Alors que les élus fidèles à Soumaila Cissé dénonçaient ce qui a finalement été validé en plénière le jeudi 22 novembre, les consignes de boycott qu’ils ont reçues auront été superbement ignorées. On est donc loin des démissions attendues du côté de ceux qui n’ont visiblement pas fini de boire « à la soupe des avantages ».
Ainsi les députés de l’opposition malienne ont tenu compte des réalités financières de leur statut d’élus. Une preuve, s’il en est besoin, est que le chef de file de l’opposition en personne n’a pas voté contre le projet de loi portant prorogation du mandat des députés. Il s’est exprimé par une abstention en bonne et due forme portée par l’Honorable Mody N’diaye, détenteur de la procuration du président de l’URD. Soumaïla Cissé écarte donc toute fin de mission au 31 décembre 2018 et du mandat de la 5e législature qui devra arriver à son terme à cette date. On peut se demander d’ailleurs si son absence n’était pas préméditée afin de ne pas subir la conciliation des homologues de la majorité. Entendez par là, les rires moqueurs ou familiarités.
Le projet de ladite loi, adopté en Conseil des ministres le 24 octobre, a été approuvé par l’Assemblée nationale le jeudi 22 novembre 2018, à 137 voix pour, 5 abstentions et zéro voix contre. Parmi les cinq députés qui se sont abstenus figurent Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition. Les votes de l’ADP-Maliba ne surprennent pas outre mesure car – depuis la fin du 1er tour -les camarades du député Amadou Thiam ont changé de fusil d’épaule. On les voit plus comme des acteurs favorables au pouvoir qu’à l’opposition où Soumaïla Cissé reste intraitable jusqu’au bout !
Seulement voilà : l’abstention du leader de l’opposition malienne montre bien qu’il est partant pour les avantages financiers relatifs au siège parlementaire, surtout qu’il n’est pas partant pour un prochain mandat. Il a donc préféré la validation de ce qui lui procure des avantages à la fidélité à ses principes et convictions. Idem pour la quasi-totalité des autres élus de l’opposition qui ont également donné leur quitus pour la prorogation de leur mandat.
Ce n’est pas un secret pour personne, par ailleurs, que depuis l’officialisation de son statut de chef-de-file de l’opposition, le président de l’URD s’est fait rare au Parlement. S’il a réussi à fédérer toute l’opposition autour de lui ces derniers temps, reste que le combat n’est pas gagné d’avance pour Soumaila Cissé. Et pour exister et faire son trou au sein de l’opinion, la prolongation du mandat reste un créneau. Va-t-on vers une volte–face de l’élu de Nianfunké qui serait finalement candidat au grand bonheur de son colistier qui ronge ses freins ? Un second mandat serait-il d’actualité pour Soumaila Cissé qui jouirait pour l’occasion de la retraite parlementaire vu qu’il a les moyens de l’emporter chez lui ?
Idrissa Keïta
Le Témoin