Sécurité

Plan cynique et barbare des terroristes au Mali : Anarchiser le centre du pays pour en faire un nouvel émirat islamiste

Les larmes des victimes de Sobane Da ne sont pas encore sèches que voilà encore un autre massacre qui est commis au centre du Mali. Les villages de Gangafani et de Yoro furent attaqués par des individus armés, très probablement des terroristes, tuant une quarantaine de personnes. Le cycle de haine est loin d’être clos. L’Etat du Mali, à lui seul, ne peut faire face au péril sécuritaire. L’implication de la communauté internationale est désormais vitale pour le pays.

Malgré la gravité des crimes commis dans cette partie du Mali, il est à craindre sa banalisation. Les massacres se perpètrent à un rythme effréné avec toujours un grand nombre de victimes. La piste de l’extrémisme violent semble de plus en plus plausible, même si des zones d’ombres subsistent.

Vraisemblablement, les groupes terroristes opérant dans le Sahel, à cheval entre le Mali et le Burkina Faso, ont procédé à un changement de leur modus operandi. Sachant bien qu’ils ne peuvent plus faire le poids au nord malien face à la puissance de feu de Barkhane, ils semblent désormais jeter leur dévolu sur le centre du Mali, incompréhensiblement libre de toute autorité étatique. Leur nouvelle stratégie est cynique et barbare. Il s’agirait, pour eux, de profiter de la rivalité quasi séculaire entre éleveurs nomades peuls et agriculteurs sédentaires dogons afin d’embraser la zone et d’en faire un nid à jihadistes. Car il est bien connu que la horde de l’extrémisme violent prolifère facilement dans l’anarchie et la précarité. Un élément qui peut étayer cet état de fait, c’est que les habitants de Sobané Da attaqué il y a une dizaine de jours, étaient pour la plupart de confession catholique.

Qu’à Dieu ne plaise, si rien de concret n’est fait, l’ « anarchisation » de la zone continuera jusqu’à en faire un no man’s land. En ce moment, les groupuscules terroristes de la zone viendront s’y installer peu à peu, se mélangeant à la population civile, et proclameront la Charia comme loi en vigueur. Tout ça, au nez et à la barbe de l’Etat, si rien de fort n’est fait par le Mali et ses partenaires.

Notons que curieusement, souvent, la loi qu’appliquent les terroristes remporte un certain succès dans quelques zones au Mali. Il s’agit de contrées assez enclavées, où la justice civile est assez peu fonctionnelle, voire pas du tout. Et du fait que le système judiciaire malien n’est qu’une copie terne de ce qui se fait ailleurs, sans prendre en compte les réalités locales, et aussi avec la corruption qui y règne, la charia devient une sorte de refuge pour les populations. Un scénario qu’il faudrait à tout prix éviter.

La faiblesse de l’Etat induit une multiplicité de petites territorialités un peu partout au Mali. Il s’agit d’une situation propice à toute mini insurrection. Des populations civiles entières sont livrées  à elles-mêmes. Le malaise ne cesse de grandir, le sentiment d’injustice aussi. Une situation qui rappelle une autre. Il est temps d’agir. L’occasion de tirer la leçon de l’histoire ne frappe qu’une seule fois à la porte.

Ahmed M. Thiam

Inf@Sept

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