La consommation abusive d’alcool prend des proportions démesurées au Mali en général et à Bamako en particulier. La grande majorité de la jeunesse s’adonne à la consommation des liqueurs et des bières et parfois au vue et au su de tout le monde. Cela se reflète dans la multiplication des bars, maquis et des cabarets dans la capitale avec comme corollaires les accidents de circulation et autres conséquences désastreuses.
Dans le Rapport sur la situation mondiale alcool et santé (Global Status Report on Alcohol and Health) en 2014, de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’Afrique occupait le 3ème rang avec respectivement le Tchad (34 litres par buveur), la Gambie (29 litres par personne) et le Mali, avec une consommation moyenne de 22 litres par buveur. Ce qui laisse comprendre que la consommation d’alcool est en constante augmentation en Afrique en général mais au Mali en particulier. Bien sûr, ce rapport a été balayé d’un revers de la main par les autorités religieuses du Mali qui ont tout de suite riposté. Toutefois, le constat est alarmant, ces trois dernières années, est l’entrée dans la danse de la jeunesse. Sur 10 jeunes qui fréquentent régulièrement les lieux de loisirs (bars, boîtes de nuit ou autres), au moins 8 consomment de l’alcool, selon Global Status Report on Alcohol and Health.
L’Organisation mondiale de la santé, dans son rapport (la dernière édition du « Global Status Report on Alcohol and Health, 2014 »), a fait observer que la consommation d’alcool est stable depuis le début des années 1990 dans les pays riches, mais qu’elle augmente fortement dans les pays en voie de développement. Ce qui a suscité une forte inquiétude au sein de l’organisation envers les jeunes en général.
Tour d’horizon en commune 1
Dans cette commune populaire de Bamako, toutes les grandes artères sont bondées de bars. Rares sont les quartiers qui n’en disposent pas. Parfois isolés entre les habitations, ces endroits sont très fortement animés les nuits. Fait bizarre, la plupart des consommateurs dans ces endroits de loisirs sont des jeunes de confession musulmane âgés entre 16 et 35 ans.
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Interrogées, une serveuse qui garde l’anonymat relève que la quasi-totalité de ses clients sont des jeunes qui sont de surcroît des musulmans. Selon elle, ils peuvent lors d’une seule consommation achetée plus de 30.000 F CFA d’alcool. « Ce qui est étonnant c’est la capacité de résistance de ses enfants à encaisser l’alcool. Mais après plusieurs bouteilles, ils finissent tous par craquer et font même des bagarres au sein de la buvette » déclare-t-elle.
MS, client, justifie quant à lui sa consommation d’alcool par la multiplication des soucis. Il soutient que c’est un bon moyen pour lui d’oublier ses soucis et se procurer un peu de joie. « J’ai commencé à consommer de l’alcool il y a de cela douze ans. Je préfère les bières qui sont moins fortes que les autres. Mais depuis que je consomme, je ne suis jamais tombé malade car je fais très attention en consommant » réplique notre interlocuteur.
En effet, l’islam interdit toute consommation d’alcool dans cette religion et les maliens qui pour la plupart qui sont de cette confession se doivent en principe s’y conformer. L’âge importe peu ! Le plus important est d’avoir de quoi payer sa consommation. Les jeunes en grand nombre fréquentent ces lieux au vue et au su de tout le monde. La consommation d’alcool devient de ce fait un acte tout à fait normal dans notre société. Dans les normes, les vendeurs de ces produits doivent se conformer à une certaine réglementation en interdisant la vente aux mineurs. Tel n’est pas le cas car tout le monde est servi. Des simples bières en passant par les liqueurs qui sont hautement alcoolisées, les caves y sont bondées.
Facteurs affectant la consommation d’alcool et ses effets néfastes
La consommation d’alcool a une influence sur le développement de nombreuses pathologies : cancers, maladies cardiovasculaires et digestives, maladies du système nerveux et troubles psychiques. L’alcool peut également être à l’origine de difficultés plus banales (fatigue, tension artérielle trop élevée, troubles du sommeil, problèmes de mémoire ou de concentration, etc.).
Pour un volume ou un mode de consommation donné, les effets nocifs sur la santé et les conséquences sociales sont plus importants dans les sociétés défavorisées. L’impact de la consommation d’alcool sur les problèmes de santé chroniques et aigus est en grande partie déterminé par la quantité totale d’alcool consommée et le mode de consommation, en particulier quand cet usage est associé à des épisodes de forte consommation. Il existe des différences entre les sexes en matière de mortalité et de morbidité liées à l’alcool ainsi qu’en ce qui concerne les quantités consommées et les modes de consommation. Le pourcentage de décès attribuables à l’alcool chez les hommes s’élève à 7,7 % de la mortalité mondiale contre 2,6 % chez les femmes. En 2016, la consommation totale par personne parmi les consommateurs d’alcool était en moyenne de 19,4 litres d’alcool pur pour les hommes et de 7 litres pour les femmes. Hormis les conséquences directes sur la santé, l’alcoolisme est à la base des accidents de circulation qui occasionnent ainsi des morts par centaines.
A.S.K
Le SOFT