Un accord prévoyant une limitation de la circulation des armes aux seuls FAMa et aux mouvements signataires des accords de paix met fin au conflit entre les communautés arabes et sounghoï de Gao.
Depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation issue du processus d’Alger et malgré les différentes rencontres de dialogue, de paix, de réconciliation intra et intercommunautaire, les différents accords de protocoles de paix entre les communautés, la région de Gao vit dans une situation d’insécurité grandissante qui se traduit par enlèvements de véhicules, des animaux, des braquages, des pillages, des assassinats ciblés et de banditisme de tout genre. Du 16 au 20 Août dernier, au moins quatre jeunes ont trouvé la mort dans la ville de Gao, à la suite d’incidents entre jeunes de groupes armés. N’eût été l’intervention de l’armée, la ville serait au bord du chao. Ces différents actes conduisent inéluctablement à la destruction des valeurs ancestrales de cohabitation entre communautés et l’effritement du tissu social.
Ayant pris conscience de cette situation et de la nécessité de vivre ensemble et du respect des liens séculaires d’antan, les leaders communautaires de la région de Gao s’engagent à travers un protocole d’accord signé le mercredi 26 Août 2020, à « aider å désarmer tous les détenteurs d’armes n’étant pas des FAMAS, des forces de sécurités et des mouvements signataires d’accord ».
Condamnant toute circulation d’arme dans la ville, excepté les FAMA, les leaders communautaires invitent tous les groupements armés y compris ceux signataires de l’accord à rejoindre leurs casernes et à ne point circuler avec une arme dans la ville sauf des cas d’urgence avec un ordre de mission dûment signé. Une invite a été également adressée aux autorités militaires et les groupes armés signataires de l’accord à prendre les dispositions idoines pour la sécurisation des axes routiers Gao-Kidal, Gao-Sévaré, Gao-Lobezzanga, Gao-Menaka et Gao-Bourem.
Le protocole d’accord engage les leaders communautaires à « accompagner et soutenir l’armée malienne et les mouvements signataires de l’accord pour sécuriser les personnes et leurs biens », à « déclarer ou dénoncer tout individu suspect dans la ville de Gao dans le registre de la paix et du vivre ensemble auprès des autorités », à « bannir tout acte public de violation ou d’intimidation sous peine d’être dénoncé à sa communauté d’origine qui s’engage sans délais à rappeler à l’ordre l’intéressé », et à « lutter contre les enlèvements de véhicules en impliquant les mouvements armés, les autorités traditionnelles et les élus pour une recherche commune afin de restitution ».
Par ledit protocole, il s’agit pour ses signataires de faire de Gao dans un bref délai, une ville sans arme illégalement détenue, afin d’ instaurer un climat de cohabitation pacifique entre les communautés, de mettre en place un comité de suivi comprenant toutes les sensibilités des différentes communautés vivantes dans la région, d’élaborer une feuille de route avec planning détaillé des actions à mener pour renforcer la paix, la cohésion et le vivre ensemble, et d’organiser un forum communautaire de pardon et réconciliation
Les leaders communautaires invitent les populations à la retenue sur les réseaux sociaux, et l’État à jouer son rôle de sécurisation des personnes et des biens, et à diligenter la mise en œuvre effective et rapide de l’accord.
Cyril Adohoun
L’Observatoire