Culture

Deuxième Edition rapou dogokun : Le film d’un fest hip-hop conscient et engagé

La 2e édition du fest hip-hop rapou Dôgôkûn s’est déroulée du 25 au 31 mars dernier. L’atelier de formation pour les jeunes rappeurs et le géant concert gratuit à Dialakorodji ont meublé cette rencontre entre jeunes et anciens du rap dans le cadre de partage d’expériences et d’orientation. Ici, le film de la présente édition.

Au palais de la culture Amadou Hampaté Bah de Bamako, du 25 au 28 mars dernier s’est tenu l’atelier de formation des jeunes rappeurs sur le rap au Mali dans le cadre de la 2e édition du Fest Hip Hop Rapou Dôgôkûn. Des jeunes rappeurs et des amoureux du rap  ont participé à cette formation qui a enregistré la présence des sociologues, des rappeurs étrangers venus du Sénégal et de l’Allemagne.

Initié par Master Soumy et son Manager Dony Brasco, le fest Hip Hop Rapou Dôgôkun est devenu une référence nationale, voire international en termes d’encadrement et de formation des jeunes désireux d’embrasser le métier. Cette 2e édition entre les anciens du milieu rap au Mali et la jeune génération a réussi son pari sur le plan organisationnel et de participation des jeunes rappeurs déterminés à apprendre et comprendre le rap dans son essence même.

Plusieurs thèmes ont été développés au cours de cette formation. Il s’agit du rôle  du rap et responsabilités du Rappeur dans la société, la Technique d’écriture du rap à connotation consciente et hiatus pour traiter un texte de rap, le rôle du rap dans la démocratie au Mali et ailleurs, la crise du Nord et conflit intercommunautaire (cause-conséquence-solution et prévention).

Durant quatre jours, au palais de la culture Amadou Hampaté Bah, lieu de l’atelier de formation, les participants n’ont raté aucun jour de cette rencontre d’échanges et de partage d’expériences, répartis entre neuf et quatorze heures.

Master Soumy et Dony Brasco, dans leurs interventions, ont invité les jeunes au travail et à la patience. « Les gens veulent tout et tout de suite. La réussite dans la musique dépend de la patience. Il ne faut pas se presser, il faut avoir la conviction », a adressé Dony aux participants à la formation et Master de mettre l’accent sur le travail et les épreuves difficiles qui doivent être le credo.

«Les choses simples ne paient pas. Choisissez toujours le chemin le plus difficile. Il ne faut pas évoluer dans la tendance, il faut accepter de travailler dur car le respect ne se doit pas, il se mérite », estime Master Soumi.  Selon lui, le plus important dans le rap, c’est l’impact du message et le but visé.

A ses dires, « être rappeur n’est pas synonyme de changement de sa nature. Il faut rester soi-même, cohérent par rapport à la réalité et marcher correctement », ajoute Master à l’endroit de l’assistance.

Moby de son côté a ajouté que les rappeurs sont des ambassadeurs, la voix des sans voix. C’est pourquoi le rappeur ne doit pas être complexé, plutôt doit bien s’habiller pour son spectacle.

Demandant aux jeunes rappeurs de travailler dur et d’avoir un bon manager, Master Soumy dira que le bon manager n’est pas seulement un ami ou un compagnon avec qui on est ensemble fréquemment. Pour lui, celui-ci doit être quelqu’un pétri d’expériences, qui aime le rap et son client. Ici, il dira encore « qu’il n’y a pas un bon produit sans un bon manager ».

Intervenant sur le thème la crise du Nord et conflit intercommunautaire (cause-conséquence-solution et prévention), au deuxième jour de la formation, le Sociologue Dr Brehima Ely Dicko a fait la genèse des groupes terroriste et jihadiste au Mali. Selon lui, il y a eu trois groupes terroristes et un groupe armé réclamant l’indépendance de l’Azawad (le Mouvement de Libération de l’Azawad) puis dans le centre du pays une katiba jihadiste, dirigée par Hamadoun Kouffa, allié de Iyad Ag Ghaly. Pour cette intervention, il était assisté par M. Alpha Touré de la coopération Allemande GIZ au Mali.

L’exposé de ces deux éminents connaisseurs sur la situation sécuritaire a permis aux participants à la formation de comprendre  la crise chaotique qui prévaut dans le centre et au nord du pays et ses acteurs sur le terrain. Selon eux, la crise que traverse le Mali est le résultat de la mal gouvernance, des dynamismes récents, le déficit de communication et la prolifération des armes légères.

Sur la situation sécuritaire du Mali, le rappeur sénégalais du groupe Xuman a ajouté que la paix est un comportement, paraphrasant le père fondateur de la Cote d’Ivoire. « Il faut qu’on cultive la paix au Mali, a-t-il dit, si on tire sur le Mali, on tire aussi sur le Sénégal ».

Le groupe Zaweierpasch de l’Allemagne a également partagé son expérience avec les jeunes rappeurs maliens sur la technique de la scène et hiatus pour un spectacle live et semi-live. Les deux rappeurs allemands dans une ambiance totale ont fait des prestations et distribuer des textes de rap aux jeunes. Ils ont également parlé de leurs carrières, le nombre de concert organisé et la porté de leur rap centré sur les problèmes de sociétés.

Après la formation qui a duré quatre jours au palais de la culture de Bamako, débuta un concert gratuit, en live à Dialakorodji, du 29 au 31 mars, avec la participation des participants aux concours. En concert avec la jeunesse et la mairie de Dialakorodji, l’équipe de Master Soumi à travers les jeunes rappeurs a fait un show inédit qui a enregistré la participation de plus d’un dans le quartier.

Dans une compétition ouverte sous la vigilance des jurys  les gagnants ont été proclamés. Des attestations ont été remises, d’abord, aux participants, des diplômes d’honneur et des diplômes de reconnaissance.

Ousmane MORBA

L’Observatoire

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