Société

Wassoul’or : Aliou Boubacar Diallo aurait passé la main, le  directeur de la communication de la société dément

Le monde des affaires et la vie politique au Mali font rarement bon ménage. Est-ce que le candidat arrivé troisième à la dernière élection présidentielle, à savoir le président d’honneur de l’ADP-MALIBA, Aliou Boubacar DIALLO, n’est-il pas en train de payer les conséquences de ses excès financiers et politiques, et surtout sa campagne présidentielle?

De nombreuses informations laissent entendre que, confronté à l’esprit de revanche du clan présidentiel, et dans une situation de banqueroute financière, Aliou Boubacar Diallo aurait préféré s’éloigner de ses affaires maliennes. La société Wassoul’or SA au bord de la faillite, la compagnie Pétroma. Inc, titulaire du mirage gazier du village de Bourakebougou, toujours sans solution, DIALLO deviendrait une cible facile pour ses nouveaux ennemis de l’intérieur.

Est-ce pour ces raisons qu’il aurait fait le choix de passer la main en toute discrétion à ses créanciers des Emirats Arabes Unis, ainsi qu’à son frère ennemi M. Olivier Couriol qui est de plus en plus présent au Mali ? C’est en tout cas l’hypothèse qui court à Bamako.

Lors de la dernière visite de la ministre des Mines et du Pétrole sur l’emprise de la mine de Wassoul’or SA, à Faboula, les observateurs ont remarqué que la famille DIALLO brillait par son absence pour recevoir la nouvelle ministre sur le site de Kodiéran. Cette constatation peut étayer les suppositions de perte de leaderships de DIALLO sur Wassoul’or sa.

En effet, les salariés ont dû se battre pour obtenir le règlement de leur treizième mois. Ce n’est que la menace de la grève qui a permis un règlement partiel de ce différend, a-t-on appris.

Les anciens salariés licenciés par Wassoul’or seraient  eux aussi toujours dans l’attente d’un jugement sur le paiement des préjudices subis pendant les neufs mois sans salaire et ce, malgré le fait que leurs droits leur ont été payés en 2015. A ce jour, la Cour d’appel de Bamako reste silencieuse sur ce litige.

A en croire nos sources, le dernier voyage du président de la République Ibrahim Boubacar Keïta aux Emirats Arabes Unis aurait pu sceller le sort de l’autoproclamé milliardaire malien. En effet, de nombreuses réunions organisées au Mali et à Abu Dhabi, entre les autorités maliennes et Emiratis, auraient eu pour objet de faciliter le transfert de responsabilité de Wassoul’or vers une nouvelle équipe de direction, au sein de laquelle les membres de la famille Diallo ne seraient plus visibles.

Si tel est le cas, le coup est dur pour celui qui se vantait d’être le seul malien opérateur minier sur le sol de la République du Mali.

L’autre bizarrerie de ce deal, c’est la présence dans la reprise de Wassoul’or- SA d’Olivier Couriol. En effet, le Franco-suisse est très proche de DIALLO. Il fut considéré comme le financier des opérations du PDG de Wassoul’or. Ils seraient  tous deux cités dans de nombreux dossiers juridico-financiers faisant actuellement l’objet de diverses instructions en Europe, aux Etats-Unis et au Venezuela. Olivier Couriol aurait-il tourné le dos à son complice de toujours pour s’allier à un nouveau bailleur de fonds émirati ?

Dernièrement, Olivier Couriol a encore une fois défrayé la chronique dans la presse d’investigation. Le journal Le Temps en Suisse, Médiapart en France, Bloomberg ont repris l’information qui désignait Olivier Couriol et Noor Capital comme les artisans d’un deal entre leur compagnie et l’Etat vénézuélien aux abois. Il était question d’acheter de grandes quantités d’or au Trésor national vénézuélien pour lui permettre de disposer de devises en euros. Cet épisode a irrité au plus haut niveau aux USA. L’or acheté était transporté aux Emirats Arabes Unis. Au passage, Olivier Couriol et ses partenaires empochaient de colossales commissions.

Le financier franco-suisse, Olivier Couriol, est loin d’être un inconnu. Des personnes qui le connaissent le décrivent comme un spécialiste des transports d’argent liquide, qui aurait quitté la Suisse et ses réglementations trop strictes pour l’atmosphère plus accommodante des Émirats. Depuis trois ans, son nom apparaît dans des affaires judiciaires de plus en plus retentissantes.

En 2016, il a été inculpé dans une enquête retentissante menée par le procureur genevois Yves Bertossa. Ce dernier lui reproche d’avoir monté des structures offshores pour abriter des millions détournés par l’un de ses anciens collègues du Crédit Suisse, le gérant de fortune Patrice Lescaudron, condamné en 2018 à cinq ans de prison. L’enquête a peu progressé depuis, et Olivier Couriol bénéficie de la présomption d’innocence dans ce dossier.

Mais ce n’est pas tout. Le financier est prévenu dans une seconde enquête genevoise pour corruption visant Airbus : comme l’a révélé Mediapart, Olivier Couriol a joué un rôle dans le transfert de 20 millions de dollars par Airbus à un intermédiaire au Mali, via un investissement dans une mine d’or du pays qui n’a quasiment rien produit et dont les actionnaires ont perdu leur mise, indiquent des sources bien introduites.

Enfin, Olivier Couriol a été entendu comme témoin par la justice suisse en lien avec une vaste affaire de corruption pétrolière au Nigeria. À la demande de juges italiens, le parquet suisse a perquisitionné en 2016 l’appartement genevois de Couriol, où elle a trouvé une valise appartenant à un intermédiaire nigérian, Emeka Obi, condamné pour corruption en Italie fin 2018.

Renfermant trois passeports et des clés USB comptant plus de 40 000 documents, la valise pourrait contenir les preuves de pots-de-vin versés par les compagnies pétrolières Shell et ENI au Nigeria, selon les magistrats italiens. À ce sujet, Olivier Couriol explique que le Nigérian était un « ami » : il trouve « injuste » de se retrouver lui-même décrit comme un « grand corrupteur » à cause de cette affaire.

Le Gouvernement malien devrait être attentif à ces nouveaux partenaires, susceptibles à plus ou moins court terme d’être rattrapés par la justice internationale.

Démenti

Contacté par nos soins, Cheick Oumar Diallo, directeur de la communication de Wassoul’or, s’inscrit en faux contre une quelconque vente de la société.

Il a affirme que l’absence du président Diallo lors de la visite de la ministre des Mines n’est due à rien d’autre qu’une coïncidence d’agenda qui a fait que le patron de la société n’était pas disponible pour la visite. Mais, poursuivra-t-il, il faut rappeler que moins d’un an avant cette visite, Aliou Boubacar Diallo était présent lors de la visite de Tiémoko Sangaré, alors ministre des Mines. L’actuelle ministre a été reçue, précise notre interlocuteur, par le directeur de la production, le directeur de maning, le directeur  de l’environnement, de l’hygiène, de la santé, de sécurité. Tous les responsables qui sont sur le cite de la mine, dont le conseiller spécial du président Aliou Boubacar Diallo, Corneille Denna, étaient sur place.

S’agissant de la vente de la société, Cheick Oumar Diallo explique: « vous avez tous assisté à la nouvelle appellation que Rand-Gold à prise, à savoir Barrick. C’est pour vous dire que dans le secteur minier, toute opération de reprise ou d’achat n’est pas une opération qui se fait discrètement. Cela implique des millions et des millions d’euros. Quelle que soit la personne qui serait appelée à reprendre,  acheter ou à prendre des parts dans une société minière, je crois que cette personne ne va pas chercher à le cacher. Toutes ces rumeurs sur une reprise de Wassoul’or par quiconque est complètement spéculative. La mine reste dans son même actionnariat. Il n’y a pas 0,001% qui ait changé ».

Au moment où nous mettions sous presse cette information,  le directeur de la communication de Wassoul’or nous a informés que le président Aliou Boubacar Diallo est en visite sur le site de la mine à Kodiéran.

Oumar KONATE

La Preuve

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