Le premier congrès extraordinaire du Rassemblement Pour le Mali (RPM) a pris fin avec la réélection sans surprise de Dr Bokary Treta à la tête du Bureau Politique National (BPN). Le lendemain de ce rendez-vous présage l’émiettement du parti de feu IBK.
Le Congrès tenu les 26 et 27 août dernier au Centre International de Conférence de Bamako (CICB), a été présenté comme un « moment de réconciliation et d’unité » du parti après une longue période de dissensions internes, après la mort de son président fondateur Ibrahim Boubacar Kéita alias IBK.
L’unité apparente qui a régné au lendemain du décès d’IBK a très vite volé en éclat. Car derrière ce vernis d’harmonie, les fissures n’ont pas tardé à s’imposer, comme en témoignent le bras de fer judiciaire qui a opposé le camp Treta au camp Me Baber Gano et le boycott du congrès par plusieurs figures influentes du RPM. Parmi les absents notables, on compte le secrétaire général sortant Me Baber Gano, ainsi que d’autres barons tels que Mamadou Diarrassouba, Nango Dembélé, et Mamadou Frankaly Keïta. D’ailleurs, Me Gano avait laissé entendre que « ce congrès ne nous concerne pas. Ceux qui sont en train de l’organiser, le font unilatéralement. Nous, nous ne sommes pas concernés ».
La réélection de Dr BokaryTreta n’est pas seulement un signe de soutien, mais soulève également des questions sur la démocratie interne du parti. Alors que le président semble jouir d’une loyauté indéfectible de la part d’une majorité des membres, l’absence de compétition sérieuse et de débat ouvert lors du congrès soulève des interrogations sur la vigueur du processus démocratique au sein du RPM.
Bien que le congrès ait été présenté comme un succès en raison de la participation de plus de 2/3 des sections internes et externes du parti, il est important de noter que cette participation a été largement influencée par l’appareil politique en place et par la discipline de parti. Il convient donc de se demander si cette forte participation reflète réellement la volonté des membres ou plutôt une forme de pression exercée par la direction du parti.
A LIRE AUSSI : https://icimali.com/congres-du-rpm-les-frondeurs-persistent-malgre-lelection-du-nouveau-bureau35688-2/
« Les nominations clés effectuées lors du congrès visent à renforcer l’équipe dirigeante du RPM », soutient un délégué qui a pris part au congrès. Cependant, les critiques relèvent que la nomination de certains proches du président souligne une tendance à la consolidation du pouvoir plutôt qu’à une véritable ouverture et à une représentation équitable au sein du parti. « Le choix de certains membres pour des postes clés soulève des inquiétudes liées à l’objectivité et à la diversité au sein du parti », a pesté un des cadres du parti en commune VI de Bamako, pourtant proche du président de ladite section Mahamane Baby.
Malgré les discours de cohésion et de solidarité prononcés lors du congrès, il ne reste plus qu’à voir si les hommes vont parvenir à s’y appliquer. Les dissensions sous-jacentes et les absences notables des barons dissidents, jettent une ombre sur la prétendue unité affichée par le RPM. L’absence de débats contradictoires et de divergences ouvertement discutées peut également entraver la capacité du parti à prendre des décisions éclairées et à évoluer en tant qu’entité politique dynamique.
En fin de compte, si le congrès extraordinaire du RPM a certainement servi à réélire le président en place et à afficher une façade d’unité, il a également révélé les défis auxquels le parti est confronté en matière de démocratie interne, de représentation équitable et de prise de décision transparente.
Du reste, l’avenir du RPM dépendra de la capacité de ses responsables à surmonter ces défis et à évoluer en tant que force politique authentiquement démocratique et représentative.
D.C.A.
Le Soft