Après le départ du Président IBK de la tête de l’Etat, les Maliens ont fondé l’espoir de voir leur calvaire estompé. Le colonel Assimi Goïta a été acclamé et réclamé par une partie du peuple pour faire sortir le pays de sa situation difficile de l’époque. Un an après le coup d’Etat contre un pouvoir démocratiquement élu, l’heure vacille entre espoir et désespoir.
Demain mercredi 18 août 2021. Cela fait justement un an que le Président démocratiquement élu, Ibrahim Boubacar Keita, a quitté le pouvoir au bout des contestations du M5 RFP contre son régime, parachevées par un coup d’Etat militaire, le 18 août 2020.
De cette date à ce mercredi 18 août 2021, le premier anniversaire est célébré dans un contexte plus ou moins de regret. Le Mali ne connaît toujours pas d’accalmie. Il semble plonger davantage dans une spirale de crise notamment la crise au centre, la mauvaise gouvernance, le front social…
Une cinquantaine de mort
Un an après IBK, c’est le statuquo, pratiquement rien n’a changé. La situation s’empire quand on regarde la recrudescence des attaques contre des populations civiles au nord et au centre du pays. Quatre villages de la commune de Ouatagouna ont été simultanément attaqués par des individus non identifiés, le dimanche 8 août dernier. Bilan une cinquantaine de mort enregistrée.
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A cela, il faut ajouter l’interdiction faite par les groupes armés non identifiés, aux populations de nombreux villages des cercles de Douentza et de Koro, habitantes le long de la frontière avec le Burkina Faso, de pratiquer des travaux champêtres en cette période hivernale.
Un an après IBK, le flou entoure la gestion des vraies questions de la nation, les priorités donc. La bataille pour les postes et les avantages du pouvoir, par des politiciens endimanchés au sein du CNT et de l’exécutif, remplace celle que le régime d’IBK était en train de mener contre les ennemis de la nation, sur le territoire national.
Des observateurs avertis de la scène nationale et internationale conviennent que la situation dans le pays n’a pas du tout évolué. Elle serait même dégradée. « Nous avons du mal à retrouver le chemin, un an après IBK », regrette Mohamed Maïga, DG Aliber Conseils, participant au débat du dimanche d’Africable Télévision.
Sur le plateau de la chaîne du continent, les intervenants ont presque déclaré que le temps a donné raison au régime déchu en août 2020, sous l’œil vigilant du célèbre journaliste animateur du débat, Sékou Tangara.
Démagogues
Vilipendé et qualifié de tous les noms d’oiseaux jusqu’à sa chute, le pouvoir d’hier est mille fois plus démocratique et légitime que le plat qui nous a été servi, constate un acteur politique, qui fulmine que, sous nos yeux, les nouveaux maîtres qui ont promis ciel et terre s’érigent en véritable démagogues, assoiffés des privilèges, préoccupés de se remplir les poches sur le dos du contribuable malien abusé et manipulé.
A présent, pendant que le pays se consume à petit feu, entre les actions des groupes armés non identifiés, la vie chère, le front social agité par le très puissant syndicat des enseignants signataires du 16 octobre 2016, appuyé par la deuxième grande centrale du pays, la CSTM. La méthode toute trouvée par le locataire de la primature Choguel Kokalla Maiga, arrivé en ces hauts lieux de la nation par le biais des contestations enregistrant des bâtiments publics et privés incendiés et saccagés, des biens des personnels brûlés, et causant des morts, paraît être celle qui consiste à contourner les priorités essentielles.
La preuve, la tournée effectuée dans la région de Sikasso et de Ségou, à la rencontre des acteurs du monde agricole, est loin d’être l’attente de la majorité des Maliens qui aimeraient le voir sur des chantiers du retour de la paix et du vivre ensemble, de l’organisation à date des prochaines élections. Alors, tout ça pour ça ?
Cloîtré dans ses bureaux de Koulouba, le président de la Transition Assimi Goïta doit être alerté par ces temps qui courent. Un chef doit aller au contact de son peuple, lui parler, lui donner des assurances que des dispositions sont prises contre ses souffrances. Prendre de la distance serait suicidaire, autant que déléguer sa mission à une personne qui n’a aucune légitimé populaire, encore moins la caution de la classe politique ayant une assise nationale. L’espoir nourri par le peuple n’est toujours pas au rendez-vous.
Avant que le réveil ne soit brutal au sommet de l’Etat, il est important de méditer ce proverbe de Marie José Thériault, écrivain française, chroniqueuse littéraire, éditrice, danseuse et chanteuse : « un pouvoir partagé, c’est un pouvoir décru ». Et Jacques Chirac, ancien président français de le confirmer : « Le pouvoir ne se partage pas ». Une évidence.
Ousmane Morba
L’Observatoire