Devenues incontournables dans le paysage scolaire, les cantines concourent à l’accroissement du taux de scolarisation. Le programme de soutien aux cantines scolaires, soutenu par le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Banque mondiale, est mis en place dans plusieurs localités du pays pour des écoles situées en zones défavorisées. Il fait l’objet de nombreuses malversations.
Ce programme fournit 1 repas par jour à plus de 200.000 élèves pendant la période scolaire. Outre le débouché en termes de produits alimentaires locaux, la création de cantines scolaires a un impact positif sur les indicateurs scolaires et une amélioration de l’état de santé et de nutrition des élèves. En outre, la fréquentation des établissements scolaires a bondi de près de 10%. Mais malheureusement leurs gestions posent problèmes aujourd’hui à cause de la mauvaise gouvernance et le détournement des produits alimentaires, tout ceci avec le silence radio de la direction nationale des cantines scolaires.
L’objectif du ministère de l’éducation nationale est d’arriver à terme à une école – une cantine. La direction nationale des cantines, qui devrait s’employer, avec les partenaires au développement, à créer une dynamique sociale autour de ces cantines dans l’optique d’en faire un point d’encrage définitif par rapport à l’école, en faire le contraire. Au-delà d’un simple dysfonctionnement, la gestion des cantines scolaires laisse à désirer à tous les niveaux.
Les cantines scolaires au Mali se présentent comme un gros montage, une véritable fiction digne d’un scénario hollywoodien. Car à la place des enfants issus de familles pauvres du Mali profond, ce sont les enfants de certains enseignants, non scolarisés qui bénéficient des repas. A cela s’ajoute le détournement à outrance des denrées alimentaires et des fonds par les enseignants et les ONG partenaires.
Quand on sait que l’initiative alimentaire scolaire d’une manière générale, vise à encourager les ménages pauvres à envoyer et à maintenir leurs enfants à l’école, à briser le cycle de la faim, de la pauvreté et de l’exploitation des enfants dans les régions défavorisées; à offrir d’importants avantages sur le plan nutritionnel et à contribuer à soutenir l’économie rurale, il est nécessaire pour l’Etat de prendre des mesures drastiques pour inverser la courbe. Et comme les autorités ont de la peine à se rendre à l’intérieur du pays, c’est donc une aubaine pour les responsables scolaires de certaines localités de se couler douce. Car, les vivres destinés aux cantines scolaires se retrouvent dans les marmites des enseignants et des organismes partenaires du projet. Pour la simple raison que les élèves peuvent rester des mois sans avoir un plat à mettre sous la dent. Des détournements de vivres, des effectifs d’enfants inscrits à la cantine majorés pour justifier d’une sortie plus importante de vivres (riz, haricot, huile)… Ce sont là quelques-uns des manquements que l’on constate au niveau des cantines scolaires de certaines écoles. « Les auteurs de ces fraudes se chargent ensuite de récupérer la différence pour leur propre compte ou en partage avec leurs complices », nous informe un cadre d’un CAP sous le sceau de l’anonymat.
De tels actes de la part d’éducateurs mettent à mal les efforts pour donner le bon exemple aux apprenants, mais aussi et surtout au sein des communautés.
Le gouvernement doit mettre une mission de contrôle en branle afin de sanctionner les mis en cause, afin que leurs cas servent d’exemples et que de tels actes, contre lesquels le désormais ex-ministre de l’Education Housseini Amion Guindo a essayé de sévir, ne se répètent plus.
De tels comportements de la part d’éducateurs sont inadmissibles. Il faut en appeler au sens du devoir d’exemplarité vis-à-vis des apprenants, au sens de responsabilité qui leur incombe dans leurs communautés de vie. Il faut que des mesures disciplinaires soient prises à l’encontre des intéressés conformément aux textes en vigueur.
A suivre !
Paul N’GUESSAN
Source: Mali-Horizon
