Tout en appelant les Forces Armées Maliennes à nouer plus de complicité avec les populations pour bouter hors du territoire les groupes terroristes et autres réseaux criminels, le Président de la Transition, Bah N’Daw engage des projets de reconstruction de l’Armée dont la lutte contre la corruption et l’impunité.
Mercredi 20 janvier 2021, l’Armée Nationale a bouclé ses 60 ans d’existence sur la scène nationale et internationale. C’est sous le signe de « l’engagement patriotique de tous les Maliens pour la refondation et la reconstruction d’un nouveau Mali, gage d’un avenir radieux pour notre pays et notre peuple ». Née de manière volontariste, avec peu de moyens, mais avec beaucoup de foi, elle a été voulue et forgée par le père de la nation malienne, feu le président Modibo Kéita même avant la date officielle de notre accession à la souveraineté internationale.
Dans son allocution à la nation à l’occasion de la création des FAMa, le mardi 19 janvier 2021, le président de la transition, Hab N’Daw, a fait comprendre le Père de l’indépendance du Mali, Modibo Keita « ne s’y trompait pas, il savait que seul l’outil de défense nationale pouvait garantir notre indépendance en tant que pays, notre souveraineté en tant que nation et notre intégrité en tant que territoire ».
Tout en saluant la mémoire du feu Modibo Kéita et les hommes de mission et de décision, dont l’engagement a permis la création de notre outil de défense, en particulier les militaires Abdoulaye Soumaré, Sekou Troaré, Pinana Drabo, Kélétigui Drabo, Balla Koné, et les civils Oumar Ly et Mahamadou Diarra, le Président de la transition a fait comprendre que les FAMa ont traversé beaucoup d’épreuves, se construisent en s’adaptant constamment aux besoins de défense, de sécurité et de développement du pays.
« La commémoration du 20 janvier ‘’Fête de l’Armée’’ n’est pas un simple rituel. Elle est bien plus. Elle est un appel à la mobilisation, au devoir de servir et de protéger le pays. Elle est un appel à l’unité et au rassemblement de tous les citoyens autour de nos forces armées », a rappelé le Chef de l’Etat.
Le 60e anniversaire de l’armée nationale s’inscrit dans un contexte particulièrement éprouvant pour notre pays qui est en guerre depuis bientôt dix ans, une guerre non seulement coûteuse en vies humaines avec son lot de tristesse et de deuil, avec les attaques terroristes répétées contre les populations, les troupes et les partenaires, sans oublier la douloureuse et dramatique parenthèse des tensions communautaires au centre du pays, le tout sur fond de crises institutionnelles récurrentes depuis une décennie. Mais aussi en ressources financières et en opportunités de développement.
« Jamais autant qu’aujourd’hui l’armée n’a été aussi interpellée. Jamais, elle n’a été autant appelée à s’investir de toutes ses forces pour consolider notre nation ébranlée. Jamais autant, l’armée n’a été sollicitée dans le cadre du renforcement de notre cohésion sociale ainsi que du rétablissement des compromis socioéconomiques et culturels que notre peuple a su construire au fil des siècles et des défis », a déclaré le Président de la transition. Qui a renouvelé la gratitude de la patrie envers les soldats engagés sur le théâtre des opérations et envers la communauté internationale dont les armées sont aux côtés du Mali et dont les soldats risquent leur vie pour la libération du pays.
Reconstruire l’Armée
S’engageant dans le devoir de construire une armée nationale qui soit à la hauteur des défis et de ce temps pour la défense et sécurité du pays, « la Défense Opérationnelle du Territoire, la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, l’amélioration des conditions de travail et de vie des militaires ainsi que le renforcement du partenariat au plan bilatéral et multilatéral sont restés au cœur des actions du gouvernement de la Transition », dira le Président Daw. Il s’agit de la création d’une Fondation pour la Solidarité qui est devenue l’outil de gestion de la politique sociale en faveur des militaires, de leurs familles et de leurs ayants droit ; l’accélération de la réforme du secteur de la sécurité; l’assistance aux populations civiles à travers les actions civilo-militaires ; le renforcement des capacités opérationnelles des troupes ; le renforcement du partenariat avec les forces étrangères : Barkhane, EUTM, EUCAP, G5 Sahel, MINUSMA, le renforcement de l’application stricte du Droit International Humanitaire, la mise en place d’une stratégie de relance du volet Défense et sécurité de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger (APR) ; l’adoption en cours d’une deuxième Loi de Programmation Militaire (LOPM 2) en vue de consolider les acquis de la première LOPM ; l’acquisition de certains matériels majeurs et la réalisation d’infrastructures prioritaires ; et l’intensification des opérations de lutte contre le terrorisme, de sécurisation et de protection des populations et de leurs biens.
Survolant les péripéties que le pays traverse depuis une décennie et face aux défis de l’heure, le Chef de l’Etat a souhaité que le Mali soit au-dessus de tout.
Réussir la transition
Pour le Chef de l’Etat, « le cap fixé » par la transition n’est pas le sien, mais celui du Mali, auquel nous devons tous quelque chose, faire un sursaut, « car une transition réussie c’est un Mali qui reprend fièrement sa marche ».
Sur la lutte contre la corruption et l’impunité au sein de l’Armée, le Président Bah N’Daw a rassuré que « l’argent dépensé pour l’armée, pour la défense et la sécurité des populations sera justifié au centime près. Les LOPM seront auditées, leurs leçons tirées, et les responsabilités situées ».
En chef suprême des Armées, il a appelé les forces armées au « strict respect des lois de la République, et des droits de l’homme. Les exactions contre les civils ne sauraient nullement être encouragées ou tolérées. Car une armée nationale qui gagne est forcément une armée qui bénéficie de la confiance et de la complicité des civils vivant sur les théâtres d’opération ». D’où la nécessité entre les populations et les soldats à nouer cette complicité pour bouter hors du territoire les groupes terroristes et autres réseaux criminels.
Cyril Adohoun
L’Observatoire