Au lendemain des attaques terroristes perpétrées contre des camions citernes sur l’axe routier de Kayes, le Premier ministre, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Général de division Abdoulaye Maïga, a employé une image saisissante pour traduire la détermination du Mali face aux épreuves. « Le travail continue, même s’il faut aller chercher notre carburant à pieds, avec des cuillères, nous allons le faire », a-t-il déclaré.
Au-delà de la force rhétorique, cette métaphore condense à elle seule l’esprit de résilience qui anime l’État malien et son peuple. Dans un contexte marqué par la guerre asymétrique, le sabotage des voies logistiques et la pression économique, ces mots ne relèvent pas seulement du symbole : ils expriment une orientation politique et morale.
Comparer la recherche de carburant, ressource vitale pour l’économie et la mobilité, à une démarche pénible « à pieds » et avec de simples « cuillères » traduit une volonté farouche de ne jamais céder. L’image dit tout : même dans les conditions les plus improbables, même avec des moyens dérisoires, le Mali continuera à avancer.
Ce langage du sacrifice et de la persévérance se veut un antidote aux manœuvres terroristes qui visent à semer la peur et à freiner la marche du pays.
En visant les camions citernes, les groupes terroristes cherchent à atteindre deux objectifs : perturber l’approvisionnement énergétique et miner le moral de la population. Or, la réponse du Premier ministre inverse cette stratégie. En affirmant que le travail « continue », il installe l’idée que chaque attaque, loin de paralyser la nation, renforce sa détermination. Cette inversion psychologique est une arme politique en soi, qui nourrit le sentiment d’un destin commun.
La métaphore ne s’adresse pas seulement aux terroristes, mais aussi aux Maliens. Elle appelle au dépassement, à l’acceptation des sacrifices nécessaires et à la solidarité. Dans ce récit, l’État se présente comme le guide qui marche « à pieds » avec le peuple, partageant les mêmes contraintes, mais transformant les obstacles en défis collectifs.
Cependant, au-delà du langage, se pose la question de la mise en œuvre : comment assurer effectivement la sécurité des corridors stratégiques ? Comment diversifier les sources d’approvisionnement énergétique et réduire la dépendance aux convois vulnérables ? La métaphore inspire, mais elle engage aussi le gouvernement à transformer cette résilience en solutions concrètes et durables.
En définitive, l’image choisie par le Premier ministre Abdoulaye Maïga dépasse la simple rhétorique politique. Elle incarne une philosophie de résistance : avancer coûte que coûte, même avec des « cuillères ». C’est un serment national, mais aussi un rappel que la victoire sur le terrorisme ne se mesure pas seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans la capacité à maintenir la continuité de la vie et la confiance du peuple.
Cyril Roc DACK / Icimali.com