Chers concitoyens,
Le Mali se dirige vers une étape importante de son histoire politique et sociale : l’élection présidentielle du 29 juillet 2018. En prélude à ce scrutin déterminant pour l’avenir du pays, une forte dynamique s’empare de toutes les composantes de la société tant civile que politique. J’en suis fort heureux.
Cela traduit la vitalité de notre démocratie et constitue un témoignage fort de notre attachement à l’avenir du pays.
L’élection du 29 juillet se tiendra dans un contexte particulier, celui de l’insécurité et des difficultés économiques qui frappent de plein fouet les populations du pays.
Pour rappel, depuis mars 2012, le Mali est secoué par une crise profonde. Cette crise, née du conflit dans le septentrion national a affecté le mode de fonctionnement de notre société.
Le tissu social, jadis imperméable, s’est fortement détérioré tandis que s’implante inéluctablement et dangereusement le repli identitaire un peu partout à travers le pays.
Les conflits intercommunautaires en cours au nord et au centre du pays confirment cette malheureuse tendance. S’y ajoutent une augmentation exponentielle de la criminalité et du narcotrafic. Tout cela, dans un contexte de désespoir général.
En septembre 2013, les Maliens dans leur grande majorité avaient porté Ibrahim Boubacar Keita à la magistrature suprême. Evènement historique, car le pourcentage des voix exprimées en sa faveur restera certainement dans les annales de l’histoire politique de notre Pays.
Le peuple, brisé dans sa dignité, avait placé en l’homme un espoir absolu, en lui faisant endosser le costume de sauveur du pays face au chaos programmé.
Malheureusement, l’exercice du pouvoir a ses réalités et ses contraintes que celui qui prétend l’acquérir ignore, souvent.
Quatre ans après les élections, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Des espoirs d’hier ont accouché des désespoirs d’aujourd’hui. Nombre de maliens se sentent trahis et utilisent à leur aise la métaphore footballistique de « l’autogoal ou yabé » afin de traduire au mieux leur regret.
La pauvreté grandit chaque jour, le dénuement matériel, l’insécurité galopante, ont fini par plomber les espoirs d’une frange de la population et saper les efforts du gouvernement dans la relance des secteurs de développement économique et social.
Ces différents facteurs combinés ont débouché sur le sentiment général de l’échec du régime IBK, à telle enseigne que les élections de juillet 2018 s’annoncent comme un duel non pas contre un régime, mais contre un homme : Ibrahim Boubacar Keita.
Ainsi, à quelques mois de l’élection présidentielle, le paysage politique national offre un spectacle inouï : des associations acrobates et satellites avec des slogans creux, des alliances contre nature, des retournements de veste qui frisent le ridicule. Le tout, dans une atmosphère d’opportunisme politique qui ne dit pas son nom.
Dans cette ambiance carnavalesque où les déclarations de candidature deviennent effets de mode, l’une des questions essentielles est de savoir l’intérêt avec lequel tout ceci rime. Car il s’agit réellement de notre foyer commun : le Mali –notre unique bien collectif et l’héritage de nos ancêtres.
Pour sauver ce trésor commun, en tant que société civile, il est nécessaire que l’on se pose une question avec toute la gravité qu’elle implique :
- Que voulons-nous réellement pour l’avenir de notre pays ?
C’est en répondant à cette question qu’on va pouvoir dresser le profil idéal du candidat à choisir en juillet prochain. Un homme ou une femme qui soit capable de conduire le projet commun d’un Mali en paix, un Mali de justice, de prospérité pour tous.
Face à la prolifération des candidatures, l’on est en droit de se demander si tous les candidats déclarés répondent à ce critère. Certainement, non. C’est pourquoi, il est important de faire un travail citoyen, le seul qui vaille, celui de la vigilance absolue, du passage au crible et à la loupe des différents candidats :
Qui sont-ils? Que veulent-ils ?Que proposent-t-ils aux épreuves que traverse le pays ?Quelle(s) solution(s) pour l’école, la santé, l’eau, l’énergie? Comment comptent-ils s’y prendre ?Voilà autant de questions que ces candidats devront tenter de satisfaire pour avoir droit à notre confiance.
Certes, l’éclatement actuel du paysage politique rend moins évidente cette entreprise. Mais elle s’impose comme une nécessité absolue. C’est elle qui nous permettra de séparer le bon grain de l’ivraie, de connaitre le véritable homme de vision, différent du politicien de salon sans conviction et dont le programme se résume à sa famille, à son clan, à ses copains.
Dans cette entreprise qui s’annonce complexe, les medias joueront un rôle important notamment dans la sensibilisation des citoyens-électeurs que nous sommes et dans l’instauration d’un véritable débat politique.
Des cercles de confrontations d’idées doivent se multiplier, et les candidats à y être conviés.
C’est seulement dans une telle démarche que le Mali pourra montrer à la face du monde, si besoin il en était, sa maturité démocratique.
Reste à espérer que les élections de juillet 2018 soient des moments de mobilisation et de communion autour du Mali, rien d’autre que le MALI ! Il y va de notre crédibilité en tant que Nation.
Chers concitoyens,
Un des enjeux majeurs d’une élection demeure toujours la participation des citoyens. Pour cause de désespoir, certains peuvent être tentés de s’abstenir. C’est aussi un message. Mais de notre point de vue, le choix de l’abstention n’est pas pertinent dans le contexte actuel du pays. Les opérations de distribution des cartes d’électeurs commenceront bientôt. Elles doivent faire l’objet d’une forte mobilisation, car l’acquisition de ces cartes est le moyen d’exprimer notre volonté le 29 juillet : l’alternance ou le maintien.
Ces deux slogans qui cristallisent aujourd’hui l’essentiel des discours politiques au Mali, doivent être l’opportunité pour chacun d’exprimer son opinion dans une dynamique constructive. Ils ne doivent pas constituer une pomme de discorde qui va déboucher sur des déchirures dont notre pays n’a plus besoin. Le Mali a assez souffert. Du début de la crise à aujourd’hui, combien de victimes civiles et militaires ? Combien de veuves et d’orphelins ? Combien de vies brisées ?
Le sort du régime actuel dépendra de ce que les Maliens décideront le 29 juillet. Quelle que soit l’issue de cette élection, il est essentiel de garder à l’esprit que le Mali reste notre seul bien commun. Les maliens du nord au sud, de l’est à l’ouest, ceux de la diaspora, tous, n’aspirent qu’à la paix, seulement à la paix.
Qu’Allah bénisse notre nation et la préserve de tout ce qui peut mettre en péril son existence et le bien-être de ses enfants.
Amadou MARIKO, militant de la société civile.
E.mail : amarik222@yahoo.fr
Source: Le Pays