Dans le cadre de la commémoration de l’édition 2022 de la Journée africaine de lutte contre la corruption, célébrée le 11 juillet de chaque année, l’Office central de Lutte contre l’Enrichissement illicite (OCLEI) a organisé, ce mardi 19 juillet 2022, un atelier de « sensibilisation des acteurs des organisations de la société civile sur le cadre juridique national et international de la lutte contre la corruption ».
Instituée par le Conseil exécutif de l’Union Africaine à Addis-Abeba en janvier 2017 pour célébrer la signature de la Convention africaine sur la prévention et la lutte contre la corruption, intervenue le 11 juillet 2003 à Maputo au Mozambique, la journée africaine de lutte contre la corruption est l’occasion pour les africains de faire un regard rétrospectif sur la lutte contre la corruption dans leurs communautés afin de voir ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas et ce qui reste à essayer.
Cet atelier sert de cadre d’échange à l’OCLEI pour outiller les acteurs clés de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali pour mieux accomplir leurs fonctions. Son ouverture a été présidée par Dr Moumouni Guindo, président de l’OCLEI, en présence de la représentante du président du Conseil National de la Société Civile (CNSC), Mme Barry Aminata Touré, non moins Secrétaire Générale dudit conseil.
Se calquant sur une estimation récente de la Commission Economique des Nations Unies pour l’Afrique, selon laquelle le continent perd plus de 50 milliards de dollars par an en raison des flux financières illicites, le président de l’OCLEI estime que ces pertes sont tributaires des sorties illicites de ses ressources naturelles, d’objets précieux des sociétés africaines et de divers produits du crime.
Selon Dr Moumouni Guindo, les rapports des structures de contrôle indiquent que, de 2005 à 2019, l’Etat malien « a perdu 1 266 milliards de FCFA des suites de détournements de deniers publics, de fraudes aux marchés publics, de gaspillages et de détournements de biens de l’Etat. Alors que ce « manque à gagner aurait pu servir à financer la construction d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures publiques, à donner accès à de l’eau potable aux populations entre autres ». A titre d’exemples, « ces moyens financiers spoliés à l’Etat pouvaient lui suffire pour construire 264 hôpitaux de haut standing, 1767 centres de santé de référence et environ 42 ponts, etc. »
Le président de l’OCLEI a souligné que ces sorties frauduleuses de fonds ont un impact direct sur la qualité de vie de nos concitoyens, car freinant « quasiment tous nos efforts de développement ».
Dr Moumouni Guindo est revenu sur la mission de l’OCLEI qui accorde une grande place à la prévention de la corruption en général et de l’enrichissement illicite en particulier. Ainsi a-t-il invité les participants à apporter leurs contributions. Car, « au Mali, la société civile est vivement attendue pour s’impliquer davantage à la lutte contre la corruption ». « Elle rendrait la lutte encore plus effective et plus active par des actions de lobbying auprès des autorités publiques, des réclamations et des demandes d’information sur le traitement judiciaire des dossiers de délinquance financière, l’exploitation des rapports des structures de contrôle notamment ceux qui sont accessibles au public comme les rapports annuels de l’OCLEI, de la CENTIF, du BVG et même les rapports individuels détaillés du BVG qui sont ligne sont à partir de 2019 », a souligné le président de l’OCLEI.
Pour sa part, Mme Barry Aminata Touré a réitéré l’engagement du CNSC « à contribuer dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière » afin que les populations maliennes puissent « jouir de leurs droits sociaux économique et politique et que la cohésion sociale soit renforcée dans le pays ».
A en croire la représentante du président du CNSC, le dit-on selon lequel « le Mali est un des pays les plus pauvre en en Afrique et dans le monde » « n’est pas une réalité » au regard des ressources naturelles et les ressources humaines qui y existent. « Le pays est confronté à la mauvaise gouvernance financière et économique », martèle-t-elle.
Mme Touré a estimé que, pour éviter une crise de confiance entre l’Etat et les citoyens, et un avenir incertain à notre pays, il faut renforcer les dispositifs de contrôle qui existent en matière de lutte contre la corruption la délinquance financière et la violation des droits humains, mais aussi la capacité de la société civile afin qu’elle puisse jouer son rôle en tant qu’acteur du changement. « Nous demandons aux autorités de la Transition d’œuvrer à ce que les acquis en matière de réformes des finances publiques au Mali soient préservés et renforcés », a-t-il ajouté.
Au nom du CNSC, la Secrétaire du CNSC a remercié l’OCLIE pour l’initiative d’outiller les acteurs de la société civile.
Rappelons que cette 6ème édition placée sous le thème : « Mécanismes et stratégies de gestion des fonds COVID ».
Cyril Roc DACK/ Icimali.com