Il y a deux semaines, j’écrivais que l’opposition avait un problème d’unité ou disons qu’il y avait plusieurs oppositions. Avec la création des bâtisseurs, la preuve est venue du milieu. Mieux, les bâtisseurs prennent leurs distances avec l’autre frange que je qualifierais volontiers de casseurs. Quand ceux-ci ont bravé l’interdiction frappant la marche du 2 juin, c’est du bout des lèvres qu’il y a eu des messages de la part des bâtisseurs. Ceux-ci sont des personnes responsables, qui n’appellent pas à mettre le pays par terre pour accéder au pouvoir.
Parmi eux, on note la présente de Modibo Sidibé, de Moussa Mara (aux dernières nouvelles, il aurait pris ses distances), Poulo, Moussa Sinko, etc. Du côté des casseurs, le chef de file de l’opposition en est la tête de proue flanqué de Ras Bath dans le rôle de celui qui appelle à la castagne et de Tiébilé Dramé dans le rôle de l’agitateur-propagandiste. Le point commun à ces trois (qui se ressemble s’assemble), c’est leur faculté à mentir. On savait qu’ils se débrouillaient bien, mais à l’occasion de la marche, leur capacité à prendre des libertés avec la liberté a surpris plus. Soumi a été le premier à allumer la mèche d’une série de quatre mensonges tous démentis les uns après les autres.
Le premier gros mensonge, c’est quand Soumi a relayé sciemment la fausse information qui consistait à dire que le cortège du Premier ministre a tiré à balles réelles sur les manifestants massés devant le siège de ADP-Maliba. Avant même que le démenti du premier ministre ne tombe, de nombreux manifestants étaient dubitatifs. Nos militaires ont beau être des nullards, mais ne pas pouvoir faire, ne serait-ce qu’un blessé, cela dépasse l’entendement. Pire pour Soumi, aucun blessé par balles n’a été enregistré dans les hôpitaux ou cliniques. Même Djimé Kanté qui mettait un zèle particulier à compter les blessés n’a pu trouver un seul blessé par balle.
Le deuxième gros mensonge concerne le Chérif de Nioro. Lors de la marche, Tiébilé Dramé exhibait quelqu’un de la famille du Chérif comme un trophée de guerre et qui aurait été envoyé pour représenter Bouya. C’est à peine s’ils n’ont déclaré que Bouya aurait voulu lui-même se joindre à la marche n’eût été son âge et ses occupations. Mais manque de pots pour Soumi et ses menteurs invétérés, samedi soir déjà, Bouya faisait dire par son fils Moulaye Oumar qu’il n’a envoyé personne le représenter et qu’il exhortait les uns et les autres à plus de retenue et de sagesse.
Le troisième gros mensonge concerne la Minusma. C’est connu, plus un mensonge est gros, plus ça peut prendre. Et la fabrique de fake news tourne à plein régime, Soumi ne se refuse rien et ne recule devant rien. Il fait annoncer le plus tranquillement du monde que la marche d’aujourd’hui allait être encadrée par les forces internationales. La Minusma a réagi au quart de tour à travers un démenti cinglant.
Le dernier gros mensonge en date concerne l’Union européenne. A travers une structure extérieure à l’UE, mais partenaire, il fait rédiger une note abracadabrantesque. La vision qui y est décrite est tout simplement apocalyptique. Comme pour les précédents, l’Union européenne a aussi produit un démenti.
Je suis persuadé que Soumi se trompe de pays et d’époque. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis où les fake news ont joué un rôle prépondérant dans l’élections de Trump. Ici, c’est le Mali. Le pays où on ne peut pas se permettre de mentir et vouloir être un leader ou un Président.
Soumi aime tellement les fake news qu’il doute de lui-même. Si, si, il doit se demander si c’est bien lui, si c’est lui le député, si c’est bien lui le chef de file l’opposition malienne, s’il est bien au Mali. En effet, aussi bien les marcheurs que ceux qui regardent les réseaux sociaux et les télévisions ont vu notre Soumi champion porter son écharpe à l’envers. Rater le jour qui devait être le sien, il n’y a qu’un fabricant de fausse nouvelle et colporteur de mensonges pour réussir une telle prouesse. Il a aussi réussi la prouesse d’appeler les gens à marcher et de disparaître au cours de sa marche pour se retrouver dans sa voiture portant un masque. Qu’il ne marche pas par solidarité ou pour montrer la voie à suivre, passe encore ; mais ce qui ne passe pas c’est son égoïsme. Tout le monde l’a vu, portant seul un masque. Il aurait pu, dès lors que le risque de croiser des gaz lacrymogènes était très élevé, approvisionner les marcheurs en masques afin d’en atténuer les effets. Mais non, notre bonhomme, fidèle à lui-même (on ne change pas à 70 ans) n’a pensé qu’à lui-même, à lui seul, à lui uniquement. Les autres peuvent crever, ce n’est pas son problème.
Soumi n’est pas le seul à se moquer des autres. Il y a le fameux Ras Bath. Il devait être l’attraction de la marche. Il devait occuper le premier rang et galvaniser les marcheurs. Mais il a fait faux bond. Du début de la marche à sa dispersion et à sa fin, nulle trace de celui qui avait pourtant demandé aux marcheurs de sortir chacun muni de son cercueil. On ne l’a aperçu ni dans les rues ni sur les réseaux sociaux. Ce n’est que le lendemain dimanche qu’il a émergé à l’occasion de la conférence de presse ou disons du meeting organisé à la Maison de la presse. Et comme Soumi, il est resté égal à lui-même : gueulard, sans gène et sans honte. Il a tenté une explication de sa fuite qui a laissé les gens sans voix. Selon lui, il a appris que des instructions ont été données pour qu’on le capture, raison pour laquelle il est resté caché. « Ils peuvent courir ceux qui veulent m’arrêter parce que je dispose de plusieurs endroits pour me cacher en toute sécurité » a-t-il dit sans rire. Voilà quelqu’un qui passe son temps à insulter la terre entière, qui appelle à la mobilisation générale, qui incite à la violence mais qui se dit toujours disposer à chercher la cachette la plus proche et la plus discrète pour se planquer. En clair, Ras Bath ne joue au bravache que quand il est entouré par des jeunes sans repères qui le suivent ou quand il est sous l’effet de substances. Ce qui est clair, c’est que l’estime que certains avait pour lui a considérablement fondu comme beurre au soleil. Il ne sera perçu que comme un froussard doublé d’un mythomane. Même s’il devait sortir seul pur affronter les policiers, les forces de l’ordre aujourd’hui, son mythe a pris un sérieux coup.
Avec la marche et surtout le lot de mensonges qui l’a accompagnée, mensonges démentis les uns après les autres, Soumi a prouvé qu’il a des officines, de vraies fabriques de faux. En cela, il veut sans doute suivre l’exemple sur l’élection américaine où les fake news ont joué un rôle primordial. Mais ici c’est le Mali, pas les USA. Un menteur ne peut pas prétendre diriger le pays. Surtout quand en plus c’est un serial menteur.
Mais à la vérité, Soumi s’est montré en dessous de tout. Surtout en dessous de sa fonction de chef de file de l’opposition. Pire, surtout en dessous de son rôle de député. Il n’est pas digne d’être un élu des populations. Sur les sujets qui lui servent d’alibi ou de prétexte pour dénigrer son pays en battant le pavé, je ne parlerai pas des élections dans la mesure où les cartes d’électeurs ont commencé à venir et leur distribution est programmée pour commencer le 20 juin. Soit dit en passant, Soumi a été incapable d’envoyer un représenter de son parti à l’accueil (ç’aurait été sûrement un désaveu en direct pour quelqu’un qui ne veut pas des élections mais qui n’est pas assez courageux pour le dire). Je vais m’appesantir sur le cas de l’ORTM. Je ne parlerai pas de son silence quand l’Adéma a fait dix au pouvoir et qu’il était tous les jours à la télévision. Je ne parlerai pas non plus des 10 ans de ATT, un pouvoir qu’il a accompagné sans réserve et sans retenue et qui a fait de l’ORTM un instrument de management. Et voilà que subitement, tout à coup brusquement comme dirait l’autre, Soumi veut mettre le feu au pays au motif qu’il faudrait une égalité dans l’accès à, l’ORTM. Tout le monde sait qu’il fait de l’intox. Il sait qu’il y a un organe qui arbitre au moment de la campagne électorale afin que tous les protagonistes aient le même temps d’antenne. Pendant les autres moments de la vie, l’ORTM couvre les activités qui se mènent. A ma connaissance aucune activité de l’URD n’a été boycottée. Dernièrement, toutes les activités de l’opposition ont été couvertes : investiture de Soumi, conférence nationale du Parena, marche du 2 juin, conférence de presse du 3 juin. Cette couverture s’est faite aussi bien en français qu’en bambara.
Je disais qu’il s’était montré en dessous de tout. En effet, en Afrique c’est le seul chef de l’opposition qui dispose d’un budget de 500 millions par an. En deux ans, Soumi champion a palpé 1 milliard. Ce budget mis à sa disposition fait fonctionner son cabinet afin que les membres puissent réfléchir sur comment rendre notre démocratie plus confortable. Cela passe par exemple par des propositions de lois à soumettre à discussion afin d’être votée. Si Soumi voulait vraiment que la situation de « caporalisation » de l’ORTM cesse, il aurait pu, il aurait s’en saisir sereinement, au niveau de son cabinet, pour faire des propositions afin d’améliorer. Un tel travail aurait été apprécié et certainement voté par ses collègues députés. Mais comme il est dans le show, il a préféré attendre deux mois des élections pour se livrer en spectacle. Il fait pitié le Soumi.
Source : La nouvelle république