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Population en zones jihadistes complètement abandonnés par l’État : Le triste et ridicule cinéma de Soumeylou Boubeye Maïga au Centre du Mali

L’invasion jihadiste dont le Mali a été la cible depuis 2012, a sérieusement affecté la vie socioculturelle du pays et causé un effet dévastateur sur les moyens de subsistance des populations, notamment, dans les parties du territoire où l’influence extrémiste continue de faire des ravages. L’imposition de doctrines islamistes à des groupes jugés « pervertis » ou « peu islamisés », a engendré des bouleversements irréversibles dans les habitudes sociales de ceux-là qui, par peur de sévices abominables et à force de se sentir abandonnés par les autorités, ont fini par composer avec les terroristes au plaisir d’une plus grande expansion de la menace.

Au centre du Mali, notamment, à Mopti et Ségou où les jihadistes se sont le plus incrustés ces dernières années après avoir chassé les FAMAS, des populations ont fini par s’adapter au rythme de vie imposé. Toutes les habitudes jugées « contraires aux valeurs religieuses » telles que la fornication, la musique, la danse, l’école occidentale et les activités sportives, ont été formellement bannies sous peine de se faire flageller, lapider ou brutalement assassiner selon le code établi par la « Justice Islamiste ». Dans ces zones, complètement désertées par les autorités, les femmes ont toutes été contraintes de se voiler au risque de se faire publiquement humilier.       

Par ailleurs, en d’autres localités où les extrémistes opéraient avec des motos à bord desquels engins ils perpétraient la plupart de leurs attaques, l’usage de motos par les populations, a été systématiquement interdit par le gouvernement suite à un communiqué officiel publié depuis l’an dernier « sous peine d’être repéré comme combattant jihadiste et traité comme tel ». Nul n’est sans savoir que cette décision a été lourdement préjudiciable pour les populations dont l’essentiel des activités socio-productives, est exercée à l’aide d’engins motorisés.

Parmi elles, celles dont les champs ou foires hebdomadaires sont localisés à plus de 30 kilomètres de la concession familiale, se sont vues péniblement obligées de pratiquer d’autres activités génératrices de revenus pour s’assurer la pitance quotidienne. Ce qui a acculé des familles entières à la misère, poussant des enfants à la mendicité et des femmes à la prostitution. De nouvelles mœurs qui, malgré l’aide des organisations humanitaires, ne cessent de prospérer dans une région également abandonnée par les touristes. Cela, en dépit de tous les cris de désespoir lancés aux pouvoirs publics.    

Tristes scènes théâtrales du PM Souméilou Boubeye Maïga au Centre du Mali

L’on se demande finalement l’intérêt réel que pourraient revêtir ces nombreuses visites du Premier Ministre au Centre du Mali. Car, chaque fois qu’il y part pour soi-disant « apporter le soutien de l’Etat aux populations et apaiser la tension socio-sécuritaire », ce sont des dizaines de civils qui sont, par la suite, massacrés par les bandits armés. Souméilou Boubeye Maïga qui, lors de sa récente visite à Toguéré Coumbé dans la région de Mopti, a trouvé toutes les femmes en voile, a même été accueilli par des jihadistes.       

Dans des circonscriptions administratives du centre et du nord, chroniquement en proie à la marginalisation sociale et la rareté d’opportunités économiques, les populations, à force de se sentir oubliées par les autorités maliennes, ont fini par vivre en bonne intelligence avec les extrémistes et s’accommoder à leur mode vie, laissant même leurs enfants s’enrôler dans des unités de combat. « Nous nous sentons mieux avec les islamistes qui nous offrent ce que l’Etat a toujours peiné à nous offrir », a avoué un habitant qui dit ne plus rien attendre de l’Etat dans une zone où l’école n’existe plus.    

Depuis l’expansion de la radicalisation au Mali, les autorités gouvernementales n’ont certes cessé d’appeler à une « meilleure coopération entre la population et l’armée ». Mais de multiples mésaventures sécuritaires ayant mis à nu les lacunes des forces armées maliennes, ont dangereusement conduit à faire perdre confiance entre celles-ci et la population civile. « Un soir, lorsque mon frère venait du champ, il est tombé sur des jihadistes regroupés au bord d’un marécage. Il s’est ainsi précipité vers un poste de contrôle tenu par des soldats maliens pour les alerter. Lorsqu’il leur a indiqué la cachette des jihadistes, les militaires ne l’ont pas laissé partir, ils l’ont plutôt forcé à les conduire jusqu’où il avait aperçu les jihadistes. Arrivés surplace, les jihadistes s’étaient déjà évaporés, laissant certains de leurs matériels ayant été ensuite récupérés par l’armée. Et trois jours après, les jihadistes ont mené leur enquête et ont pu finalement identifier mon frère et repérer son domicile. La nuit, en guise de représailles,  ils sont venus l’égorger jusque dans sa maison en présence de sa femme et ses enfants. Depuis lors, les habitants ont complètement cessé de coopérer avec les forces de défense et de sécurité de peur de subir le même sort. Nous vivons une situation d’incertitude permanente et ne savons plus à quel saint se vouer », a narré au Journal la Sirène, un éleveur de bétail visiblement déboussolé et vivant à Niono, une autre ville du Mali sévèrement minée par la violence extrémiste.

En revanche, depuis la multiplication des attaques extrémistes au Mali, des organisations de jeunes et associations féminines se sont mobilisés en faveur de la création de mouvements d’autodéfense en incitant tous les jeunes au maniement des armes « en cas d’agression extérieure ». Le mot d’ordre a été suivi dans plusieurs localités du Centre et du Nord où l’insécurité avait causé des déplacements massifs au sein des populations locales.

« L’Islam existe au Mali depuis le 11è siècle. Les maliens sont à 90% musulmans et nous sommes membre de l’Organisation de la Coopération Islamique depuis 1966, sa date de création. Pourquoi les extrémistes veulent-ils donc, à tout prix, nous forcer à adopter une autre idéologie religieuse ? Nous n’accepterons jamais qu’on nous impose un mode de vie qui n’a rien à avoir avec l’Islam tel qu’authentiquement enseigné par le Coran. Si l’Etat ne peut pas nous protéger contre la violence extrémiste, nous le ferons avec nos propres moyens», a vivement déclaré lors d’un forum au centre du Mali, une femme leader et présidente d’une des plus influentes organisations féminines de la localité.  

Modibo Kane DIALLO

Source: La Sirène

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