C’est un doux euphémisme de dire que l’étau se resserre autour de l’actuel Premier ministre de la transition, Choguel Kokalla Maïga, qui apparait aujourd’hui comme un homme, traqué de tous les côtés, de plus en plus délaissé, y compris dans ses propres entrailles, et qui ne semble plus tenir son fauteuil qu’à un fil qui peut rompre à tout moment.
Choguel Kokalla Maïga, Premier ministre de la transition, n’est plus cet homme adulé au début de sa prise de fonction à la tête de l’Exécutif central, qui faisait la bamboula auprès d’un public acquis à sa cause, surtout lorsqu’il entonnait à souhaitles promesses d’une « gouvernance de rupture ».
Ce moment idyllique, où l’homme se faisait passer comme le ténor d’un renouveau pour le pays et où il avait droit de cité, est révolu. Et pour cause ? Choguel Kokalla Maïga est en ce moment au creux de la vague, bousculé qu’il est par de nombreux acteurs nationaux, à commencer par ses propres camarades du bon vieux temps de la contestation populaire sur le boulevard de l’indépendance, qui ne lui voient aujourd’hui quedésastre et faillite au cœur des affaires publiques.
Les remontrances politiques se multiplient et s’accumulent contre lui : après récemment la charge de l’Untm, pourtant soutien déterminé de la transition, qui lui a adressé une vive réplique, suite à des manquements graves sur le respect des promesses non tenues, c’est désormais l’Adema, un autre allié de poids de la transition, qui est sorti de ses réserves pour demander carrément la démission de cet homme à la Primature.
Dans la même veine, le cadre des partis politiques et de regroupement de partis politiques pour une transition réussie avait sonné la fronde sur le Premier ministre, en lui demandant de quitter ses fonctions pour s’être pris au piège d’un déni républicain à lui reproché dans l’exercice de ses fonctions.
En fait, du haut de ses prérogatives primatoriales, Choguel Kokalla Maïga, comme à ses habitudes, n’a pas hésité à rencontrer une frange des acteurs politiques nationaux, étiquetés comme ses soutiens politiques déclarés, en leur enjoignant de se mettre en ordre de bataille en vue de remporter les prochaines joutes politiques qui s’approchent à grands pas dans le pays.
Dans un pays démocratique comme le nôtre, un tel travail partisan et fort suspecté de connivence de la part d’un Premier ministre au service de l’intérêt public, et donc complètement insoupçonné de népotisme politique, n’est pas un jeu politique anodin.
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Les partisans de l’homme ont beau crier pour défendre leur champion, au prétexte qu’aucune loi de la République ne lui interdit d’exprimer ses choix politiques, il est clair que le Premier ministre, dès lors qu’il a rencontré des partisans dans un cadre des plus officiels au niveau de la Primature, ce haut lieu du pouvoir central, pour un ordre du jour spécifiquement privé, s’est rendu coupable du déni républicain. Une faute politique impardonnable dans un contexte démocratique.
Voilà alors qu’aux yeux de nombreux acteurs nationaux, le Premier ministre actuel a perdu toute crédibilité républicaine de continuer à assumer les hautes charges officielles qui lui confèrent le fauteuil primatorial, synonyme de droiture, à la fois morale et intellectuelle, vis-à-vis des citoyens du pays, indépendamment du clivage idéologique etsociologique.
De ce fait, dit-on, il doit en payer les conséquences politiques. C’est bien pourquoi en ce moment très tendu pour lui, le Premier ministre de la transition fait l’objet de vives critiques ; les unes aussi tranchantes que les autres, lui demandant désormais de quitter son fauteuil, car n’ayant plus la légalité formelle, vu ses accointances politiques assumées à l’endroit de ses propres partisans, de conduire l’action publique au grand bénéfice des Maliens.
On le sait, l’homme était au cœur d’une vive polémique parmi ses propres camarades de la contestation populaire du boulevard de l’indépendance, où des voix plus fermes, et non des moindres, s’étaient faites entendre dire qu’il s’était déjà disqualifié à agir comme étant le porte-parole du mouvement de contestation, en optant pour le clivage pour écarter, dit-on, les empêcheurs de tourner en rond.
La plupart des ténors du M5-RFP avaient tout simplement pris leur distance vis-à-vis du Premier ministre Choguel Maïga, avec lequel ils n’entendaient plus jamais continuer une quelconque collaboration politique. Au motif qu’il s’était évertué à diviser le M5-RFP et à procéder à une épuration politique qui ne disait pas son nom.
A l’évidence, les hostilités politiques ne s’affaiblissent pas à l’encontre du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui est aujourd’hui un homme isolé, au sens propre du terme, et qui voit de plus en plus sa marge de manœuvre se réduire considérablement.
Ces appels à la démission, de plus en plus nombreux et retentissants, et qui prennent des proportionspour le moins piquantes, car dépassant de loin le milieu de ses détracteurs politiques naturels, finiront-ils par le fragiliser auprès du colonel Assimi Goïta, seul à lui accorder ou non un sursis ?
On le saura bientôt….
Oumar KONATE
Source: La Preuve