Le président du Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR), Dr Choguel Kokala Maïga, revoit sa position en ce qui concerne les prévenances des militaires, liées au rôle des politiques dans la faillite de l’Etat malien. « Je suis en position de les comprendre», déclare-t-il, ils craignent de donner une primauté aux politiciens au Conseil National de la Transition.Jeudi 19 novembre dernier, les ministres Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga de l’Administration territoriale, Colonel Ismaël Wagué de la Réconciliation nationale, et Mohamed Coulibaly de la Refondation de l’État étaient face aux acteurs politiques. Invités pour la relance du cadre de concertation des partis politiques avec le Gouvernement, les acteurs politiques ont forcé les débats en introduisant la question de la composition du Conseil National de la Transition (CNT). Selon Choguel Kokala Maïga du MPR, « arrivés là-bas, ils ont constaté que la montagne a accouché d’une souris ». Car, « apparemment, les membres du gouvernement n’étaient pas venus pour ça ». En effet, ce n’était pas l’ordre du jour, car les membres du gouvernement étaient venus pour essentiellement renouer le dialogue avec la classe politique. Si sur place, certains partis ont compris l’enjeu et dit leur « allégeance au gouvernement pour les accompagner », d’autres sont revenus sur la problématiques du financement des partis politiques. Ce qui s’inscrit jusque-là dans la ligne droite de l’objet de la rencontre.
Mais, la rencontre a pris une autre tournure, lorsque d’autres participants ont forcé les débats sur le champ de la composition du CNT, en déplorant le processus. L’essentiel des intervenants qui ont fait le déplacement ont pensé et ont intervenu sur la question de la composition du Conseil National de Transition (CNT), comme le confirme Kadiatou Coulibaly, représentante de l’URD et membre de la coalition M5-RFP : « On ne s’est pas privés, on a abordé la question ! ». Et l’ancien ministre Djiguiba Keita, représentant du PARENA de renchérir que le ministre « ont pris la mesure du tollé » que le manque de concertation pour le CNT « a provoqué». Même au sein de ces acteurs politiques, les réponses des ministres sont diversement appréciées. « Ils ont dit qu’ils allaient transmettre à la Présidence, mais je ne pense pas qu’ils vont changer. On n’est pas rassurés», a lancé Mme Kadiatou Coulibaly. Et l’ex-ministre d’Att d’être plus confiant : « Ils n’ont pas répondu sur le fond, mais j’ai l’impression que ça pourrait évoluer». Pour le représentant du parti Yelema, M Youssouf Diawara « ils (les ministres) sont dans leur rôle. Nous voulons aider, même si ça doit se faire en dehors des institutions de la transition». Le président du comité stratégique du M5-RFP croit « qu’ils (partis politiques) se sont trompés d’interlocuteurs, et surtout de débats ». « Quand ils disent que les forces armées et de sécurité vont être surreprésentées parce que les partis politiques, disent-ils, doivent concourir selon la loi aux suffrages alors qu’elles doivent êtres neutres, et organiser des élections transparentes, ils sont donc en quelque sorte au-dessus de la mêlée », a déclaré Choguel Kokala Maïga.
Selon le ministre de l’administration territoriale, Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, « il serait risqué de donner une primauté aux politiciens allant à la conquête du pouvoir ». Son collègue Mohamed Coulibaly de la Refondation de l’État d’enfoncer le clou : « il y a eu des dérives à l’endroit de la démocratie. Les parti, politiques sont tellement légion qu’il n’y pas de multipartisme mais de pluralisme avec des formations qui ne proposent pas de contenu. On doit aller à une relecture de la charte des partis…» Malgré qu’il ne partage par la position des militaires, Choguel Kokala Maïga affirme les comprendre sur certains points. « Il est vrai que les militaires ont quelques prévenances. Je suis en position de les comprendre. Dans leur idée, la faillite de l’Etat malien, c’est la classe politique qui a dirigé le Mali de 1991 à aujourd’hui. C’est le discours ambiant qu’on entend et même dans les milieux militaires », a-t-il déclaré. Et le président du MPR de reconnaître que « la déliquescence de l’Armée n’est pas le fait de toute la classe politique ». Cyril Adohoun L’Observatoire |