Dans son discours, à la 73e session du Conseil de sécurité des Nations-Unies, à New-York, IBK annonçait que son pays connaît des problèmes de trésorerie. Mais de là à croire que le Mali serait en cessation de paiement, il n’y a qu’un pas qu’il s’est gardé de franchir.
« Mon pays, le Mali, connaît, actuellement, des problèmes de trésorerie… Il compte sur ses partenaires techniques et financiers pour traverser cette période difficile », déclarait IBK, du haut de la tribune de l’ONU.
Mais pour Mr Soumaïla Cissé, chef de file de l’opposition, la situation financière de notre pays est plus grave qu’elle n’y paraît.
« Le pays est en train de sombrer, le Trésor est vide, la dette du pays est énorme, sans citer les prestiges de l’extérieur », indique-t-il dans les colonnes de notre confrère, « L’indépendant », dans sa parution du 05 octobre dernier.
Même si la situation économique de notre pays n’est pas désespérée, elle suscite l’inquiétude. Notamment, au sein du « petit monde » des affaires, des industriels et des retraités voire des salariés.
Des rumeurs les plus folles, voire fofolles, ont couru, fin septembre, sur le retard pris dans le paiement des salaires. Habitués à être payés, dès le 25 du mois en cours, des fonctionnaires se seraient alarmés, fin septembre. Parce que, disaient-ils, « leurs virements n’étaient pas faits ». Vrai ou faux ? On ne saurait le dire.
Une certitude : face au non-paiement de leurs factures, par le Trésor public, nombreux sont les entreprises privées, qui tirent le diable non pas par la queue ; mais par les poils de sa queue. L’Etat malien doit à certains des dizaines de milliards de nos francs ; à d’autres, des centaines de millions CFA.
Pire, certaines entreprises sont obligées de s’endetter auprès des banques pour payer les salaires de leurs employés. D’autres se sont vu obligés de licencier des centaines d’employés. Parce qu’elles n’arrivent plus à faire face à leurs charges.
Outre les salariés, les retraités « vivent un calvaire », selon notre confère « Le Combat », qui a interrogé certains.
« Sous les présidents Konaré et ATT, les salaires tombaient entre les 22 et 23 du mois. Mais depuis l’arrivée d’IBK au pouvoir, c’est le calvaire pour les retraités…. Le problème, c’est que le Trésor ne met l’argent à la disposition des payeurs, afin que ces derniers les mettent à la disposition des banques, chargées de verser nos pensions de retraite », déplore un retraité dans les colonnes de notre confrère.
Les grèves en cours, et celles, dont les préavis ont été, déjà, déposés sur le bureau du ministre du Travail et de la Fonction Publique, s’expliquent par le manque cruel d’argent qu’accuse l’Etat.
En grève illimitée depuis plus de deux mois, les magistrats entendent poursuivre leur mouvement « jusqu’à la satisfaction de leurs revendications ».
De sources concordantes, les revendications de ces 650 magistrats tourneraient autour de 2 petits milliards CFA.
« Le gouvernement s’est engagé, dans le passé, à satisfaire nos doléances. Nous attendons, légitimement, que le gouvernement tienne sa promesse », martèle Mr Aliou Badra Nanakassé, président du syndicat autonome de la magistrature.
Et Soumaïla Cissé d’ajouter, à l’issue de son entretien, la semaine dernière, avec les deux syndicats de magistrats : « Vous avez des populations qui souffrent, des délais de garde à vue dépassés, des personnes qui sont à la fin de leur peine mais qui n’arrivent pas à sortir de la prison à cause de cette grève.
C’est l’ensemble de la société qui en pâtit ».
Après les magistrats, les Directeurs des Finances et du Matériel (DFM) menacent, à leur tour, d’aller en grève les 15 et 16 octobre. Ils réclament, eux aussi, 25% d’augmentation de leurs salaires et de leurs indemnités.
Et comme si tout cela ne suffisait pas, le Groupement des Professionnels du gaz domestique vient, contre toute attente, de laisser exploser sa colère en suspendant, depuis le 04 octobre dernier, la fourniture de gaz butane. Motif : le non-paiement de leurs subventions, estimées à 3,5 milliards CFA.
Comme on le voit, la situation financière de notre pays n’est pas reluisante. C’est un euphémisme.
Contrairement à ce que les autorités tentent de faire croire, elle est chronique. A défaut d’être critique ou clinique.
C’est, peut-être, pour cela que le gouvernement vient de lancer un emprunt obligataire de 70 milliards CFA (100 milliards CFA disent d’autres), sur le marché de l’UEMOA, pour apurer sa dette intérieure. Laquelle se chiffre, dit-on, à près de 100 milliards de nos francs.
Oumar Babi
Source: Canard Déchaîné