La grève l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) du lundi 12 juillet, pour cause du prélèvement de 5 000 FCFA sur les trousseaux des étudiants et de retard de paiement des bourses de certains étudiants au titre de l’année universitaire 2019-2020 se prête à une campagne de diabolisation du Centre national des œuvres universitaires (CENOU).
Dans son préavis de grève du vendredi 02 juillet 2021, l’AEEM dénonçait la non-participation des détenteurs de licences LMD aux concours nationaux de recrutement à la fonction publique et à l’école nationale d’Administration(ENA), les retards liés à la perception des bourses et trousseaux depuis l’année scolaire 2019-2020, le prélèvement d’un montant de 5000 fcfa sur les trousseaux des étudiants annoncé lors du dernier conseil d’administration du CENOU, et la non application effective de la feuille de route mise en place par le gouvernement précédent en janvier 202.
Mais, dans une note technique, le CENOU apporte tous les éclairages sur deux doléances mentionnées : le prélèvement de 5000 F CFA sur les trousseaux de certains étudiants, et le retard dans le paiement des bourses et des trousseaux de certains étudiants au titre de l’année universitaire 2019-2020.
En effet, étant un Établissement Public national à caractère Administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière, le CENOU est chargé de la gestion des aspects non académiques de la vie des étudiants, la contribution à l’amélioration de leurs conditions de vie à travers la gestion des allocations financières, le logement, le transport, la restauration, les activités sportives et de loisirs, la prise en charge sanitaire par les premiers soins. Ainsi, le règlement intérieur adopté par son Conseil d’Administration à travers la délibération N°08 004 du 08 Mai 2008 a subordonné le bénéfice des œuvres universitaires au versement par les étudiants nationaux d’une contribution forfaitaire de 5000 FCFA.
Afin de couvrir les besoins de plus en plus croissants des étudiants en matière d’œuvres universitaires, précise la note technique, le Conseil d’administration a adopté en 2013 la délibération N°2013-002 portant adoption et mise en œuvre des mesures relatives à l’amélioration des ressources propres du CENOU qui stipule en son article 1er que « Pour l’amélioration des ressources propres du CENOU, il est institué une contribution forfaitaire annuelle de 2500 FCFA par étudiant ».
Selon le CENOU, pour faciliter le recouvrement desdits montants (5.000 F d’une part et 2.500 F d’autre part), il a été retenu après échange et négociation avec le bureau de coordination de l’AEEM que le montant de 5000 F sera prélevé directement sur la bourse ou la demi-bourse et le montant de 2500 F prélevé sur les trousseaux pour ce qui concerne les anciens étudiants. Les nouveaux étudiants procèdent au paiement au moment des dépôts de demande de bourse. Ainsi, de 2013 à mars 2021, le montant de 2.500 F CFA était prélevé sur le trousseau des étudiants réguliers, et 5.000 F CFA sur la bourse ou la demi-bourse des étudiants boursiers. « La mise en œuvre des deux délibérations a révélé que les étudiants réguliers boursiers contribuent finalement à hauteur de 7500 F par an (5000 F sur la bourse et 2500 sur le trousseau) pendant que les étudiants réguliers non boursiers contribuent à hauteur de 2500 F sur le trousseau. Par ailleurs, les étudiants non réguliers et étrangers, bien que bénéficiaires des œuvres universitaires ne paient aucune contribution », renchérit la note technique.
Pour se soustraire à toute forme de discrimination, la session du Conseil d’Administration du 10 mars 2021 a, après une analyse approfondie de la question de la contribution des étudiants aux œuvres universitaires et sur proposition de la direction, décidé d’harmoniser le montant payé au titre de ladite contribution et de retenir le montant unique de 5000F à travers la Délibération n°2021-22/CA-CENOU du 10 mars 2021.
Quant au paiement des bourses 2019-2020, le CENOU a procédé au traitement de tous les dossiers reçus des IES à la date d’aujourd’hui. Le traitement des dossiers avait connu un arrêt suite à la démission du gouvernement et cela en raison de la non possibilité de signature des décisions d’attribution des bourses. Pour rappel, lesdites décisions sont signées par le Ministre chargé de l’Enseignement Supérieur.
Destination des fonds
Comme tout étudiant en est conscient, le paiement de la contribution aux œuvres universitaires donne droit à la carte CENOU et aux bénéfices des œuvres universitaires. Les fonds générés contribuent à l’amélioration des services offerts aux étudiants, notamment l’amélioration de la couverture médicale des étudiants (la construction et l’équipement des centres de santé de Ségou et Koulikoro, le recrutement du personnel de santé pour assurer la continuité des soins dans les centres (infirmiers d’État et interne de la FMOS), la gratuité des prestations (consultations, soins infirmiers, observations, transports des malades, etc., la gratuité des médicaments disponibles dans les pharmacies des centres de santé du CENOU, opérationnels 24H/24). Mais aussi le renforcement du dispositif d’accompagnement social des étudiants, à savoir l’assistance aux étudiants nécessiteux non éligibles à l’aide sociale ; la prise en charge gratuite des étudiants démunis, malades ou autres cas sociaux nécessitant l’accompagnement ; l’accompagnement social des résidents dans les campus à l’occasion du mois de Ramadan et les fêtes religieuses ; l’accompagnement des étudiants handicapés par la dotation des tricycles et des prothèses auditives ; la prise en charge gratuite des blessés lors des affrontements sur les campus ; et la prise en charge des étudiants en cas d’accident et de décès.
Par ailleurs, ces prélèvements participent aux soutiens matériels et financiers aux activités pédagogiques et les sorties récréatives (appui financier pour le congrès de l’AEEM, voyages pédagogiques et récréatives, et les semaines de l’étudiants des différents comités AEEM et du bureau de coordination ».
Etudiant malien très favorisé
Comparativement au Togo, les étudiants maliens sont extrêmement favorisés. La carte de transport qui coûte 7.200 F CFA par an est à 6.500 F CFA par mois au Togo et 7.500 F CFA en moyenne par mois à Abidjan. Cette même carte est valable pour les bus de Bamako, Koulikoro et Ségou. Le tarif de cession des plats dans les restaurants universitaires varie entre 250 F à 300 F CFA dans les cantines gérées par le CENOU, soit une diminution du prix du plat à hauteur de 40%, contre 500 F CFA par plat au Togo. Les frais de logement dans les résidences universitaires subventionnés, les chambres coûtent entre 10.000 et 30.000 F CFA par an et par étudiant alors qu’au Togo, les chambres coûtent entre 55.000 et 128.000 F CFA par an.
Les conditions d’hébergement et de sécurité dans les campus sont améliorées par la gratuité de la connexion à l’internet dans les résidences universitaires, les services de gardiennage et de sécurité (des fouilles régulières des chambres par les forces de sécurités), la mise à disposition de chaque étudiant de kits d’hébergement (matelas, drap, moustiquaire, service de nettoyage, poubelles, etc.), et la mise en service d’un centre commercial (avec articles subventionnés) et d’une salle de sport à Kabala, l’amélioration de la communication au CENOU .
Quid du traitement des bourses et trousseaux de 2019-2020 ?
Selon les explications données par le CENOU, le retard de paiement des bourses et trousseaux pour l’année universitaire 2019-2020 de certains étudiants est dû à la non réception par le CENOU, des résultats académiques de l’année universitaire 2018-2019 de certains établissements d’enseignement supérieur, notamment la FSEG, la FHG, l’IUG et la FDPRI. Alors que ces documents sont nécessaires au CENOU pour le traitement des allocations financières 2019-2020. Au même moment, les bourses et trousseaux de certains bacheliers de 2019 sont toujours dans le circuit de paiement au trésor. Il s’agit surtout des cas d’inscription en retard et de création tardive des comptes SAMA Money. Cependant le CENOU a posé des actes ayant contribué à la réduction du temps de traitement des allocations financières à travers l’amélioration du système intégré de gestion SIGOU.
Au regard des autres pays de la sous-région, il ressort qu’à l’instar du paiement des frais d’études, celui d’une contribution au bénéfice des œuvres universitaires est une condition admise et appliquée un peu partout dans le monde.
La direction du CENOU ne doit pas lâcher du lest, sa dynamique pour une école apaisée et studieuse doit être maintenue.
Cyril Adohoun