Dr Choguel Kokalla Maïga a regretté le comportement de l’Algérie, chef de file de la Médiation internationale, « qui a sapé sa crédibilité et son autorité de médiateur impartial dans la gestion d’une série d’actes ». Parmi ces actes, il y a « l’accueil sans concertation ou notification préalable» par le Président algérien, de citoyens maliens subversifs et de citoyens maliens poursuivis par la justice malienne pour actes de terrorisme ; l’existence en Algérie de bureaux de représentation de certains groupes signataires devenus des terroristes ; la volonté de l’Algérie de maintenir le régime de sanctions de l’ONU contre le Mali.
GRANDE GUEULE UNE

Tribune de l’ancien PM Choguel : ‘’ Répondons à l’appel du Mali !’’

Dans une tribune intitulée ‘’ Répondons à l’appel du Mali !’’, datant du 27 juin 2025, l’ancien Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga lance un cri de cœur appelant à redoubler de vigilance, de stoïcisme et de résilience, et à gouverner par l’exemple et la vertu, suivant la volonté du peuple et les lois du pays. « N’abusons jamais du pouvoir », avertit-il. Voici la tribune in-extenso.

Répondons à l’appel du Mali !

Le cri de cœur de l’ancien Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga

  • Redoublons de vigilance, de stoïcisme et de résilience !
  • Gouvernons suivant la volonté du peuple et les lois du pays !
  • Gouvernons par l’exemple et la vertu !
  • N’abusons jamais du pouvoir !
  • Ne composons jamais avec les puissances ennemies et les terroristes contre notre patrie, le Mali !

La situation dans notre pays, le Mali, se détériore de jour en jour.  En tant que fils de ce pays ayant assumé de hautes fonctions, je me sens interpellé. J’éprouve des craintes pour mon pays, pour notre pays, le Maliba. Je me sens donc, moralement, obligé d’intervenir pour apporter ma modeste contribution. Un nombre de plus en plus élevé de citoyens, parmi les couches les plus diverses et variées de la population, notamment parmi celles qui ont créé les conditions de l’avènement des autorités de la Transition à travers la lutte héroïque portée par le M5-RFP en 2020, parmi celles qui l’ont soutenu ou accompagnée, au prix de sacrifices et de résilience (citoyens lambda à faibles revenus, opérateurs économiques, intellectuels, fonctionnaires, paysans, éleveurs, pêcheurs, ouvriers, femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, des villes et des campagnes, de l’intérieur ou résidents à l’étranger ), y compris au prix du sacrifice ultime de plusieurs éléments des FAMa (Forces armées maliennes), au prix du renoncement à un certain confort de vie, se sentent chaque jour désorientés, désabusés, trompés ou même trahis.  N’ayons pas peur des mots, « pour ne pas aller en prison », comme le répètent des Maliens de tous les milieux et de toutes conditions, si nous voulons construire, orienter, mener notre Mali vers la destination que le Peuple avait choisi lors des soulèvements du M5-RFP. Il faut juste avoir le courage de dire ce qui est nécessaire. Ce faisant, il y a lieu de faire la différence nette, et avec discernement, entre la propagande, la publicité mensongère, l’intox, les outrances verbales et ce qu’il est utile de dire (quand, où, pourquoi et dans quels termes) et la vraie communication politique, pour enfin saluer ce qui semble être bon et utile pour la Nation. La grande Histoire du Mali, l’Histoire de chacun des pays de l’A.E.S., nous rappelle sans cesse, que les Peuples africains et du monde, épris de paix, de liberté, de dignité et d’indépendance véritables, nous ont confiés la mission de ne pas « trahir notre devoir de génération ». Parlons concrètement de la situation au Mali.

1- Par un heureux hasard de circonstances, notre pays, le Mali, grâce à la lutte patriotique et héroïque menée sous l’égide du M5-RFP, lutte parachevée par des éléments des Forces armées et de Sécurité du Mali (FAMa), a été le précurseur de la prise de conscience de la situation des États du Sahel dans leur guerre contre le terrorisme. C’était en 2020-2021.

2- En fait, ce rôle précurseur n’est pas l’apanage des seuls Maliens. De longue date, les Africains s’impatientaient pour amorcer cette phase décisive de leur combat pour atteindre une émancipation et une indépendance véritables, à la suite de celles octroyées dans les années soixante par les anciennes puissances coloniales. Les concours de circonstances historiques ont fait que ce soit à notre pays, le Mali, qu’il incomba la responsabilité de tirer les premières salves, de poser les premières balises dans cette lutte ardente et de longue haleine. Au départ, nous, Maliens, étions seuls, contre tous : les ex-colonisateurs et leurs alliés, y compris à l’intérieur du Mali et en Afrique (hommes politiques, Chefs d’État de la CEDEAO et de l’UA). Grace à Dieu, nous avons tenu face à tous les vents contraires, à toutes les tempêtes de sable, à tous les cercles de feu, et ce, grâce au soutien indéfectible et à la résilience de l’écrasante majorité des Maliens, grâce aux sacrifices et aux succès des FAMa sur le théâtre des opérations militaires, grâce à la coopération fructueuse et sincère avec de nouveaux partenaires stratégiques, grâce aussi à la solidarité et à la sympathie des autres peuples frères africains. C’est le lieu de rappeler ici, les grandes marches de solidarité avec le Peuple malien, organisées par des Jeunes Panafricanistes en 2022, notamment sur les trajets Dakar-Bamako et Conakry-Bamako.

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3- Nous, Maliens, y avons fait face, avec un succès qui sera incontestablement inscrit dans les annales de l’Histoire. Notre pays était chanté partout, en Afrique et dans le monde ; les noms de ses dirigeants chantés partout ; la voix du Mali raisonnait partout et tous les Africains, avec fierté et espoir, se disaient « être Maliens ». Le flambeau d’une Afrique fière, debout, marchant la tête haute dans le concert des Nations, ce qui était le rêve des pionniers de l’indépendance, semble, cette fois-ci, être tenu par des mains fermes, justes, le regard d’acier résolument chevillé et orienté sur l’avenir avec une grande espérance. Plusieurs Africains « voulaient détenir la nationalité malienne » !  Quelle fierté et quel honneur pour nous Maliens ! Nous suscitâmes un peu partout l’espoir des populations, dans la CEDEAO et dans toute l’Afrique. Tous, y compris les Africains de différentes nationalités qui travaillent dans les différentes Organisations internationales, se disent : « Enfin, l’Afrique se réveille ! » Partout, en Afrique et ailleurs, dans les médias et réseaux sociaux, dans toutes les conversations, c’était l’espoir, l’espérance et l’allégresse, et tous se disaient : « Cette fois-ci doit être la bonne ; le Mali n’a pas le droit à l’erreur, ni à l’échec, car il constitue l’espoir, la torche lumineuse qui éclaire le chemin pour tous les Africains, surtout après les grandes espérances et les désillusions, voire les déceptions des années postindépendances ».

4- Plus tard, nous sommes rejoints, avec bonheur, par nos frères du Burkina Faso et de la République du Niger. Nous formons l’A.E.S. (la Confédération des États du Sahel). Nous décidons de quitter la CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest) pour les raisons que j’ai largement exposées dans une de mes précédentes tribunes. En mettant sur pied l’A.E.S., nos dirigeants ont, délibérément et de façon visionnaire, décidé de commencer par une CONFÉDÉRATION (non une Fédération). Ce faisant, ils ont tiré, et de façon heureuse, les leçons de l’échec des précédentes tentatives d’union au moment des indépendances dans les années 1960 (Fédération Dahomey-Haute Volta-Soudan-Sénégal ; Fédération Soudan-Sénégal ; Fédération Ghana-Guinée-Mali). Nous, pays de l’A.E.S., avons pu coordonner, voire unifier, nos Forces de Défense et de Sécurité, nos voix sur le plan diplomatique et les Projets communs de développement, laissant à chacun le choix de gérer librement ses affaires intérieures. Cette approche était d’autant plus sage et pertinente que les autorités de ces trois Transitions ne sont pas survenues de la même manière, et les réalités concrètes diffèrent d’un pays à l’autre. Au Burkina Faso et au Niger, ce sont les éléments des Forces de Défense et de Sécurité qui ont renversé les pouvoirs en place, la Société civile est ensuite intervenue en appui et en soutien engagé pour asseoir la légitimité des nouvelles autorités et des nouveaux dirigeants issus des coups d’État. En revanche, au Mali, les militaires sont « venus parachever » la lutte héroïque du Peuple malien, lutte menée pendant plusieurs années et singulièrement depuis plusieurs mois, portée par le M5-RFP en 2020. Dans un premier temps, immédiatement après le renversement du pouvoir de IBK (Ibrahim Boubacar Keïta) le 18 août

2020, et en dépit des conseils avisés donnés par les anciens Chefs d’État du Mali (Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré), consultés à  l’occasion par les militaires, le Peuple malien, médusé et incrédule, a assisté impuissant à une  récupération incestueuse et un détournement des résultats de son combat, suite à une alliance contre-nature entre les tenants du pouvoir défunt, les mouvements rebelles armés, les terroristes, l’ex-puissance coloniale et ceux qui se sont présentés comme étant les représentants des FAMa. Cette alliance contre-nature, faite de bric en broc, malgré le soutien actif et engagé de la Communauté Internationale et de la France qui répétait : « Le Gouvernement de Bah N’Daw a fait en trois mois ce que Ibrahim Boubacar Keïta n’a pu réaliser en sept ans », a navigué sans objectifs précis et sans vision, du 18 août 2020 au 24 mai 2021.

5- La rectification de la trajectoire de la Transition (la Rectification), intervenue le 24 mai 2021, a permis de sceller un PACTE D’HONNEUR entre les deux véritables forces du changement : d’une part, les Forces politiques et sociales conduites par le Comité Stratégique du M5-RFP et, d’autre part, les représentants des Forces armées et de Sécurité du Mali, regroupés au sein du CNSP (Comité

National pour le Salut du Peuple). L’engagement souscrit par les parties ce jour-là était de mettre sur pied une feuille de route en vue de satisfaire les revendications et les exigences légitimes du Peuple malien. Il s’agissait, entre autres, de : la lutte contre l’insécurité et le terrorisme, la Refondation de l’État du Mali en lui insufflant une nouvelle vitalité démocratique à travers la tenue des ANR (Assises Nationales de la Refondation), l’élaboration d’une feuille de route de la Transition, singulièrement l’élaboration d’une nouvelle Constitution consacrant l’avènement de la 4ème République et l’application intelligente de l’Accord d’Alger en préservant l’unicité du Mali, l’intégrité, la forme républicaine et laïque de notre État, la lutte implacable contre l’impunité et la corruption, une relative stabilité, une excellente avancée sur la souveraineté nationale, etc. C’est alors que la Transition a pris son véritable envol. Il reste constant qu’il y avait eu une farouche résistance et opposition à toutes les réformes faites par les Maliens mobilisés, de la part des forces politiques et sociales liées au pouvoir défunt, de la part de la Communauté internationale avec la France et la CEDEAO en tête, de la part également de puissants groupes de militaires au sein des FAMa mais qui, pour des raisons stratégiques, avaient décidé de « faire le dos rond en attendant de voir ».

6- En cette période d’avant la Rectification, le Mali était balloté entre deux tendances antagonistes. Il y avait, d’un côté, ceux qui voulaient maintenir l’ordre ancien, avec quelques changements cosmétiques pour, in fine, à travers des élections contrôlées et bâclées, faire revenir le Mali en arrière sous le joug de qui on sait. À cette fin, toutes les Forces politiques et sociales proches du pouvoir défunt, certains militaires qui constituaient leur prolongement au sein des Forces de Défense et de Sécurité, fortement appuyés par la Communauté internationale et les médias occidentaux, avec la France, la CEDEAO et l’U.A. en tête, ont redoublé d’activisme pugnace, voire d’agressivité. Pour atteindre leur objectif, le Premier ministre de Transition issu des rangs du M5-RFP devenait la cible privilégiée. On a dit de lui : « Il est clivant, il divise, il ne peut réunir les Maliens, les Mouvements rebelles le rejettent et ne veulent pas de lui, c’est un adepte de la dictature, il n’a pas de légitimité, seuls les militaires ont la légitimité nécessaire pour rassembler les Maliens, etc. ». De l’autre côté, il y avait la détermination et la résolution sans faille du Comité Stratégique du M5-RFP, la clarté dans les prises de positions et les décisions patriotiques du Gouvernement de Transition. Ainsi, le Premier ministre a rencontré maintes fois la classe politique, malheureusement plusieurs partis ont refusé de collaborer avec son Gouvernement, espérant un renversement de situation. Les partis politiques ont ensuite refusé de répondre à plusieurs de ses invitations écrites, prétextant « ne pas se mouiller avec quelqu’un qui, de toutes façons, va échouer ». Des militaires, dont certains sont pourtant membres du Gouvernement de Transition, adoubés et missionnés par qui ont sait, se sont joints à cette cabale contre le Premier ministre, à l’effet de « le faire démissionner ». Pour réussir cette campagne hostile, certains médias étrangers, différents influenceurs et vidéo-men, soutiens attitrés et connus du régime défunt, les agents doubles stipendiés, des membres de certaines institutions de la Transition, ont été mis à contribution. Rien ne fut épargné au Premier ministre, y compris les injures par voix médiatiques. Ayant échoué dans toutes leurs tentatives de déstabiliser le Gouvernement de Transition, les partis politiques ont commencé à dire que « …c’est le Premier ministre qui a lui-même discrédité et affaibli la classe politique ; il est responsable de tous nos problèmes ; les militaires sont plus raisonnables et conciliants, désormais, nous ne reconnaissons que les militaires comme interlocuteurs, le Premier ministre doit démissionner ».

7- Heureusement, la détermination du Peuple malien à imposer, à marche forcée, le cours normal de la Transition rectifiée, a permis aux autorités de la Transition de tenir les Assises Nationales de la Refondation (ANR), faire face à toutes les épreuves, avec le succès que le monde entier lui reconnaît. Les autorités de Transition ont, en particulier et conformément aux recommandations des ANR, adopté une nouvelle Constitution, approuvée massivement le 18 juin 2023 et promulguée le 22 juillet 2023.

8- Les Peuples du Burkina Faso d’abord, le Niger ensuite, ont organisé dans cet intervalle des Assises des Forces vives réellement acquises au changement, et ont déterminé de nouvelles règles de gestion des Transitions nationales. Les démarches politiques et administratives, devant aboutir à la formalisation de la création de l’A.E.S. y ont été menées en toute transparence.

9- Et, depuis quelques semaines, au Mali, se manifeste chaque jour, une volonté de faire « émerger une nouvelle classe politique » acquise exclusivement à certains militaires. Ce faisant, toutes les anciennes méthodes et pratiques du pouvoir défunt combattues par le Peuple malien refont surface : extension de la misère, exposition ostentatoire de richesses mal acquises d’une minorité pendant que la majorité du Peuple croupit dans la misère, la corruption généralisée, surtout la corruption de la jeunesse et des gens les moins vertueux notoirement connus, enlèvements, emprisonnements et menaces systématiques pour délit d’opinion, agressions verbales, injures et menaces de toutes sortes dans le but de réduire au silence les gens vertueux et responsables, élimination politique de toute voix discordante en utilisant la Justice, réduction au silence  de tous les acteurs gênants  par la peur généralisée, la remise en cause systématique des principaux acquis du changement de 2020. L’objectif final est à présent clair pour tout le monde : créer, fabriquer de toutes pièces une nouvelle classe politique, continuer les mêmes méthodes de l’ancien pouvoir, saisir la propagation et l’approfondissement du terrorisme combinés au sentiment patriotique des Maliens pour continuer à perpétuer les anciennes pratiques : abuser du pouvoir, faire peur aux citoyens honnêtes en agitant le chiffon rouge du terrorisme, diviser et fragmenter la société en écartant les plus vertueux et en recyclant les moins vertueux et les agents doubles. A ce jeu, notre pays, le Mali, retournera inexorablement à l’ancienne situation. Que Dieu nous en garde ! Ce qui sera une grande déception et un grand drame pour le Mali, pour l’Afrique et pour tous ceux qui avaient espéré le changement historique de paradigme, avec le Mali comme point de départ.

10-Je voudrais humblement lancer un appel pressant et un cri de cœur à tous les acteurs :

  1. a) Le débat et les tiraillements actuels entre les acteurs politiques et les autorités de la Transition relèvent, de mon point de vue, du distinguo à faire entre deux attitudes contradictoires et diamétralement opposées. Il y a, d’une part, les premiers qui se battent pour l’application du droit positif malien, notamment l’application de la Constitution, librement votée par les Maliens le 18 juin 2023, et l’exercice des droits fondamentaux des citoyens reconnus par la loi. D’autre part, nous avons à faire à des pouvoirs publics qui, s’appuyant sur la force des armes, la terreur inoculée chez les citoyens par la peur « d’aller en prison » ou d’être tués, sous les oripeaux de la loi, et avec l’appui de personnages secrètement opposés au changement ou qui l’avaient ouvertement combattu avant le 24 mai 2021, exercent l’arbitraire et décident uniquement en fonction du rapport des forces du moment.

Je dis aux uns et aux autres : Attention ! Ayez pitié du Mali ! Les Maliens, les Africains, les vrais Panafricanistes, le monde entier vous observent avec inquiétude. S’il vous plaît, je vous en conjure, n’assassinez pas notre espoir et l’espérance suscités par le Mali dans le monde entier au début de la Rectification de la Transition malienne. A cause de Dieu, mettons balle à terre ! Répondons à l’appel du Mali ! Répondons à la détresse de l’Afrique combattante et aux attentes et espoirs de l’Homme noir dans monde ! Rappelons-nous que tous les pouvoirs politiques au Mali sont tombés au moment où ils se croyaient suffisamment forts, à cause de la violation impunie de la loi par certains citoyens, à cause de la violation des droits des citoyens ou des abus de l’entourage du Chef de l’État. »

J’ai très souvent répété devant les ministres, à l’occasion de plusieurs conseils de Cabinet : « Dans notre pays, nous devons gouverner suivant la volonté du Peuple et les lois de la République ; si les lois ne sont pas bonnes, nous prenons les dispositions pour les changer. Évitons l’arbitraire parce que nous sommes au pouvoir pour un temps limité. Rappelons-nous toujours comment les précédents Gouvernements sont tombés au Mali. Gouvernons par l’exemple et la vertu. C’est la façon la plus sûre d’être à hauteur de mission ; c’est la meilleure façon d’honorer la mémoire des victimes tombées pendant la lutte du M5-RFP et d’honorer la mémoire des milliers de victimes de la crise multidimensionnelle qui nous est imposée, civils et militaires. »

Je répétais cela constamment car je sentais déjà une certaine pratique s’installer et s’incruster dans la façon de faire et de se comporter de certains responsables : la culture d’allégeance vis-à-vis de l’autorité supérieure, au lieu de la culture et la pratique de la responsabilité, de la vérité et de la vertu, qui sont les vrais gages de l’équilibre et de la bonne marche du pays. J’incitais tous et chacun à agir dans le sens des intérêts et droits des populations. Par exemple, il n’est pas acceptable que des individus quittent d’autres pays ou continents, et s’installent à demeure, à travers la corruption des élites et de certains dirigeants, pour exploiter illégalement des minéraux, en spoliant et en empoisonnant, au passage, les populations et leur cadre de vie environnemental, avec souvent même des emprisonnements pour réduire au silence. Dans aucun pays où les Gouvernements agissent au nom et pour le compte des populations, ceci n’est tolérable. Aujourd’hui au Mali, il n’est un secret pour personne que l’autorité est exercée majoritairement par plusieurs cadres, civils et militaires, qui avaient ouvertement manifesté leur hostilité contre le changement de pouvoir intervenu, d’abord en 2020, mais surtout en mai-juin 2021. Les Maliens ont parfois le sentiment de pratiquement revenir aux années d’impunité à ciel ouvert, comme en 2009, avec ce qu’on a appelé « Air cocaïne », ou en 2017, quand un ministre de la République autorisait officiellement la culture de marijuana dans notre pays. Le Peuple malien ne pourra plus accepter un retour en arrière : la peur, les menaces, les emprisonnements ne feront que retarder les choses pendant un certain temps. Mais la marche du Mali vers plus de justice, de prospérité, de bonne gouvernance et de paix est inexorable, inéluctable et inévitable.

  1. b) Au Peuple malien, je recommande de garder espoir, sa lutte aboutira, Ine Sha Allah. Elle est certes retardée, sa trajectoire ne sera pas droite, il y aura des arrêts, des zigzags, mais cette lutte patriotique et historique aboutira inévitablement et inexorablement. Rester résiliant, stoïque et garder foi en l’avenir, est notre credo. Ne cédons pas à la peur et au découragement.
  2. c) Aux Forces politiques et sociales qui sont véritablement à la base du changement et acquises au Mali Kura : il faut maintenir le cap et ne jamais baisser les bras.
  3. d) Aux amis et partenaires sincères du Mali, il faut maintenir votre coopération et continuer à élargir et à approfondir votre soutien au Peuple malien. Ne pas se décourager ou baisser les bras au regard de la confusion actuelle grosse de manque de perspective et de soutien populaire.
  4. e) Disons clairement aux terroristes et aux séparatistes, à leurs sponsors et alliés, internes et externes, camouflés ou non dans les institutions de la Transition, que le Peuple malien ne cédera jamais. Sa lutte sera victorieuse parce qu’elle est juste !
  5. f) Aux éléments des FAMa, à la hiérarchie militaire, je recommande de tenir bon face à la campagne coordonnée et tous azimuts des Groupes terroristes et leurs sponsors et alliés, face à l’intox. Les dernières actions d’offensive généralisée et coordonnée des FAMa ainsi que les brillants résultats conduisant à la destruction de plusieurs caches et bases des terroristes, la neutralisation et à la débandade de plusieurs de leurs combattants rassurent les Maliens et les comblent de confiance en l’avenir.
  6. g) À tous les Maliens, de l’intérieur et de l’extérieur, quelles que soient les violations de leurs droits, quelle que soit leur colère, je demande instamment de ne jamais tenir des propos ou poser des actes qui font l’affaire des ennemis du Mali, des terroristes et de leurs sponsors et alliés. Nous devons tirer les leçons d’un passé récent, lorsque par mauvais calculs politiques, par cupidité ou soif du pouvoir, par esprit de vengeance ou sous l’effet de la colère, certaines hautes personnalités du Mali déclaraient : « Les rébellions du Nord sont d’essence démocratiques…c’est pourquoi en son temps nous les avons soutenues. » N’oublions pas que le Chef actuel des terroristes du JNIM (GISM) a commencé la rébellion le 28 juin 1990 par des actes terroristes à Tindermène (Ménaka), en égorgeant le Chef d’Arrondissement, son épouse en grossesse avancée, le garde, des prisonniers, avant de répéter le même crime à Ménaka-ville contre près de douze gendarmes. Ses nouveaux alliés, après avoir trahi la Lybie et le Mali, ont propagé la violence gratuite dans notre pays, sous le couvert de la défense des populations du nord du Mali qui n’ont rien demandé à personne. Pendant que des milliers de nos frères et parents Touaregs et Arabes, croupissent dans la misère dans les camps de réfugiés à cause de la violence qu’ils ont introduite dans notre pays, eux, ils sont dans des hôtels et Palaces dans les capitales bien connues ; ils ont construit de grandes maisons avec piscines à Bamako, dans lesquelles vivent leurs familles, leurs enfants étudient dans les meilleures écoles du monde. Il faut, par la même occasion, mettre en garde et se méfier de tous les discours lénifiants, spécieux et défaitistes qui, sous le couvert de Réconciliation et de recherche de la paix, appellent à « négocier avec les terroristes ». Plusieurs de ces « conseilleurs » de mauvais augure sont tapis dans les couloirs du pouvoir d’État, dans le Gouvernement et dans la Société civile. Avec les terroristes, on ne négocie pas, on les combat jusqu’à la victoire finale ! Ni les USA, ni la Russie, ni la Chine, ni la France, ni l’Algérie, ni le Maroc n’ont fait des Accords ou des Pactes avec les terroristes. Ils les combattent et les détruisent.   Rappelons-nous, aussi, que les mêmes puissances qui ont retiré le nom d’un ancien terroriste de leur liste des personnes les plus recherchées et l’installer comme Président et Chef d’État d’un pays, n’auront aucun état d’âme à installer le Chef des terroristes actuels du Mali (du GISM ou JNIM) à Koulouba, le recevoir en tapis rouge dans les grandes capitales du monde. Pères, mères, frères, sœurs, fils, filles, donnons-nous la main pour sauver le Mali !

D’ailleurs, le Mali en avait déjà fait l’amère expérience, en 2011, lorsque les USA avaient déclaré Ançar Edine comme Organisation terroriste internationale, la France n’a pas hésité à recycler l’adjoint du Chef terroriste, dans un premier temps, en dirigeant du MIA (Mouvement Islamique de l’Azawad) qui s’est ensuite métamorphosé comme un insecte pour devenir le HCUA (Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad). Ce dernier s’est, plus tard, en quelques jours, associé, au MNLA (Mouvement de Libération de l’Azawad), lui-même ramené par la France de certaines capitales africaines (Ouagadougou et Nouakchott) dans les fourgons de l’Opération Serval. Sur recommandation de qui les Maliens savent, le HCUA et le MNLA fusionnent en un temps record pour donner naissance à la CMA (Coordination des Mouvements de l’Azawad) qui devient l’interlocuteur obligatoire et privilégié de l’État malien et de la fameuse Communauté Internationale. La boucle ainsi bouclée, le Mali n’avait d’autres choix que de négocier avec des Mouvements séparatistes et terroristes, déguisés en partenaires pour « construire la paix au Mali. » Notre pays a fait plus de trente ans à conclure des Accords, des Pactes de paix, toujours à la recherche d’une paix hypothétique qui s’éloigne tous les jours, allant de rébellions séparatistes au terrorisme. Au bout du compte, les populations de notre pays n’ont récolté que malheur, souffrance et désorganisation, voire destruction de l’État malien.

Répondons à l’appel du Mali !

Que Dieu bénisse et protège le Mali, l’AES et l’Afrique !

Bamako, le 27 juin 2025

Choguel Kokalla Maïga

Ancien Premier ministre

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