Cet homme d’affaires a comparu ce vendredi lors d’une audience de «plaider coupable». Il avait reconnu avoir perçu illégalement une commission de 1,6 M€, en marge d’un contrat d’achat de vedettes par l’Etat gabonais à une société française.
Vingt minutes pour solder cinq ans d’enquête. Ce vendredi matin, c’est dans une petite salle du tribunal de grande instance de Paris que s’est discrètement conclue l’affaire Michel Tomi.
Présenté comme le « parrain des parrains » corse, ce richissime homme d’affaires, figure clé de la Françafrique – il dirige notamment le PMU du Gabon et du Cameroun – faisait l’objet depuis 2014 d’une enquête sur ses pratiques affairistes, conduite par le juge financier Serge Tournaire. Las. La tentaculaire information judiciaire, qui visait des faits de corruption d’agents publics étrangers (au Mali, au Cameroun et au Gabon notamment), d’abus de confiance, de trafic d’influence ou de blanchiment pour lesquels il avait été mis en examen a accouché d’une souris judiciaire : une audience expéditive de plaider-coupable.
Au terme de cette comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), Michel Tomi a été condamné à un an de prison avec sursis et 375 000 € d’amende. La justice a également confisqué les sommes en espèce saisies durant l’enquête (plus de 400 000 €) ainsi que deux voitures. Pour l’homme d’affaires, cette issue en catimini est une incontestable victoire.
Sanction négociée
Veste noire, pantalon en velours noir et souliers noirs, Michel Tomi, épaulé par son avocate Me Stéphanie Bellier-Giovanetti, n’a guère eu besoin de beaucoup ouvrir la bouche lors de cette brève audience présidée par une juge enjouée. Cloué dans un fauteuil roulant – il souffre d’une sclérose en plaques -, le chef d’entreprise s’est contenté d’accepter la sanction négociée que venait de lui proposer l’accusation.
Agé de 71 ans, Michel Tomi est reconnu coupable de complicité et de recel d’abus de biens sociaux pour avoir perçu de manière illégale une commission de 1,6 M€ en marge d’un contrat d’achat de vedettes par l’Etat gabonais à une société française.
La justice le sanctionne également pour avoir facilité, grâce à de faux documents, l’obtention d’un titre de séjour et de fausses fiches de paie à sa compagne – condamnée ce vendredi quelques minutes avant lui à 6 mois de prison avec sursis et 375 000 € d’amende selon la même procédure du plaider-coupable. Le couple s’est également rendu coupable de ne pas avoir déclaré leurs employés de maison.
Non-lieu pour la majeure partie des infractions
Au regard des lourdes charges qui pesaient sur cet homme riche et puissant, c’est très peu. Mais le juge Tournaire a considéré, au terme de son enquête nourrie de quantités d’heures d’écoutes téléphoniques et de multiples investigations à l’étranger, que les soupçons les plus graves ne tenaient pas.
La proximité de Michel Tomi avec de nombreux dirigeants africains n’est plus à prouver – à commencer par l’ancien chef d’Etat du Mali Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) qu’il a couvert de cadeaux — mais les investigations n’ont pas permis de prouver que ces amitiés avaient débouché sur un pacte de corruption. Il a donc bénéficié d’un non-lieu pour la majeure partie des infractions. Vendredi matin, ce dernier affichait une mine satisfaite. « L’issue de cette information judiciaire révèle tout simplement qu’il n’y avait pas de dossier et ce depuis le début, mais il a fallu se battre près de 4 ans pour le démontrer et le révéler», insiste Me Stéphanie Bellier-Giovanetti, l’avocate de Michel Tomi
Source: La Parisien