D’un air inoffensif, Amadou Thiam, député ADP-Maliba élu en commune V de Bamako, est dans la tourmente. Ses adversaires au sein de sa propre formation politique veulent lui donner une autre image méconnue du grand public. En effet, on tente de présenter le désormais ministre des Réformes institutionnelles et des Relations avec la Société civile comme un homme corrompu.
A la veille de la formation du nouveau gouvernement, le président d’honneur du parti ADP-Maliba, Aliou Boubacar Diallo avait orchestré un scénario judiciaire contre le président de son parti, en l’occurrence Amadou Thiam. Raison évoquée: la caducité du Comité exécutif. Toutefois, rapportent des sources proches du dossier, la réalité est toute autre. Le président sortant de l’ADP-Maliba, Amadou Thiam, et son président d’honneur, Aliou Diallo, non moins principal bailleurs de fonds du parti, ne soufflent plus dans la même trompète. Et pour cause. Le second et son clan reprochent au premier d’avoir voulu engager le parti dans la voie d’un rapprochement avec la majorité présidentielle de façon unilatérale. Dans l’entourage d’Amadou Thiam, on dénonce « un procès d’intention, voire une fuite de responsabilité de Diallo». Car, d’autres sources soutiennent que tout a commencé à partir de la neutralité observée par l’ADP-Maliba au second tour de la présidentielle de juillet 2018. Or, précise ces mêmes sources, cette décision a fait l’objet d’une consultation ayant abouti à son approbation. Mieux, commente-t-on, cette décision visait beaucoup plus à sauver les meubles du patron du parti, Aliou Boubacar Diallo. Il y aurait eu un deal entre eux et les hommes du candidat Ibrahim Boubacar Keïta, plus proche de la victoire. C’est pour cela, apprend-on, que l’ADP-Maliba a pris ses distances avec l’URD de Soumaïla Cissé lors des manifestations visant à mettre en application le plan de chaos de celui-ci.
L’on se rappelle qu’à la place de Soumaïla Cissé, Aliou Boubacar Diallo a voulu saisir la main du chef de l’Etat. Laquelle main ne lui était pas tendue.
Mais, curieusement, Aliou Boubacar Diallo a subitement tenté de se radicaliser. Chose qui n’aurait pas été du goût de son président, Amadou Thiam. Ainsi, des coups bas ont été fomentés contre celui-ci afin qu’il bascule dans l’animosité politique contre le régime. Depuis lors, des observateurs politiques ont commencé à s’interroger sur les orientations que veut finalement M. Diallo.
Entre temps, par le biais de certains médias, on a annoncé la transhumance de M. Thiam vers l’Asma-CFP de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Comme si cela ne suffisait pas, le principal bailleur de fonds de l’ADP-Maliba et son cercle inventent la caducité du Comité exécutif. Au lieu de gérer cette situation en famille, ils se sont vite livrés en spectacle à travers une procédure judiciaire. Laquelle aurait abouti à l’autorisation d’Aliou Diallo à organiser le nouveau congrès du parti, auquel on s’apprêterait à interdire la salle au président sortant.
Qui veut tuer son chien l’accuse de rage, enseigne l’adage. Outre ce feuilleton judiciaire, une autre affaire a refait surface. Il s’agit d’une histoire de 800 millions de FCFA que le président d’honneur de l’ADP, non moins patron de Wassoul’or, réclame à son parti qui aurait reconnu cette dette par acte d’huissier.
Contrairement à ce qui avait été annoncé par le clan Diallo, indiquant que cette affaire est intervenue après la dernière campagne présidentielle, le camp de l’accusé affirme qu’elle concerne la période allant de 2014 à 2018. Celui-ci estime que le fondateur du parti a opté pour détruire tout ce qui a été construit en sept ans.
« Il a commencé par réclamer au parti les dépenses effectuées volontairement par lui de 2014 à décembre 2018 et par voie d’huissier, s’il vous plait. Ensuite, il rédige des conditions impossibles qu’il soumet à la signature des deux premiers responsables du Comité exécutif qui refusent naturellement de les signer.
Dans la foulée, Aliou Diallo réclame la présidence du parti et va jusqu’à attraire le parti en justice.
Nous avons cru un moment à un poison d’avril de mauvais goût, mais hélas ! Nous apprendrons par la suite l’exclusion unilatérale des deux premiers responsables du parti par ses soins », s’indigne-t-on dans d’Amadou Thiam.
Pour ce clan, Aliou Diallo monte sur ses grands chevaux et prend l’air des grands jours et s’autodétruit sous les applaudissements de ses valets qui ne savent même pas ce qui leur arrive.
C’est dommage et vraiment dommage. A ce rythme, Aliou Diallo pense encore se frotter à certains adversaires sérieux en 2023 ? Des adversaires tranquilles, prévoyants et clairvoyants qui sont en train de resserrer leurs rangs au moment où il s’adonne, lui, aux exclusions, regrettent certains militants du parti.
Dans sa rage contre le jeune Thiam, le candidat malheureux de la présidentielle de 2018 a publié un communiqué le lendemain de la formation du gouvernement de mission, annonçant que le ministre Thiam n’est plus de son parti. Il a fallu la nomination de ce dernier dans le gouvernement pour que le public ait connaissance de cette exclusion. Quel drôle d’homme d’affaires, pardon, d’homme politique !
Oumar KONATE
La Preuve