Qu’on l’aime ou pas, son parcours ne laisse personne indifférent. Soumeylou est, des hommes politiques maliens, celui qui sait le mieux rebondir et qui s’est toujours relevé de situations extrêmement périlleuses.
À chaque fois qu’on le croit «mort», il ressuscite de plus belle et se rend, encore plus, incontournable. L’homme s’est révélé au grand public à la fin des années 80 (début 90) quand, sentant souffler le vent de la démocratie, le dictateur Moussa Traoré, à l’époque président de la République du Mali, a décidé de «libérer» la parole et écouter ses concitoyens. Un exercice démocratique salué à l’époque et qui a permis à certains de nos compatriotes de s’exprimer en face du président et dire ce qu’ils avaient sur le cœur.
Un jeune et longiligne orateur sortit du lot et se fit remarquer. Il s’agissait d’un certain SoumeylouBoubèye, journaliste de son état. Le courage de ses propos étonna plus d’un et nombreux sont les Maliens qui commençaient, déjà, à craindre pour sa vie. Rien. Il parvint, avec plusieurs autres démocrates et l’ensemble de nos compatriotes épris de liberté, de paix, de démocratie et de justice, à avoir raison du très craint général Moussa Traoré, président de la République, chef de l’Etat et président de l’Union démocratique du peuple malien (Unique parti au pouvoir).
Sous la transition dirigée par Amadou Toumani Touré, comme il fallait s’y attendre, il commença à occuper des postes importants dans la haute administration et dans les structures sécuritaires. Il joua, discrètement, un grand rôledans la conduite de cette période intérimaire et dans l’organisation des premières élections pluralistes dans notre pays ; sans oublier, l’accession au pouvoir de son parti l’Adéma Pasj à travers Alpha Oumar Konaré.
C’est donc, tout naturellement, que ce dernier l’appela à ses côtés dès sa prise de fonction. Patron du cabinet du président de la République, tout- puissant directeur de la sécurité d’Etat (la police politique du régime Adema), ensuite ministre de la Défense et des Anciens combattants, Soumeylou, sans l’avoir été officiellement, a été l’homme fort du régime Alpha qu’il a sauvé, à plusieurs reprises, contre plusieurs coups foireux.
Il a, d’ailleurs, à la fin du mandat de ce dernier, nourri l’ambition de le remplacer à Koulouba. Malheureusement, il en avait été décidé autrement par les militants de son parti qui refusèrent de le désigner candidat au profit de Soumaïla Cissé à l’issue d’une convention organisée pour la circonstance.
Au retour d’ATT au pouvoir à travers les urnes, il prit le soin, lui qui avait été «dribblé», disent les méchantes langues par SBM lors de la campagne, d’écarter ce dernier pendant longtemps. Cette fois-ci, on dit l’homme, définitivement, fini. C’est vrai qu’il a vécu une traversée du désert avant de rebondir en 2011 à travers le gouvernement de Mariam Kaïdama Sidibé, en tant que ministre des Affaires étrangères.
Il occupa ce poste jusqu’au coup d’Etat qui l’a encore une fois fait disparaître un moment avant qu’il ne réapparaisse avec IBK comme ministre de la Défense. Il ne garde évidemment pas un bon souvenir de ce passage dans le gouvernement, surtout de MoussaMara et l’entêtement de ce dernier à aller livrer les soldats maliens à la boucherie à Kidal.
À l’époque, SBM refusa d’aller à Kidal et démissionna quelques jours plus tard, fondamentalement déçu, disent certains de ses proches, des propos tenus, à son encontre, par le président de la République.
Encore une fois, on commença à l’oublier quand il surprit tout le monde en revenant par la grande porte en tant que secrétaire général de la Présidence de la République. Et maintenant, Premier ministre. Quelle surprise nous réserve-t-il encore ?
Moussa Touré
Source: Nouvelle Libération