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Bilal Ag Achérif à Mahamadou Issoufou: «Le respect doit être mutuel !»

Il y a quelques jours, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, dans une interview accordée à nos confrères de Jeune Afrique, prononçait des mots assez durs à propos de la situation de la ville de Kidal qui, selon lui, pose problème a son pays car «abritant des terroristes qui attaquent le Niger et s’y réfugient».

«L’Etat malien doit reprendre tous ses droits à Kidal dont la situation actuelle nous pose problème car, des terroristes attaquent le Niger et s’y retirent. Une ville qui devient un sanctuaire pour eux.»

Voilà en substance, des propos, ni diplomatiques, encore moins courtois, pense-t-on, dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, tenus par le président nigérien, il ya de cela quelques jours, pour expliquer sa vision de l’état actuel de cette ville contrôlée par la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad).

Pour moins que ça, à Kidal, on a l’habitude de réagir à travers certains leaders des mouvements signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Il n’était donc pas question de déroger à cette règle. Et comme la réponse du berger à la bergère, les réactions fusent de toutes parts.

Pour notre part, nous avons pu échanger avec le patron de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui, en réponse à notre question : «que pensez-vous de la déclaration du président du Niger au sujet de la situation de Kidal qui «héberge» les terroristes qui les attaquent?», il nous répondra :

«Chacun doit faire la différence entre les cas politiques et les défis en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme auxquels nous sommes tous confrontés aujourd’hui, au lieu de porter des accusations contre tout le monde, quiconque, et n’importe quel espace géographique ; ou des populations ou communautés. Sans cela, il n’y aura aucun résultat, quels que soient les efforts fournis par les uns et les autres. Nous sommes pour une coopération basée sur le respect de l’intérêt de tous».

En réalité, notre interlocuteur, le très peu bavard président du MNLA, pense (c’est notre point de vue) que certains dirigeants de la sous-région commencent à comprendre qu’ils ne font pas grand-chose pour développer leur pays et protéger leurs populations contre le terrorisme et d’autres trafics de tout genre, contrairement aux propos qu’ils ont l’habitude de tenir en vue de briguer leurs suffrages. Dans le cadre de la même diversion, donc, ils ont décidé, surtout que cela est plus facile pour eux, d’accuser ceux avec qui ils doivent coopérer dans le respect mutuel, les véritables acteurs.

À titre de rappel, Algabass Ag Intallah, un des chefs de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), avait, lui aussi, réagi en ces termes : «C’est toujours de la faute de Kidal ! La prochaine fois qu’ils auront mal à la tête, ce sera aussi à cause de Kidal! À Kidal, il y a pourtant la force française Barkhane et la Minusma. Toute la communauté internationale est là !».

Makan Koné

Nouvelle Libération

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