Les conférences régionales prévues pour la semaine du 6 au 10 novembre prochain afin de soumettre le projet de découpage administratif à l’appréciation de toutes les forces vives de la nation sont récusées par l’opposition politique qui rejette toute offre participation.
Un des points incontournables pour la sortie de crise au Mali, la réorganisation du territoire malien inscrite dans l’Accord pour la paix et la réconciliation national issu du processus d’Alger, suscite des débats houleux dans le cadre de sa matérialisation.
En effet, depuis quelques semaines, un avant-projet de texte a fait fuite sur les réseaux sociaux, provoquant ainsi un véritable tollé au sein des populations locales qui se sont soulevées pour exprimer leur rejet catégorique. Malgré la tension papable dans plusieurs localités de l’intérieur, le Gouvernement n’a daigné publier, ne serait-ce qu’un communiqué, pour éclairer la lanterne du Grand Public.
La polémique s’enflant, le Conseil des Ministres du mercredi 24 octobre 2018 a adopté des textes relatifs à l’organisation des conférences régionales pour que le choix des cercles et communes soit fait par les forces vives dans chaque Région. Ces conférences auront lieu du mardi 6 au samedi 10 novembre 2018 dans les chefs-lieux de Régions.
Nonobstant ce revirement spectaculaire du Gouvernement, pour apaiser les tensions, beaucoup se montrent non disposés, à commencer par l’opposition politique, à prendre part auxdites concertations.
Lors de son meeting du dimanche 28 octobre dernier, au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah, le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD) dénonce le projet et rejette toute offre de participation. «Le front dit appeler à des vraies concertations, le temps que cela pourra prendre. Ses membres disent ne pas s’associer à de la propagande».
Pour Alexandre Ouédraogo, l’opposition a raison. «Ce n’est pas une concertation, mais la mise devant le fait accompli. N’acceptez jamais être les complices de la balkanisation du Mali avec probablement une guerre civile comme conséquence. L’Histoire jugera chacun selon son degré d’implication», a-t-il étayé sa réaction.
Du côté des acteurs politiques, les réactions restent virulentes, malgré qu’ils ne récusent pas la nécessité d’une réorganisation administrative du territoire national. Me Mountaga Tall, ancien Ministre de la Communication d’IBK, twitte ceci: «Quel redécoupage territorial ? Les villages, Communes, Arrondissements, Cercles et Régions constituent l’architecture administrative du Mali chapeautée par l’Etat central. La régionalisation et la décentralisation sont, certes, des nécessités. Mais débuter le débat sur le découpage territorial par le niveau régional, c’est vouloir édifier un bâtiment de six étages en commençant par le 5e sans soubassement ni rez-de-chaussée. Fragile, l’ouvrage s’écroulera.
Impossible, sauf avec des conséquences incalculables pour le Mali et notre cohésion sociale. Chacun le sait. Et, pour tout compliquer, des délais extrêmement courts, ne permettant ni organisation rationnelle ni débats de fond sont imposés. Mais pourquoi le Gouvernement détruit notre tissu social déjà éprouvé ? Pourquoi une telle course contre la montre ? ».
Son acolyte Tiébilé Dramé ne se déroge pas à la règle. Dans un de ses Tweets, il assène : « Accord d’Alger ou pas, nul ne saurait contester la nécessité d’une réorganisation administrative. Mais pas à la hussarde. Pas à la tribalisation concoctée par le Régime. Une mission de régionalisation territoriale est plus pertinente que des assises précipitées».
Sans que la tension politique ne baisse, le Mali embrasse le chemin d’une autre tension qui n’augure point des lendemains meilleurs. La forme de cette procédure de décentralisation et de réorganisation doit être revue pour qu’un maximum d’un an afin que l’unanimité se fasse au tour du projet. Le Gouvernement doit éviter aux populations une balkanisation à la coloniale.
D.C.A
Source: Le SOFT