Le départ de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) marque une étape décisive dans l’histoire du pays ainsi qu’un tournant dans la manière dont le pays aborde ses problèmes de sécurité et de développement. Tout en exprimant ses réflexions sur cette décision historique et les défis à venir pour le pays, Moussa Mara, ancien Premier ministre, exige des comptes des autorités de la transition.
À la demande du Gouvernement malien, le Conseil de sécurité a décidé de mettre fin au mandat de la MINUSMA, le 30 juin dernier, ce, après une décennie passée au Mali. Outre l’inadéquation du mandat de la mission de maintien de la paix dans un contexte marqué par le terrorisme, les autorités de la transition reprochent l’instrumentalisation de la Mission et les attitudes hostiles qui ont porté atteinte à la cohésion nationale dans le but de déstabiliser le pays pour des intérêts extra-africains. Cela a entraîné une crise de confiance non seulement entre la MINUSMA et les Autorités maliennes, mais aussi entre la mission et les populations.
L’évidence est que l’évolution de la situation depuis 2012, lorsque le déploiement de la MINUSMA avait été salué comme un acte historique, à maintenant, où le retrait de la mission, est considéré de la même manière. « Cette évolution témoigne de la volonté croissante du peuple malien et de ses autorités de prendre en main leur destinée», a insisté l’ex-PM.
Mara reconnaît le rôle important joué par la MINUSMA au cours des années, en particulier en tant que ‘’facilitateur dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation’’. Cependant, l’ancien maire de la Commune IV de Bamako souligne également que le Mali doit maintenant ‘’combler le vide laissé par le départ de la mission et relever plusieurs défis majeurs’’.
Enjeux
L’Accord pour la paix et la réconciliation constitue l’un des principaux enjeux pour le Mali. Selon le président du parti Yelema (Le Changement), la défiance entre les parties à l’accord, notamment les groupes armés et le pouvoir de Bamako, rend sa mise en œuvre’’ complexe et urgente’’. Et le Mali devra s’engager résolument pour garantir que cet accord soit pleinement respecté afin d’assurer une paix durable dans le pays.
Un autre défi majeur est la prise en charge des actions sociales et de développement dans les régions du Centre et du Nord du pays, où la MINUSMA avait réalisé de nombreux projets à impact rapide. Le Mali devra maintenant assumer la responsabilité de ces projets et veiller à ce que le développement et la sécurité soient étroitement liés.
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Le renforcement des forces armées et de sécurité ainsi que de l’administration dans les zones où opérait la MINUSMA sera essentiel pour combler le vide laissé par le départ de la mission. Cela garantira que le processus de construction de la paix se poursuive de manière pérenne.
Pour Moussa Mara, ‘’le respect des droits de l’homme sera également primordial’’ pour le Mali, en renforçant les organisations dédiées aux droits de l’homme et en garantissant que les enquêtes sur les violations soient menées à bien. ‘’La crédibilité de la justice malienne doit être consolidée pour que les victimes de la crise puissent enfin obtenir justice’’, a-t-il insisté.
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Par ailleurs, l’ancien locataire de la Cité administrative de Bamako estime que le Mali devra faire face à des défis économiques et humanitaires conséquents. Car, prévient-il, des milliers de personnes risquent de perdre leur emploi avec le départ de la MINUSMA, et l’aide humanitaire doit être assurée pour les populations touchées par la crise.
Des exigences
M. Mara est intransigeant vis-à-vis des autorités de la transition à ‘’communiquer rapidement sur leur plan de mitigation des risques’’ liés au départ de la MINUSMA. Ainsi exhorte-t-il le peuple malien à soutenir les autorités dans la résolution de ces défis, tout en rappelant l’importance de préserver les valeurs d’humanisme et d’hospitalité du pays.
Somme toute, le départ de la MINUSMA représente une étape cruciale pour le Mali, qui doit maintenant relever ces défis avec détermination. Cela nécessitera un engagement fort de la part des autorités de la transition et du peuple malien afin de garantir un avenir de paix, de stabilité et de développement pour le pays.
Cyril AKPITISON
Le Soft