous du passé pour ne pas commettre les mêmes erreurs !
- Marions intelligence et émotions
- Construisons un Etat et non un pouvoir ou régime personnel
I- Au départ de la tension politique actuelle au Mali
1-Depuis quelques semaines on assiste à des attaques terroristes coordonnées et visiblement planifiées des groupes armés terroristes (GAT), au Mali, dans les autres pays de l’AES, mais aussi dans certains États de la CEDEAO.
Mais avant, comme pour préparer les esprits et les opinions publiques à cette triste évolution des choses, des films documentaires et des études dites stratégiques sont produits et largement médiatisés dans différents organes de presse en direction de l’Afrique. De larges espaces sont réservés dans plusieurs desdits médias, à travers divers « spécialistes » des questions africaines, pour commenter et donner plus de visibilité et d’échos contagieux et défaitistes aux dites prédictions et prophéties mortifères. Selon eux, les GAT seraient en train d’étendre leur toile à toute l’Afrique de l’Ouest, qui serait bientôt un Califat Islamique. Devenant par la même occasion « la caution » de tous ceux qui combattent le pouvoir militaire établi à Bamako. Le tout commencerait par le Mali et les autres pays de l’AES.
2-Comme par hasard, cette situation coïncide avec une période de fortes tensions politiques au Mali entre, d’un côté, les militaires qui dirigent la Transition et, de l’autre côté, la partie la plus significative de la classe politique et de la Société civile. Les uns réclamant une application du droit positif malien, la satisfaction des revendications légitimes du Peuple malien ayant abouti au changement du 18 août 2020, les autres usant des armes, des menaces d’emprisonnement et de la peur savamment distillée pour s’adonner à toutes sortes de gymnastiques politico-juridiques pour s’incruster au pouvoir et confisquer le combat du Peuple malien, exactement comme au début de la Transition malienne entre août 2020 et mai 2021.
3-L’expansion de l’insécurité et du terrorisme qui fut naguère l’une des principales raisons qui ont provoqué le soulèvement du Peuple à travers le M5-RFP, est devenue le justificatif majeur pour imposer l’injustifiable : prendre le Mali en otage, en proclamant la prolongation indéfinie de la Transition « jusqu’à la pacification totale du pays ».
Les terroristes et leurs sponsors et soutiens de tous ordres, ont alors beau jeu de continuer de prolonger et accentuer leur salle besogne, pourraient-ils devenir, par la même occasion, des alliés objectifs du pouvoir militaire établi à Bamako ?
4 – La bipolarisation de la Société malienne entre, d’un côté, les tenants du pouvoir et leurs alliés, largement minoritaires et, de l’autre côté, la majorité des Maliens (de l’intérieur et l’extérieur), profite naturellement politiquement et objectivement, à travers la colère collective sourde des Maliens contre le pouvoir militaire en place, aux terroristes, à leurs sponsors étatiques et alliés (de l’intérieur et de l’extérieur du Mali.)
Ce n’est pas par hasard que le patron du JNIM (GSIM – Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans) appelle opportunément, et avec insistance, à la nécessité du dialogue et à la « formation d’un Gouvernement d’union nationale et de réconciliation, conscients qu’ils ne sont pas en pouvoir de diriger et gouverner seuls, le pays. » Ce disant, il compte sur l’appétit glouton de certains acteurs politiques qui pensent (je crois à tort !) qu’on ne peut être utile à son pays qu’en étant ministre dans un Gouvernement (n’importe lequel !)
5- Certains acteurs et commentateurs dans les médias, nationaux et internationaux, justifient leurs critiques contre le Gouvernement de Transition, en prétextant que dans plusieurs localités, les populations sont actuellement obligées, pour survivre en sécurité, de conclure des Accords locaux avec les terroristes, ou que le terrorisme et l’insécurité sont étendus à l’ensemble (100 %) du territoire national.
Ce n’est pas la première fois ! Les Africains, crédules et enthousiastes, voire naïfs, furent plusieurs fois ainsi trompés, trahis puis « roulés dans la farine ! »
Visitons brièvement l’Histoire.
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II – Du dépeçage de l’Afrique aux années d’indépendance
6 – Déjà, à la suite de la Conférence de Berlin sur le partage (en fait le dépeçage) de l’Afrique, entre novembre 1884 et février 1885, les grandes puissances colonisatrices, la France et l’Angleterre, pour faire ensemble, face à l’hégémonie prussienne qui ne cessait de s’affirmer sous la conduite du Chancelier Otto Von Bismarck, se sont données la main. Aussi, se sont-elles mises d’accord sur une Convention délimitant leurs zones d’influence respectives en Afrique. Un Protocole fut signé dans ce sens le 05 août 1890.
7 – C’est le lieu également de rappeler que les principales conclusions et l’acte final de cette Conférence de Berlin étaient, d’une part, de régulariser la navigation sur les deux grands fleuves, que sont le Niger et le Congo et , d’autre part : pour la France, il s’agissait d’accomplir sa mission civilisatrice; et pour l’Angleterre, il s’agissait d’apporter les 3 C (christianisme, civilisation, commerce); le Roi des Belges ayant, lui, obtenu le Congo (l’actuelle RDC- République démocratique du Congo) comme propriété privée.
Il n’était alors, nulle part, question d’agression coloniale, de colonisation.
8 – Par ailleurs, en prélude à la conquête coloniale de ce qui s’appellera plus tard le Soudan français, puis la République du Mali, les français ont, souvent et d’abord, envoyé des missions pacifiques d’exploration, parmi lesquelles l’une des plus connues est celle conduite par le lieutenant de Vaisseau Hourst. Par lettre du 22 août 1895, il reçoit de la part du Ministre français des Colonies, Émile Chautemps, les précisions sur sa mission. L’objectif est triple, Il s’agit, dans un premier temps, de mener des reconnaissances de la vallée du Niger, ensuite d’amasser le plus de renseignements possibles sur la région explorée, et, enfin, d’entrer en contact avec les Chefs locaux et nouer avec eux des Accords sanctionnés par la signature de Traités.
9 – Au finish, à l’arrivée, les dirigeants des puissances colonisatrices, après avoir violé tous leurs engagements souscrits librement, paroles données et intentions pacifiques énoncées au départ, vont se retrouver en train de procéder à de véritables opérations d’agression et d’occupation coloniale, si nécessaire par des manœuvres dilatoires ou par la force des armes (j’éditerai bientôt un ouvrage sur la question !, In Shâ Allah)
10 – Après plus de soixante-dix (70) années d’occupation coloniale, avec des résistances et des soulèvements permanents, multiples et diverses dans plusieurs régions, et de différents groupes ethniques, surviennent les deux Guerres mondiales de 1914-1918 et 1939-1945.
A l’a suite de ces deux guerres, et singulièrement à l’issue de la Seconde Guerre mondiale de 1939-1945, qui fut une véritable Guerre de libération des peuples du monde, du fascisme et du nazisme, promesse fut faite aux Africains, qui y ont cru, ont rêvé et espéré, en fin, d’accéder à de véritables indépendance et souveraineté nationale.
11 – Aussi, d’abord à travers les mouvements syndicaux, ensuite à travers les partis politiques et rassemblements pour l’émancipation et l’acquisition de l’indépendance et de la souveraineté africaines, comme promis par les puissances européennes pendant leur lutte contre les nazis et les fascistes, certains pays, parmi lesquels on peut citer le Mali, ont accédé, d’abord à l’autonomie interne, puis à l’indépendance (« octroyée » !), suite à des négociations.
III- Des années d’indépendance à la « démocratie »
12 – Au lendemain des Indépendances, partout en Afrique, les premiers dirigeants des partis sortis victorieux d’élections pluralistes, sont devenus Chefs d’Etat et « pères fondateurs » des nouveaux États indépendants.
Les populations africaines, ont accueilli ces indépendances partout avec enthousiasme, espérance et un grand espoir d’un avenir radieux.
13 – Malheureusement, quelle ne fut pas leur surprise de voir, partout, éliminer les partis concurrents minoritaires, et imposer des partis uniques monolithiques, quelle que soit par ailleurs l’orientation politique, de gauche ou de droite, quel que soit le camp choisi pendant la Guerre froide entre l’Est et l’Ouest.
Les syndicats et la presse, les syndicalistes, les patrons de presse furent inféodés, obligés de s’exiler ou ont subi des disparitions forcées.
Point liberté de presse ni de multiples syndicats libres.
Le résultat est, partout en Afrique, le pouvoir absolu des partis uniques.
14 – Le prolongement fut ensuite, la baisse drastique des prix de principales matières premières produites en Afrique et dont les prix sont fixés à Londres, Paris, Washington, etc. C’était la manipulation des termes de l’échange. Avec comme conséquences immédiates, les Programmes d’ajustement structurels (PAS), les interventions intempestives du FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale, les crises économiques et sociales, et la série de coups d’Etat qui s’en suivent, avec reconstitution de nouveaux partis uniques.
15 – Plus de trente ans plus tard, l’Afrique se voit imposée, à marche forcée, à travers des rébellions, de minorités politiques ou sociologiques, ou à travers des manifestations violentes, orchestrées par les élites politiques minoritaires pressées d’accéder au pouvoir, qui sont elles-mêmes instrumentalisées, la démocratie « à la carte ».
Ces minorités, très actives, furent soutenues et financées par certains pays dont les anciennes puissances colonisatrices, les mêmes qui avaient organisé et piloté un siècle plus tôt la Conférence de Berlin et le partage de l’Afrique ; les mêmes qui avaient été sauvées du fascisme et du nazisme grâce à l’apport des peuples colonisés ; les mêmes qui avaient « octroyé » les Indépendances, à travers ou à la suite de négociations.
IV – De la « démocratie » aux rébellions, à l’instabilité et au terrorisme
16 – Sous le couvert de la démocratie, marinée à la fraude électorale à grande échelle et systémique, grâce à la manipulation des masses populaires, de la Jeunesse et d’une partie de l’intelligentsia, grâce à la corruption des élites politiques et militaires et grâce aux médias créés pour la cause, ces minorités sont portées au pouvoir.
Au bout de trente ans de «démocratie», les résultats sont catastrophiques pour les populations africaines, singulièrement dans les pays francophones : guerres civiles avec des milliers, voire des millions de morts, maladies diverses et épidémies, famines, entassement de populations démunies dans les camps de réfugiés, coups d’Etat à répétition, déstructuration des systèmes éducatifs, désorganisation et destruction des Forces de défense et de sécurité, désarticulation et destruction des États et des Nations.
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V – De l’expansion du terrorisme au Mali, au Sahel et en Afrique
17 – J’avais déjà exposé cette dernière partie de mon analyse, le 11 novembre 2021, quand je recevais les Chefs traditionnels et Légitimités traditionnelles du Mali en tant que Premier ministre. A la suite de cette prise de position, certains acteurs politiques se réclamant des événements de mars 1991 au Mali (ce qui est communément appelé le Mouvement démocratique ), ont battu le rappel des troupes, pour crier à la provocation et au blasphème de ma part. Lesdits acteurs, sans prendre la peine de lire le texte, qu’ils soient du M5-RFP ou de l’opposition au Gouvernement de Transition, se sont tous mobilisés, comme pour chasser en meute; ils ont tous affirmé sans aucune preuve et répandu que « Choguel s’est attaqué au Mouvement démocratique malien et le dénigre. C’est un partisan de la dictature. Il nous divise. Il est clivant. Il faut le combattre et le faire tomber. »
Cette contre-vérité́ a été répétée tellement de fois que plusieurs personnes et acteurs politiques y ont cru fermement. Cette campagne de propagande et d’intoxication était d’autant plus facile à accepter et faire véhiculer, que je répétais fréquemment que, d’une part, les élections ne sont pas une fin en soi pour clôturer la Transition, sans s’attaquer aux problèmes de fond qui ont justifié sa survenue, sans s’attaquer aux causes profondes de l’insurrection, et que, d’autre part, je ne peux accepter d’être associé, au nom d’une unité nationale factice et une réconciliation de façade, avec des hommes politiques (qui sont connus et se connaissent !) qui ont organisé le détournement de centaines de milliards de FCFA, des montants destinés à l’équipement des FAMa. Je répétais ainsi fréquemment la phrase « An Be Do Da Kelen Fè, An Be Malien, Nga An Te Bo Da Kelen Fè » (Nous pouvons rentrer par la même porte, parce que nous sommes tous des Maliens, mais nous ne sortirons pas par la même porte). Il s’agissait pour moi de me concentrer sur les faits et propositions, pas sur ma personne.
Les vrais (et irréductibles !) adversaires de la Transition, ont pris ces propos pour dire et répéter à sassieté que : « C’est Choguel qui a soutenu et défendu les militaires au début de la Transition, si à présent il se sent trompé et trahi, c’est son problème, c’est bien fait pour lui. »
Cet argument spécieux se trouve renforcé (et « prouvé ») par mes propos dans lesquels je traite les militaires de « Monè Bo Denw ».
Ce disant, ils font exprès de mélanger les choux, les carottes et les chèvres, en se basant sur l’extension actuelle du terrorisme sur toute l’étendue du territoire national et sur les accords locaux signés par les populations avec les GAT, pour affirmer et soutenir que « la Transition a échoué ».
VI – Ma position de principe : avant les élections et l’instauration du système démocratique électorale, il faut au préalable avoir un État
18 – Ici, je dois préciser à l’attention de tous : en 2021, à la Rectification de la Transition, à notre arrivée à la Primature, l’Etat du Mali n’existait que dans la partie sud du pays, juste pour les apparences. Au Centre et surtout au Nord (Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka, Taoudéni), l’Etat du Mali n’existait pratiquement pas.
Par exemple, pour aller au Nord du Mali, le Président de la République, le Premier ministre et d’autres Ministres ou personnalités officielles, ne pouvaient se rendre à Kidal, sans l’accord des terroristes et de la France, et sans payer de grosses sommes d’argent (de véritables rançons). Nous n’avions pas un État unitaire. L’autorité de l’Etat ne s’exerçait que dans certaines villes et dans la capitale Bamako.
La dernière visite d’Autorité du Ministre chargé de la Défense, Sadio Camara, le 23 mai 2025 à Kidal, celles, auparavant de plusieurs membres de la hiérarchie des FAMa, à Kidal ; la présence d’un Gouverneur et des FAMa sous Commandement de la hiérarchie militaire malienne, sont des preuves éloquentes de la présence de l’Etat sur l’ensemble du territoire national du Mali.
19 – L’extension du terrorisme et la lutte contre les GAT, constituent sans nul doute une des préoccupations majeures pour l’Etat malien. Mais ceci est une autre question, un autre combat, une guerre asymétrique, de longue haleine, car les GAT sont équipés, armés et entretenus par des sponsors étatiques ; ils s’appuient également sur d’autres soutiens, étrangers et locaux.
Donc, prendre cela comme argument (ou prétexte) pour exiger des élections immédiatement, ou renverser le pouvoir en place, c’est, à mon avis, un argument léger et spécieux.
20 – Supposons, comme hypothèse, que le pouvoir actuel dirigé par les seuls militaires, tombe. Qu’il soit renversé à la suite de la division des forces politiques et sociales véritablement acquises au changement, ou des actions terroristes ? Qu’adviendra-t-il ? Quelle sera la suite ? Assurément, il y aurait le désordre et le chaos.
En prime, le patron du JINM (ou GSIM), serait blanchi, comme récemment dans un pays du Moyen Orient, et installé comme Président de la République à Koulouba. Il ne lui resterait plus qu’à composer et collaborer avec certains acteurs (soutiens locaux), puis être reçu avec tous les honneurs et tapi rouge dans certaines grandes capitales de pays et États qui sponsorisent et soutiennent les terroristes et leurs alliés.
Ce n’est pas par hasard qu’à la même période pendant laquelle ont lieu les attaques terroristes massives, bien coordonnées et organisées sur l’ensemble du territoire national du Mali, ainsi que dans les autres pays de l’AES, les Chefs terroristes et le porte-voix de leurs sponsors étatiques, appellent au dialogue et à la composition d’un Gouvernement d’union nationale et de réconciliation.
Ils font appel aux peuples du Sahel ; ils appellent à une large coalition avec tous les Opposants à la Transition militaire actuelle (ceux qui sont réduits au silence par les emprisonnements, la peur, le sentiment de trahison, le découragement et la déception, la dissolution des partis politiques).
Or nous savons par expérience, depuis mai 2012, que certains acteurs publics, ici au Mali, sont prêts à collaborer (en se compromettant) avec les terroristes alliés au MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad), les communications téléphoniques de cette période pourront faire foi !
21 – Voilà pourquoi, moi, Choguel Kokalla Maïga, je rejette formellement et catégoriquement, les négociations avec les GAT et les appels de certains acteurs publics (de l’intérieur et de l’extérieur) au renversement des autorités militaires actuelles de la Transition.
Je répète que malgré la complexité de la situation et les déceptions que le pouvoir actuel fait subir au Maliens, en trahissant ses engagements initiaux et serment (engagements d’ailleurs répétés plusieurs fois, après les premières prises de parole et lors du premier communiqué de l’ex-CNSP).
Nous ne devons pas perdre de vue le triste exemple de ce pays africain qui, ayant procédé à un changement de pouvoir à la suite de manifestations politiques populaires en 2019 pour l’instauration de la démocratie, est aujourd’hui plongé dans une guerre destructive entre les Chefs militaires, après avoir évincé la composante politique civile de la Transition.
Ces Chefs militaires ont plongé leur pays dans une guerre interminable, leur pays est détruit, les forces actives de la société sont neutralisées ou exilées !
Ces militaires sont eux-mêmes réduits aujourd’hui à chercher des alliés et soutiens à l’extérieur et se font manipuler par les puissances étrangères, qui profitent de la guerre et du désordre pour piller les ressources minières du pays. Ce beau pays se trouve ainsi détruit à cause des ambitions personnelles de certains militaires !
Que Dieu préserve notre Mali d’une telle catastrophe, que rien ne justifie, sauf la soif inextinguible de pouvoir de certaines autorités et de leurs conseillers occultes.
22 – Je le répète et j’insiste, les terroristes doivent être combattus, avec détermination et suite, sans concessions et sans faille, le temps qu’il faudra prendre, jusqu’à les affaiblir, faire comprendre aux séparatistes et à leurs alliés terroristes et sponsors étatiques et soutiens divers, qu’ils n’obtiendront pas gain de cause par les armes, ensuite seulement, négocier en faisant parallèlement les réformes nécessaires et utiles pour préserver l’Etat unitaire du Mali.
23 – Je dois en même temps, préciser ici, que cette stratégie de la peur (du chaos et de l’emprisonnement), ne donne nullement le droit ou une licence aux tenants du pouvoir au Mali, de faire les dérives auxquelles ils s’adonnent actuellement, et que j’ai largement abordé dans ma tribune du 27 juin 2025.
Ils sont en train de créer, construire et consolider leur pouvoir personnel, au lieu de construire et consolider l’Etat malien. Un Etat, ce sont des règles, des lois et règlements pour tous, et que tout le monde doit respecter. On ne fait pas ce qu’on veut parce qu’on a la force des armes ! On ne change pas les règles du jeu au cours du match : la Charte de la Transition a subi plusieurs modifications, depuis son élaboration originelle par le M5-RFP en juillet 2020, utilisée par l’ex-CNSP, par les autorités de Transition à la suite de la Rectification, et par l’actuel pouvoir militaire; la Constitution de juillet 2023 a commencé à être appliquée dans plusieurs de ses dispositions, avant même les élections, alors même qu’elle concerne les institutions supposément issues d’élections.
Nous devons également prier et avoir une pensée pieuse pour toutes les victimes civils et militaires de cette crise imposée au Mali.
Rappelons-nous singulièrement des victimes des 10, 11, 12 juillet 2020. Leur mémoire ne doit jamais être oubliée. Plus qu’hier, leur sacrifice nous rappelle le combat pour une justice égale pour tous les citoyens.
Que dire des engagements souscrits et des déclarations publiques, archivées, de 2020, 2021, 2023, de certains dirigeants actuels du Mali ?
A présent que le Mali a recouvré l’intégralité de son territoire, l’attribution dolosive, en l’absence de tout consensus national, en l’absence de tout débat entre les forces politiques et sociales significatives véritablement acquises au changement, d’un mandat de cinq ans renouvelable, « jusqu’à la pacification du Mali », ne cesse d’intriguer et d’interpeller : à quand la « pacification totale du Mali » ?
Pour parler avec ironie et gravité, la pacification totale du Mali se fera, le jour où les autorités de la Transition, les terroristes et la fameuse (et fumeuse) Communauté internationale, se mettront d’accord pour arrêter cette guerre imposée au Peuple malien depuis plus de trente ans.
Pour qui les tenants du pouvoir prennent-ils les Maliens ?
N’assassinons pas l’espoir des Maliens (et des Africains) !
Ça me rappelle le cas de ces deux pays (l’un est pays européen, l’autre est un pays africain), qui se disent tous les deux amis du Mali, mais qui ne s’entendent jamais entre eux, sauf quand il s’agit de nuire au Mali, à l’unité, la réconciliation et la concorde nationales de notre pays.
24 – C’est pourquoi, par devoir citoyen et en tant qu’ancien Premier ministre, dès le 27 février 2025, par courrier j’ai attiré l’attention des autorités militaires de la Transition sur le fait que ceux qui dirigent les travaux du Dialogue Inter-malien(DIM), « sont entrain de dévier de l’objectif initial, qui était l’élaboration d’un Accord inter-malien, comme alternative à l’Accord pour la paix et réconciliation nationale issu du processus d’Alger (APR), devenu caduc dès lors que certains Mouvements signataires se sont compromis et ont dévoilé leur vraie nature, en assumant officiellement et publiquement des actes terroristes comme l’attaque du Bateau-Tombouctou, le 07 septembre 2023.
Ainsi, il était question de réunir autour d’une même table, dans le cadre d’un Dialogue inter-malien (entre Maliens de divers horizons) tous les compatriotes restant attachés à la paix et à la réconciliation, notamment les Groupes armés non terroristes restés fidèles au Mali ainsi que les représentants, des Organisations représentatives des autres Régions du Mali et de la Société civile qui, pour diverses raisons, n’avaient pu participer aux négociations ayant abouti à la conclusion du précédent Accord.
De cet objectif initial noble et partagé par tous les Maliens de bonne foi, j’observe un glissement dangereux vers l’élaboration d’un « nouveau référentiel », qui occulte et délégitime les Assises Nationales de la Refondation (ANR) qui, tout de même, ont mobilisé dans une transparence totale 84700 Maliens, de l’intérieur et de la diaspora, et dont les 13 Thématiques ont été élaborées au cours d’une Table ronde, qui a aussi réuni 850 participants.
Ce faisant, le nouveau document, qui est un véritable catalogue de définitions, de formulations et d’affirmations académiques dont l’objectif final est purement et simplement de réécrire l’histoire de la Transition. Tous les efforts et sacrifices consentis par le Peuple malien et les vaillantes FAMa, de 2021 à 2023, sont occultés, si non passés sous silence ou sont passés par pertes et profits, noyés dans une littérature professorale spécieuse, qui ne trompe que les moins vigilants et les non avertis.
Par ailleurs, il faut relever, pour s’en étonner, que les documents soumis, en même temps qu’ils ne font aucune référence aux ANR, consacrent une large place à la Conférence d’Entente Nationale (CEN) issue de l’application tardive de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger (aujourd’hui caduc) et au Dialogue National Inclusif (DNI) dont la non mise en œuvre des résolutions a justement conduit à la crise postélectorale et sociopolitique de 2020 ayant abouti au changement de régime.
D’ailleurs, la Thématique N°9 des ANR est pertinemment intitulée «Paix, Réconciliation et Cohésion sociale- Appropriation de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger – Démobilisation – Désarmement – Réinsertion», et les références à l’Agence de Gestion des Réparations en faveur des Victimes des crises (AGRV), à la création du Centre pour le promotion de la Paix et de l’unité (CPU) et à la Semaine Nationale de la Réconciliation (SENARE) sont toutes issues de la mise en œuvre des recommandations desdites ANR.
En somme, tous les ingrédients du retour en force, sous d’autres formes, de l’ordre et du système anciens y sont réunis.
En effet, les débats publics enclenchés ces dernières semaines ne cessent d’intriguer : que veulent au juste les Autorités de la Transition et où veulent-elles conduire le Mali ?
Ma contribution à ce débat, est de s’en tenir strictement à ce qui était attendu et espéré par les Maliens dès le départ : élaborer un Accord Inter-maliens, sans interférences extérieures.
Il s’agit de revenir aux fondamentaux du changement de paradigme, conformément à la vision du Mali nouveau, du Mali Kura : bannir les traitements privilégiés dans le processus de paix et y associer tous les Maliens au même titre. »
VII – La vérité sur la démission du Président Ibrahim Boubacar Keita
25- On entend beaucoup de personnes, ici et là, certainement par ignorance des dessous de différentes démarches effectuées par le Comité Stratégique du M5-RFP sous ma direction, avant le 18 août 2020, pour obtenir une Transition en douceur, et éviter à notre pays, une rupture de l’essentiel de l’ordre constitutionnel, en préservant la clé de voûte des Institutions, le Président de la République.
Et c’est pourquoi, je me fais un devoir de rappeler, ici, et pour rafraîchir la mémoire de ceux qui l’auraient oublié, que, initialement, le Comité Stratégique du M5-RFP, au regard des défaillances notoires dans la gouvernance du pouvoir défunt, avait produit un Mémorandum dans lequel il a été proposé au Président Ibrahim Boubacar Keita, de renoncer à exercer la totalité du pouvoir d’Etat, mais de se contenter des principales prérogatives du Président de la
République, clé de voûte des Institutions, qu’il doit préserver. Ainsi, la gouvernance du Mali se ferait conformément aux revendications majeures du Peuple malien, portées par le M5-RFP. A ce titre, il avait même reçu en audience, le Comité Stratégique du M5-RFP le dimanche 05 juillet 2020 à sa Résidence à la Base. Ce jour-là, j’ai personnellement conduit cette délégation de l’Opposition, et j’y avais pris la parole pour exposer la situation dans laquelle se trouvait notre pays et les pistes de solutions.
Il a également été reçu, accompagné de son Premier ministre Boubou Cissé, par l’ancien Président Moussa Traoré en même temps que le Président du Comité Stratégique du M5-RFP en compagnie de l’Imam Mahmoud Dicko. Les discussions ont porté essentiellement sur le situation politique du Mali, sur les défaillances notoires de la gouvernance du pays.
J’ai ensuite fait, personnellement et devant un témoin vivant encore, responsable politique de son parti, une démarche ultime auprès d’un de ses ex-ambassadeur, un conseiller influent et écouté, afin que le Président Keïta pose des actes d’apaisement. Mais rien n’y fit !
C’est face à son refus obstiné de faire les concessions nécessaires et utiles, que l’exigence de sa démission pure et simple a été remise sur la table et mise à l’ordre du jour par le M5-RFP.
D’ailleurs, d’anciens Chefs d’Etat du Mali, lui avaient même suggéré de faire les concessions qui s’imposaient pour préserver la paix et l’unité du Mali. En vain !
26 – Dans ma tribune du 27 juin 2025, « Répondons à l’appel du Mali !», j’ai exposé les grandes lignes politiques, doctrinales et stratégiques de mes prises de positions actuelles.
Malheureusement, et comme d’habitude, différents acteurs politiques et certains responsables de médias, au lieu de lire en profondeur la totalité du texte et de chercher à comprendre ma pensée, se sont limités à une lecture superficielle, en diagonale et biaisée. La colère, la rancœur et la soif de vengeance et de règlements de comptes contre Choguel, la rente mémorielle des événements de mars 1991, ont pris le dessus dans leurs raisonnements et répliques. Toutes choses qui sont en principe contraires à l’attitude normale d’intellectuels se prétendant être des républicains. Ils ont préféré mettre l’émotion au-dessus d’une lecture intelligente et sereine de la situation. Ce qui les caractérise, c’est que ce sont tous des adversaires résolus, déterminés et acharnés du changement de pouvoir, dès le départ le 18 août 2020 et surtout depuis le 24 mai 2021, avec comme circonstance aggravante pour eux, la nomination de Choguel au poste de Premier ministre le 07 juin 2021.
27 – Pour justifier leurs diatribes (souvent des insultes grossières), leurs « arguments » sont multiples et variés : « Choguel ne doit pas parler maintenant car c’est lui qui a fait que les militaires se sont accaparé du pouvoir d’Etat ; c’est lui qui les encensait dans ses discours ; c’est lui qui leur a donné le courage de s’imposer aux Maliens, sinon au départ les militaires voulaient une courte Transition ; l’organisation des
ANR par Choguel est à la base de tous les problèmes du Mali ; Choguel a joué, il a perdu, donc il doit se taire ; il est le responsable de tous les malheurs qui frappent le Mali aujourd’hui ; il était complice de l’arbitraire exercé par les militaires sur les Maliens ; il doit mourir politiquement ; Choguel doit choisir son camp : soit il est avec le Peuple, soit il est avec Assimi et les militaires ; etc. »
28 – Ainsi tout effort de réflexion ou de saine contribution de la part de Choguel est suspecté d’intentions cachées.
Tous sont préoccupés par le pouvoir à exercer tout de suite ; personne n’a le souci de la permanence de l’Etat et du devenir du Mali. Ils sont tous obnubilés par l’exercice immédiat du pouvoir d’Etat ; comme si on ne peut être utile à sa patrie qu’en occupant des postes dans le pouvoir politique en place.
Malheureusement, le comportement des tenants du pouvoir, apporte chaque jour, et régulièrement, de l’eau à leur moulin. Chacun gère son agenda personnel à court terme, oubliant que seul l’agenda de Dieu s’imposera in fine, inexorablement !
VII – Concernant la France
29 – Il est fréquent d’entendre de la part des adversaires de la Transition, que le Mali est isolé. Cette affirmation est loin de la vérité. Le Mali, depuis l’avènement de la Rectification, sur les directives du Président de la Transition, collabore avec tous les pays du monde qui accepteraient les principes désormais fixés dans l’article 34 de notre nouvelle Constitution de 2023 : « L’action publique est guidée par les principes fondés sur le respect de la souveraineté de l’Etat, les choix souverains du Peuple et la défense de ses intérêts »
Il faut donc rappeler, ici, que ce sont d’abord les autorités françaises, notamment le Président Emanuel Macron, qui n’ont pas accepté les nouvelles autorités de la Rectification et qui ont refusé de digérer l’avènement de celle-ci. En effet, c’était au lendemain de la mise en place du nouveau Gouvernement, en juin 2021, que les autorités françaises, ayant échoué dans leur tentative de désigner, à la place des Maliens, les Chefs des institutions de la Transition (Président de la Transition, le Premier ministre et le Président du CNT), ont unilatéralement décidé de retirer et de redéployer leur Force militaire Barkhane, installée sur notre territoire. Le Mali en a été informé à posteriori, et sans coordination préalable ! La France nous « a abandonnés en plein vol », et le Mali s’est assumé.
D’ailleurs, on se rappelle les propos du même Emanuel Macron, disant que « le Gouvernement de Ba Ndaou a pu réaliser en trois mois, ce que Ibrahim Boubacar Keita n’a pu faire en sept années passées à la tête de l’Etat malien. »
Elle a ensuite instrumentalisé la CEDEAO contre le Mali. En vain. J’ai largement développé ce sujet dans une tribune que j’ai publiée récemment à l’occasion de l’anniversaire de la création de la CEDEAO, c’était le 09 juin 2025.
La France a ensuite entraîné l’Union Européenne (UE) et d’autres Organisations internationales dans un ostracisme et une politique à géométrie variable vis-à-vis des autorités de la Transition au Mali et des coups d’Etat en Afrique.
Par ailleurs, les investigations de plusieurs hommes publics maliens montrent que plus de 75 % des postes critiques de responsabilité de la MINUSMA, sont occupés par des personnalités de nationalité française, alors que cette mission est censée être de dimension multinationale.
Après, près d’une décennie de présence au Mali, la MINUSMA et l’Opération Barkhane, n’ont pas donné les résultats escomptés, au contraire. Sans compter les cas de l’Opération Takuba, dans le cadre de laquelle certains partenaires voulaient juste transformer la Région de Ménaka, en une base d’entraînement des Forces spéciales de certains États européens, et ce en violation de la souveraineté du Mali. Ne parlons pas du G5-Sahel qui était instrumentalisé par la France suivant ses seuls intérêts et vision.
La suite et les conséquences sont désormais connues de tous.
Faisons attention a ne pas atteindre le point de non-retour ! que Dieu nous en garde !
Que Dieu protège et préserve le Mali et les pays de l’AES.
Bamako, le 12 juillet 2025
Choguel Kokalla Maïga
Ancien Premier ministre