La grogne ne baisse pas suite à la mise sous mandat de dépôt de deux travailleurs d’Ecobank pour avoir transmis des messages SWIFT (Garanties). Lors de l’assemblée générale extraordinaire du SYNABEF, ce jeudi 13 mars 2025 à 14h 00 min à la Bourse du Travail, sur la situation de leurs camarades en détention, le Secrétaire Général Bureau Exécutif, Hamadoun Bah ne mâche pas ses mots : « Nous partons forcément vers un préavis de grève », prévient-il.
Lisez la déclaration de M. Bah, transcrite par Icimali, face à la presse, à la fin de l’AG au cours de laquelle il a vidé son sac.
« La conclusion, c’est que nous partons forcément vers un préavis de grève, à la demande des militants. Il a fallu les calmer d’ailleurs, pour qu’ils acceptent le principe de préavis. Parce que la plupart des militants, tellement remontés par tout ce qui se passe, par ces cas d’injustice, ne veulent même pas entendre parler de préavis.
Nous sommes des responsables, nous sommes tenus de prendre des décisions responsables. Et nous n’allons pas au-delà de ces décisions responsables. Nous allons examiner. Mais nous prions Dieu pour qu’on trouve une solution rapidement. Parce que la situation de ce pays ne s’y prête pas. Il y a beaucoup de choses, et ça nous attriste.
J’ai l’habitude de le dire, la transition, c’est notre transition. Elle n’est ni, contrairement à ceux qui s’attaquent à la transition, à Assi Goïta, ni aux généraux, ni aux colonels, ni aux militaires, ni aux M5. La transition appartient à tous les Maliens.
Nous devrions veiller à ce que la transition réussisse, parce que si ça se casse, ça se casse sur la tête de tous les Maliens, sans exception. Tout ce qui peut amener cela, nous éloignerons. Mais nous voulons qu’on trouve des solutions à des problèmes.
Il y a des attentes fermes. Il y a des camarades qui attendent depuis un an et demi, il y en a qui attendent deux ans, trois ans. Malheureusement, on a tout l’impression qu’il y a des gens qui sont dans des agendas pour déstabiliser.
C’est pour cela qu’ils attendent des moments pour prendre certaines décisions impopulaires. Je le dis, la décision du juge de licencier, par exemple, le camarade de Baraka, Pétroliun, ce n’est pas une décision opportune. Dès lors que la décision peut avoir des répercussions sur l’ensemble, sur 10 000 travailleurs.
Donc il y a de ces décisions, vraiment, il faut qu’on les réfléchisse avant de les prendre. C’est extrêmement important. Ces gens ne sont pas allés en grève pour eux. C’est une décision qui est venue du SYNABEF. Qui a décidé d’un arrêt de travail. Parce que leur secrétaire général, pour eux, était en détention.
Enfin, ce qui n’était pas normal. Ils ont voulu manifester leur mécontentement. Et ils ont suivi le mot d’ordre de leur syndicat national. Donc, s’il y a quelqu’un en cause, c’est le syndicat national, ce n’est pas les travailleurs. Donc il y a tout ça, et puis des pompistes qui ne sont même pas dans leurs droits. Tous ces pompistes, je vous assure, encore, on traîne.
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On est dans des négociations, d’où tout ça va, Dieu merci. C’est l’occasion de remercier la direction de SOMAYAF. Remercier la direction de Yara Service, qui a mis les gens dans des contrats de travail.
Encore, il y a des gens qui restent. Et nous les demandons de les régulariser. Il y a encore quelques poches où ce n’est pas encore des contrats. Et on doit donner un contrat de travail à tous ces gens. En respectant la Convention collective des entreprises pétrolières. C’est l’occasion de féliciter le SYNABEF. Parce que ce qu’on a obtenu, j’ai fait un tour à Dakar. J’ai fait exprès pour m’arrêter dans une station Shell. Où j’ai demandé à un pompiste, est-ce qu’il a un contrat ? Il m’a dit non.
Je l’ai demandé, est-ce qu’il a l’INPS ? Il m’a dit non. J’ai fait exprès, je lui ai demandé son salaire, il m’a dit qu’il a 75 000 francs. En Tunisie, j’ai fait le même exercice.
C’est l’occasion de dire bravo au syndicalisme au Mali, qui a pu mettre des gens dans leurs droits. Or, partout ailleurs, ce n’est pas tout à fait le cas. Et aussi dire que l’affaire Idifarm, nous la tenons à cœur. Et nous l’avons dit. Si ces problèmes ne sont pas réglés, franchement, nous nous préférons abandonner le syndicalisme. Nous sommes là pour défendre certains principes.
Et aujourd’hui, il se trouve que ces principes sont violés de façon très flagrante. Je vous dis, en temps normal, vous êtes témoins. Dans l’affaire de NCA, le secrétaire général se licencie de façon injuste parce qu’il a posé un acte de revendication.
Tout le monde est allé en grève. 72 heures de grève. Et on avait déposé les préavis pour 196 heures de grève. Jusqu’à ce qu’il rentre dans ses droits. Aujourd’hui, nous ne parlons pas d’une personne. Nous parlons des 158 travailleurs. Nous parlons des syndicalistes licenciés à Petrobama. Nous parlons des syndicats licenciés à Baraka. Et on ne fait rien. C’est ce que j’ai dit, il y a un problème. Il y a un problème. Donc vraiment, les travailleurs de l’EcoBank, nous avons touché au mot. Nous sommes convaincus, c’est nous qui faisons ce travail tous les jours. Ces gens n’ont fait que leur travail. Ils ont signé au nom de l’institution, avec l’entête de l’EcoBank, le cachet de l’EcoBank.
Ils n’ont commis aucune faute, même pas une erreur. Parce qu’une erreur, c’est encore plus banal qu’une faute. Ils n’ont fait que respecter les procédures bancaires en la matière. Ils n’ont fait que transférer un message acquis des droits. Ils n’étaient même pas obligés.
Il n’y a pas de faute du tout. Ils n’ont fait que transférer un message reçu par des canaux les plus sécurisés au monde. Swift. Et seules les banques émettent des Swift. Quand on dit qu’Acumen existe, c’est fictif. En tout cas, Acumen a produit un Swift. Donc s’il y a quelqu’un en cause, c’est Swift qui est en cause. Et Swift est basée à Bruxelles.
C’est Swift qui est en cause. Et le message Swift qu’ils ont authentifié est un message authentique, qui est venu par les canaux normaux bancaires. Maintenant, dans le Swift, il est dit clairement, même dans le message qu’ils ont envoyé, que les originaux des garanties sont envoyés par DHL à EDM. Donc EDM n’avait qu’à attendre ses garanties. Et les garanties, EcoBank n’est pas au courant. J’ai dit qu’ils ont écrit au nom de l’institution, c’est pour les mettre hors cause.
De toute façon, même s’il y a faute, ils sont hors cause. C’est la banque qu’on devrait attaquer. Ils ont signé un document avec l’entête de la banque, avec le cachet de la banque, avec leur qualité. Directeur des grandes entreprises, et l’autre directeur, je crois, digital, quelque chose comme ça. Ils ont signé en ce sens-là, pour envoyer au nom d’EcoBank. Donc ils ne sont pas en cause.
Maintenant, si le juge estime que la banque est en faute, moi j’aurais préféré qu’on attaque la banque, que d’attaquer les gens, et les avocats de la banque allaient défendre la banque. C’est un message transféré. Et ce message, tenez-vous bien, EcoBank n’était pas obligé. EcoBank pouvait même déchirer et jeter. Il n’y a aucune conséquence. EcoBank l’a envoyé de bonne foi.
Ils ont réussi intellect, ils ont envoyé. Leurs fonds ne sont pas logés à EcoBank. EcoBank ne connaît pas le contrat, la nature du contrat. EcoBank ne sait même pas de quoi il s’agit. EcoBank a reçu un message, et ils ont transféré le message. Et dans tous les courriers qu’EcoBank a envoyés, sachant bien qu’ils ne sont au courant de rien, ils ont mis dans le courrier « Merci de trouver vos garanties, sans engagement ni responsabilité.»
Dans tous les courriers qu’ils ont envoyés, ils ont envoyé dans ça. Et ça, c’est des messages. Maintenant, un juriste peut l’interpréter autrement. Mais ceux qui ont signé là, ce ne sont pas des juristes. Et ils utilisent des termes qui peuvent les disculper, qui peuvent dire que moi j’ai dit que ça ne m’engage pas. Maintenant, le juge peut dire, même si tu dis que ça ne t’engage pas, ça t’engage. Lui, il n’est pas un juriste pour savoir. Maintenant, il a adressé le courrier à une institution qui doit faire attention et dire attention. Celui qui m’a envoyé le courrier, il a dit clairement que ce n’est ni sa responsabilité et ça ne l’engage pas. Donc, c’est à lui de faire attention. Et c’est eux qui connaissent le client. EcoBank ne le connaît pas.
C’est eux qui connaissent leurs fournisseurs. C’est eux qui les ont désignés. C’est eux qui ont conclu leurs marchés, qui ont signé. Et c’est eux qui ont fait leurs transactions. EcoBank n’a fait que recevoir le message Swift. Le délai de préavis, nous allons nous asseoir.
Les conditions de vie, ils sont aujourd’hui à Kéniroba. Mais ils sont mal à l’aise. Ils sont mal à l’aise et ils se posent des questions.
Si dans le cadre de leur travail, on peut les remettre à la prison, autant arrêter de travailler. Et tous ceux qui font les Swift, aujourd’hui Sainte-Rouge, est-ce qu’ils doivent envoyer ? Et d’ailleurs, il y a des questions d’EDM qui ont traîné un moment, à EcoBank même. Parce que le DG était dans les va-et-vient.
Ce n’était pas facile. Idem dans les autres banques, parce que durant les meetings, tu ne peux même pas te concentrer. Et dès que tu vois une question, que ce soit EDM ou une autre société, tu es obligé de dire est-ce que je dois envoyer ? Surtout que tu ne connais pas.
Et on nous reproche de ne pas avoir mené des enquêtes. Pour vérifier. Mais ce n’est pas le rôle de quelqu’un qui transfère juste un message d’aller vérifier, perdre son temps pour un service qui n’est même pas… qui est gratuit. Donc toi, tu prends seulement, tu envoies. Tu ne vas pas vérifier.
À aucun moment, EcoBank n’a confirmé détenir les garanties. Ce que EcoBank a confirmé, c’est de détenir les messages Swift. Et c’est les messages Swift que EcoBank a authentifiés. Parce que tout banquier, quand il reçoit un message Swift, il sait qu’il n’est pas faux. Quand tu le reçois par le canal normal, tu vas authentifier que le message Swift est bien authentique. Et c’est ce que EcoBank a fait.
Mais EcoBank ne peut pas authentifier les garanties puisque EcoBank ne connaît même pas les garanties. EcoBank n’a aucune idée des garanties. Et la question qu’on se pose, pourquoi on n’a pas logé les garanties dans les banques locales ici ? Pourquoi loger des garanties pour un service qui se fait ici, pour un marché qui s’exécute ici ? Pourquoi on n’a pas privilégié les banques locales ? Et loger les garanties ici, ça n’allait pas poser ce problème ? Donc voilà toutes les questions qu’on se pose. »
Cyril Roc DACK / Icimali.com