La présidence du Centre Ouest Africain de services scientifiques sur le changement climatique et l’utilisation adaptée des terres (WASCAL) est assurée par le Mali. Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Pr. Amadou Keita, est désormais le nouveau président élu du Conseil des ministres pour deux ans.
L’information a été donnée à travers une conférence de presse de présentation de WASCAL, tenue le vendredi 17 septembre dernier au Ministère de l’Enseignement supérieur après une cérémonie de passation de service tôt dans la matinée entre le président entrant de WASCAL, Pr. Amadou Keita et le sortant Mamoudou Djobo Ph.D., non moins ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche du Niger.
« En venant passer le témoin, je suis animé d’un sentiment d’assurance car le Mali joue son rôle », a déclaré d’entrée de jeu, le ministre nigérien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, selon lequel le Mali « n’a aucun arriéré avec WASCAL. Cela rassure davantage car l’équipe est dynamique, honnête, il n’y a que des travailleurs ».
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Les chantiers auxquels fera face le nouveau président du Conseil des ministres de WASCAL sont d’œuvrer pour couvrir l’ensemble des pays de la CEDEAO, de réussir à faire de WASCAL le bras technique de la CEDEAO car les questions de terre sont plus préoccupantes pour l’institution régionale, et de faire bouger les Etats de l’organisation dans la régularité de leur contribution financière.
De son côté, Pr. Amadou Keita a rassuré de « travailler pour consolider les acquis », car le changement climatique reste une préoccupation majeure pour la sous-région ».
Quid de WASCAL ?
Créée en 2012, par 10 pays d’Afrique de l’Ouest (Benin, Burkina Faso, Cote d’Ivoire, la Gambie, Ghana, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Togo), WASCAL est une organisation internationale à but non lucratif entièrement ouest-africaine dans le domaine du changement climatique. L’adhésion du Cap Vert a été approuvée le 30 juillet 2019 et les quatre pays restants de la CEDEAO (la Guinée, la Guinée Bissau, le Libéria et la Sierra Léone) sont engagés dans le processus d’adhésion.
Selon le Directeur exécutif de WASCAL, Dr Moumini Sawadogo, l’Afrique de l’Ouest fait déjà face aux conséquences des changements climatiques, l’une des principales urgences mondiales actuellement. On observe un réchauffement progressif spatialement variable atteignant 0,5° C par décennie ces dernières années. Les effets déjà ressentis à travers les inondations et sécheresses aux durées et amplitudes importantes exacerbent notre processus de développement et appellent à des actions vigoureuses d’accroissement de la résilience de nos systèmes de vie. Le groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat continue de tirer sur la sonnette d’alarme sur les risques graves du manque d’actions pour prévenir et lutter contre les changements climatiques. « La science et l’innovation technologique doivent être les moteurs des actions d’accroissement de la résilience climatique et de développement durable. C’est ce que nos pays ont compris en créant WASCAL », a fait savoir le Directeur exécutif.
WASCAL a pour mission de renforcer les capacités scientifiques, et de fournir des informations et des connaissances nécessaires sur le changement climatique, aux Etats membres aux effets néfastes du changement climatique afin de les aider à bien définir leur politique environnementale et à y faire face. Pour réaliser cette mission, WASCAL s’est fixée pour objectifs d’améliorer l’infrastructure et la capacité de recherche sur le changement climatique, d’explorer des scénarios et des options pour améliorer la résilience des systèmes socio écologiques, de conseiller et d’aider les responsables politiques et les décideurs à concevoir et à mettre en œuvre des plans durables et d’aider à former la prochaine génération de scientifiques et de décideurs.
Pour la réalisation de ses objectifs, WASCAL dispose d’une plateforme structurelle composée du siège å Accra (Ghana) avec un immeuble construit depuis 2015, du Centre de Compétence entièrement équipé qui est le centre scientifique de recherche régionale à Ouagadougou (Burkina Faso) abritant l’infrastructure de données, la modélisation et les services climatiques. Un terrain de 4ha est mis à disposition par le pays hôte pour la construction d’un nouvel immeuble d’une valeur de plus de 3,5 milliards de FCFA dont la pose de la première a eu lieu en juillet 2021, en marge du conseil des ministres. Et du programme d’études supérieures et de formation qui s’étend sur toute la sous-région avec des centres d’excellence régionaux organisés par 12 universités hôtes dans les 11 pays membres, couvrant ainsi 16 thèmes liés au changement climatique. Ces programmes sont composés de 10 programmes de doctorat et de 6 programmes de niveau Maîtrise de recherches (Master). Le Mali abrite le programme doctoral « changement climatique et agriculture » à l’Institut. Polytechnique Rural de formation et de recherche appliquée (IPR-IFRA) de Katibougou depuis 2012, et y accueille des étudiants de tous les pays membres de WASCAL.
Le acquis
Dirigé par un conseil ministériel, soutenu par un comité scientifique constitué d’experts de haut niveau dans les domaines liés au changement climatique des pays membres, WASCAL est financé principalement par le Ministère Fédéral Allemand de l’Education et de la Recherche (BMBF), ses partenaires à travers les différents projets de recherche, et les pays membres. WASCAL est devenue un acteur majeur dans le domaine de recherche et des sciences climatiques dans la sous-région avec un énorme succès dans le domaine du renforcement des capacités. L’organisation a produit un total de 275 diplômés en doctorat et en Master (dont une trentaine de maliens) dans les différents pays de l’Afrique de l’Ouest et dans divers domaines du changement climatique à savoir : Agriculture, Biodiversitė, Education, Economie, Energie, gestion des risques de catastrophe naturels, Habitats, Informatique et gestion de méga données, océans, ressources en eau, système climatique ouest-africain et Utilisation des terres. Ces diplômés servent aujourd’hui dans tous les secteurs d’activités à la fois dans la région et à l’extérieur. L’école doctorale du Mali a reçu 31 étudiants boursiers dont 19 diplômés en changement climatique et agriculture. Tous les diplômés maliens sont tous employés aujourd’hui. Les 4 programmes de la chaîne de valeur de l’hydrogène verte sont ouverts à tous les pays de la CEDEAO, à raison de 60 étudiants par promotion (4 étudiants par pays). La première promotion est déjà en formation et sortira en 2023. Ainsi le Mali bénéficiera à partir de 2022, au moins 4 experts maliens en technologies de production d’hydrogène vert par an. Ce qui permettra au pays de se préparer pour les Énergies du Futur. Cent cinquante-quatre (154) étudiants sont actuellement en formation dans les différents centres et nous venons de lancer le recrutement d’une nouvelle vague de 214 étudiants. L’objectif à moyen terme est de fournir plus de 1000 experts de haut niveau pour soutenir les formations et assurer la relève dans nos universités mais aussi pour servir les efforts de notre sous-région en matière d’action climatique.
WASCAL s’est aussi illustré dans le domaine des infrastructures. Le centre a apporté son soutien aux institutions nationales par des équipements d’observation. C’est ainsi que cinquante (50) stations météorologiques automatisées AWS distribuées et installées dans les pays membres, dont 05 pour le Mali.
Projets
Le centre a également mis à la disposition des pays soixante (60) capteurs hydrologiques automatiques (AHS) pour les pays membres, qui sont en en train d’être installés le long des bassins hydrographiques, en vue d’accroissement, la fiabilité des données nécessaires à la gestion des flux d’eau et de la qualité de l’eau.
Plus de 10 milliards de FCFA sont actuellement investis dans la recherche et l’innovation autour de cinq principales thématiques qui sont la gestion des vulnérabilités aux extrêmes climatiques, les liens entre terres et climat, les migrations climatiques, le climat et agriculture, et les énergies renouvelables et hydrogène vert. WASCAL travaille en synergie avec les institutions sous régionales, interafricaines et internationales.
Cyril Adohoun
L’Observatoire