Les agissements de ces dernières jours du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), traduisent leur intention d’usurper la gestion de la transition.
Le M5-RFP dévoile son visage au fur et à mesure que les jours passent. Dans sa logique de renverser le pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Kéita, le mouvement a organisé des manifestations à la place de l’Indépendance pour réclamer sa démission. Malgré les multiples propositions de sortie de crise faites à son endroit par le Président Kéita et son gouvernement, ainsi que la CEDEAO n’ont pas clamé les ardeurs du M5-RFP. L’intention est désormais connue : obtenir coûte que coûte le pouvoir. Démocrates qu’ils se proclament à qui veut les entendre, les hommes politiques du mouvement tels Choguel Kokalla Maïga, Oumar Mariko, Mountaga Tall, Modibo Sidibé ont foulé aux oubliettes la notions « la voie des urnes » pour accéder au palais de Koulouba.
Ce projet sera un échec, car les militaires ont damé le pion au M5-RFP, par leur coup d’Etat contre le Président IBK, démocratiquement élu et dont le mandat prend fin en septembre 2023. C’était le 18 Août dernier. Le nouvel homme, Colonel Assimi Goïta, dicte la conduite à tenir, qui ne satisfasse pas les ambitions du M5-RFP qui, se sentant oublié, s’est invité à Kati la semaine dernier pour ce qu’il a qualifié de « prise de contact avec le CNSP ».
La préoccupation aujourd’hui est la gestion de la transition. Qui va la présider pour quelle durée ? Une épée de Damoclès qui pèse sur le CNSP qui dans son « Acte de Transition » désigne d’office le colonel Assimi Goïta, président de la transition, par ricochet Chef de l’Etat. Un acte vivement décrié par la CEDEAO. Le Sommet extraordinaire des Chef de l’Etat de l’institution sous-régionale a tracé la voie à suivre, celle selon laquelle le Président et le Premier ministre de transition ne doivent être que des civils, des personnalités reconnues pour leurs qualités professionnelles et leur probité intellectuelle et morale.
Les différentes actions du CNSP dans l’intérêt du peuple sont scrutées à la loupe, la dernière en date est la rencontre d’ « échanges sur l’organisation de la Transition » avec toutes les couches sociopolitiques du pays, notamment le Conseil National de la Société Civile, le Forum des Organisations de la Société civile, le Mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali Issu du processus d’Alger, le Groupement des partis politiques de la majorité, le Groupement des partis politiques de l’opposition politique, le Groupement des partis politique du Centre, et les Partis politiques non alignés. Ce énième acte a sorti le comité stratégique du M5-RFP de son gong.
Toujours dans la déstabilisation
Accéder au pouvoir par tous les moyens. Le M5-RFP ne manque pas de stratégie pour y parvenir. Il veut être privilégié dans les négociations, refusant d’être traité au même titre que les autres Maliens, mais que des « patriotes spécifiques ». Le Président séquestré, IBK, n’est en effet le problème du Mali. Ces politiques trop cupides en sont pour beaucoup.
Après IBK, la manœuvre continue. A travers son communiqué du N°008 du vendredi 28 Août 2020, signé de Choguel K. Maïga, le Comité Stratégique du M5-RFP « regrette de n’avoir pas été invité à ladite rencontre » et exige d’être « associé au premier plan à la conception de l’architecture de la Transition avec l’ensemble des forces vives de la Nation ».
Auparavant, c’est l’autorité morale du M5-RFP qui est monté au créneau. Dans son discours d’hommes aux morts des manifestations du mouvement, le vendredi dernier au Palais de la Culture, l’imam Dicko a mis la pression sur la junte, quand il déclare: « J’ai un message clair à faire passer ! Désormais personne ne donnera un chèque en blanc aux jeunes du CNSP. Personne ne fera ce qu’elle veut de façon anarchique dans ce pays, c’est fini. Permettez-moi de saluer les jeunes héros qui sont venus parachever les luttes de plusieurs jours. Je leur demande de tenir leur parole. Ce sont nos frères et nos enfants. Je leur demande de ne pas commettre les mêmes erreurs que les anciens. Qu’ils s’asseyent avec le M5 ainsi que toutes les forces vives pour parler dans la dignité et dans l’entente. Qu’ils arrêtent de se la jouer solitaire dans leur coin ! Ils sont enfermés là-bas dans leur coin, les gens y font des va-et-vient ».
Cette sortie est le signe manifeste de sa soif du pouvoir. « Le communiqué du CNSP du 28 Août 2020, énumère les forces vives de la nation dans un esprit d’inclusivité. Pour le CNSP aucune force ou regroupement politique n’est exclue », a répliqué le CNSP sur sa page Facebook. Le M5 veut être le seul privilégié alors que le CNSP veut privilégier tout le monde.
Le projet éternel de déstabilisation de la junte pour accéder au pouvoir fait corps quand certains responsables du M5-RFP, après leur rencontre avec le CNSP, foncent dans la séduction. Dr Choguel Maïga déclare à RFI: « Notre souhait, c’est qu’il y ait une articulation harmonieuse entre les positions du M5-RFP et celles du CNSP. Cette première rencontre ne pouvait pas nous permettre d’aller au fond du débat. Le document que nous avons élaboré vient d’être remis au CNSP, et nous avons convenu que nous aurons une deuxième séance de travail. » Et Issa Kaou Djim, de renchérir : « Je dirais que le malentendu a été dissipé, et nous allons avancer dans l’intérêt du peuple malien. En essayant d’avoir des concertations, de montrer que c’est l’armée du peuple, qu’elle a un caractère inclusif. C’était bon de créer un cadre de concertation. »
« Le M5 est à Kati pour solliciter d’un traitement de faveur dans la gestion du pouvoir transitoire », a dénoncé Tièoulé Djigui Sidibe sur Facebook.
Le CNSP doit travailler avec l’ensemble des forces vives de la nation et non le M5 seulement.
Source: L’Observatoire