Dans sa note trimestre allant de 1er janvier-31 mars 2022, la MINUSMA a décelé 812 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire au Mali. La note a été publiée ce lundi 30 mai 2022, après les observations du Gouvernement de la Transition qui l’a reçue depuis le 17 mai dernier. Que dit la note ?
Durant cette période, la MINUSMA a recensé 812 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire. Ces données documentées représentent une augmentation de 151% comparativement au trimestre précédent. Le nombre de personnes tuées a connu une hausse exponentielle de près de 324%.
Sur la période, les Forces armées maliennes (FAMa), appuyées à certaines occasions par des éléments militaires étrangers, ont multiplié les opérations militaires de lutte contre le terrorisme, notamment dans le cadre de l’opération Keletigui dont certaines se sont parfois soldées par des allégations graves de violations des droits de l’homme et/ou du droit international humanitaire. Ainsi, sur la période concernée, 320 violations de droits de l’homme ont été attribuées aux forces de défense et de sécurité maliennes alors qu’au dernier trimestre de l’année 2021 seulement 31 violations leur étaient imputables.
Les régions du centre (Bandiagara, Bankass, Djenne, Koro, Mopti, Ségou) restent les plus affectées par les différents actes de violence. La situation sécuritaire s’est également considérablement détériorée dans les régions de Gao et de Ménaka en raison d’affrontements armés entre les éléments du Mouvement pour le salut de l’Azawad-Daoussahak/Groupe d’auto-défense Touareg Imghad et alliés (MSA-D/GATIA) et ceux de l’Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) et/ou d’attaques contre les populations civiles. Dans le sud du pays, la situation sécuritaire est demeurée également préoccupante notamment dans les régions de Koutiala, Nara et Sikasso. La période a aussi été marquée par une série d’incidents dans la zone frontalière entre le Mali et la Mauritanie, y compris le meurtre d’environ 52 civils mauritaniens.
Enfin, le rétrécissement continu de l’espace civique et du débat démocratique ainsi que la restriction dans l’exercice des libertés publiques ont soulevé de vives préoccupations aussi bien de la part de l’Expert Indépendant sur la situation des droits de l’homme au Mali, que de la Commission nationale des droits de l’homme du Mali, ainsi que de nombreuses organisations de promotion et de défense de la liberté d’expression et d’information.
La MINUSMA a noté, entre autres, que les autorités maliennes de transition ont annoncé avoir ouvert une enquête sur les allégations des violations des droits humains signalés à Moura du 27 au 31 mars 2022. A la date de la publication de cette note, la MINUSMA n’avait toujours pas obtenu une autorisation pour conduire une enquête in situ à Moura en dépit de la requête faite en ce sens par la MINUSMA en date du 1er avril 2022.
La MINUSMA note les efforts des autorités de la Transition dans le cadre de la lutte contre l’impunité qui ont annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes sur des allégations de violations de droits de l’homme et des atteintes à ces droits réitère sa détermination et sa disponibilité à les appuyer afin que les auteurs de ces actes soient traduits devant la justice.