Les populations riveraines de l’axe Bamako-Kayes ne décolèrent pas face à la dégradation avancée de cette route nationale. La voie qui traverse les cercles de Kati et Kolokani dans la région de Koulikoro est aussi celle qui lie la région de Kayes à la capitale. Fatiguées des promesses de rénovation non respectées par Traoré Zeïnab Diop, la ministre en charge de l’Equipement, les populations ont décidé d’entreprendre des actions.
Selon un proche du département, la ministre a dû interrompre ses vacances pour faire face à la colère des habitants de Kayes qui ont prévu de bloquer le pont de la ville à partir du 23 août. Le slogan des jeunes de la capitale du Khasso «bloquer le pont pour la route » fait sensation sur les réseaux sociaux depuis plus de deux semaines sans que le gouvernement prenne des mesures de confiance à l’endroit des populations.
Ce qui complique la tache de la ministre de l’Equipement, c’est que par deux fois elle a réussi à désarmer des populations en usant de la ruse, selon les jeunes. Chaque fois que la tension monte, la ministre envoie des pelleteuses, Katerpillar et autres engins de terrassement pour faire semblant de démarrer les travaux de rénovation de la route.
On se souvient notamment de la façon dont l’initiative des jeunes de Kati et Kolokani visant à bloquer la route a été abandonnée en fin 2018. A la veille, la ministre avait rapidement produit un communiqué sur le redémarrage des travaux de rénovation de la route. Ce saupoudrage a permis de calmer les ardeurs de la jeunesse, mais les travaux n’iront pas plus loin que la durée d’un communiqué officiel.
Aujourd’hui, ce sont les jeunes de la ville de Kayes qui ont décidé de mettre la pression sur les autorités. Le blocage du pont enjambant le fleuve Sénégal dans la ville fera plus de dégât en terme d’image qu’économique. Ce pont évoque un lien affectif du président IBK (une de ses fiertés alors qu’il était Premier ministre).
La fermeture en jour de ce corridor impactera les recettes douanières, étant donné qu’il est la seule porte d’entrée des marchandises provenant du Sénégal voisin. C’est donc un symbole du commerce international qui sera vu par l’opinion externe déjà méfiante envers le Mali qui peine à sortir de la crise sécuritaire.
Au-delà du Sénégal, la route nationale 6 est également un corridor entre le Mali et la Mauritanie, un autre pays voisin. Par extension, cet axe mène jusqu’aux infrastructures portuaires de la Méditerranée en passant par le Maroc.
Il y a naturellement de quoi rendre mouvementées les vacances de Traoré Zeïnab Diop. Mais cette dernière doit dire la vérité à la population sur ce qui ne va pas. S’agit-il d’un déficit budgétaire ou d’une mauvaise gestion des fonds alloués à la rénovation et l’entretien routier? Les langues commencent à se délier.
Soumaïla T. Diarra
Le Républicain