Dans l’Est de la RDC, la souffrance des populations ne vient pas seulement du conflit, mais de l’économie de guerre qui l’entretient. Nous devons rendre traçable chaque ressource, intégrer les communautés dans les chaînes légales et faire de la transformation locale une priorité de sécurité
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Engagement renouvelé du Togo et de la France pour une paix durable dans les Grands Lacs

La communauté internationale s’est réunie ce 30 octobre 2025 à Paris à l’initiative conjointe du Togo et de la France pour un soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs en proie à une crise humanitaire. Cette rencontre diplomatique co-présidée par le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, Médiateur de l’Union africaine en République Démocratique du Congo (RDC) et le Président français Emmanuel Macron, marque l’engagement des deux nations à œuvrer pour la paix et la prospérité dans cette région du continent.

La Conférence a enregistré la participation en ligne du Secrétaire général des Nations unies, M. António Guterres, ainsi que la présence effective du Président de la République Démocratique du Congo, M. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, aux côtés de soixante-dix (70) hauts émissaires représentant notamment les dirigeants des États-Unis, du Qatar, du Rwanda, de l’Angola, de l’Ouganda, du Burundi, de la Tanzanie et bien d’autres pays africains, européens et asiatiques.

Les travaux ont été enrichis également par la participation, des délégations de l’Union africaine, de l’Union européenne et plusieurs partenaires internationaux qui sont également engagés dans la promotion de la paix et du développement dans la région des Grands Lacs.

Cette mobilisation de grande envergure témoigne de la volonté de la communauté internationale d’accompagner les efforts de médiation conduits par le Président du Conseil, Faure Essozimna Gnassingbé, Médiateur de l’Union africaine pour la République Démocratique du Congo (RDC).

C’est dans cette dynamique unitaire que le Président du Conseil et le Président français ont examiné les réponses et les enjeux humanitaires dans la région des Grands Lacs afin d’y apporter une solution durable.

A la fin des travaux, le Président Faure Essozimna Gnassingbé a partagé avec les dirigeants et les acteurs engagés pour la résolution de cette crise humanitaire, trois axes de réflexion qui résument les discussions menées sur la situation humanitaire et les opérations communes prévues.

Une réponse africaine, durable et souveraine à la crise des Grands Lacs.

Dans son intervention, le Président Faure Gnassingbé a développé une approche stratégique de la gestion de la crise humanitaire dans la région des Grands Lacs, fondée sur la durabilité et l’appropriation locale des réponses à ce fléau.

Le Médiateur de l’Union africaine a appelé à cet effet à une réponse africaine, intégrée et tournée vers le développement et à une refondation du modèle d’aide. Celle-ci doit être désormais orientée vers la reconstruction, l’autonomie des communautés et le co-financement des programmes de développement dans les zones victimes de crises sécuritaires.

Le Président du Conseil a surtout insisté sur l’appropriation africaine de ce nouveau modèle d’aide humanitaire, afin de favoriser une sortie de crise efficace et une reconstruction durable de la région.

« L’urgence humanitaire appelle désormais à une réponse durable et intégrée. Et cette réponse doit être africaine. L’aide humanitaire doit devenir un fonds vers le développement. L’Afrique doit aussi participer à son propre effort humanitaire, non pas seulement par devoir moral, mais parce que c’est une question de dignité et d’efficacité. Nos États doivent co-financer le programme » a-t-il déclaré.

« Le carburant que nous recevons, c’est du sang humain », dixit le Premier ministre Abdoulaye Maïga

 

Nécessité d’une gouvernance africaine de la réponse humanitaire

Poursuivant sa réflexion, le Président du Conseil a mis en lumière la nécessité d’une gouvernance africaine de la réponse humanitaire. Selon lui, la gestion de cette crise doit s’appuyer sur les structures régionales existantes, notamment l’Union africaine et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.

« La gouvernance de cette réponse humanitaire doit aussi être africaine. Au-delà de participer à son financement, l’Afrique doit être au cœur de la gouvernance humanitaire, dans la coordination, la planification et le suivi des réponses » a-t-il ajouté.

Pour le Président du Conseil, une telle approche garantit beaucoup plus de transparence et d’efficacité, et évite de faire de l’aide au développement « un enjeu de pouvoir ».  Ce changement de paradigme permettra d’éviter le chevauchement, et de garantir l’effectivité de l’accès des ressources aux populations bénéficiaires.

Dans cette logique, il a rappelé l’importance d’une aide conçue de manière à préserver l’autonomie des partenaires africains, tout en contribuant à la stabilisation des populations et au renforcement de la souveraineté nationale.

« Il faut que l’aide soulage sans nourrir la dépendance, qu’elle stabilise sans figer les rapports de force. C’est pourquoi, pour protéger les bienfaits de l’aide et ce qu’elle apporte, il faut un contrôle africain renforcé »  a souligné le Président du Conseil.

Rompre avec l’économie de guerre

Abordant le dernier axe de sa réflexion, le Président Faure Gnassingbé a mis en lumière le lien étroit entre la crise humanitaire et les dynamiques économiques qui alimentent les conflits armés. Il a fermement condamné la contrebande minière, le commerce illégal des ressources naturelles ainsi que les activités d’exploitation informelle, qui contribuent au financement des acteurs de la violence et à la prolongation des crises humanitaires.

« Dans l’Est de la RDC, la souffrance des populations ne vient pas seulement du conflit, mais de l’économie de guerre qui l’entretient. Nous devons rendre traçable chaque ressource, intégrer les communautés dans les chaînes légales et faire de la transformation locale une priorité de sécurité » a-t-il affirmé.

En prônant une économie transparente et légitime, le Président du Conseil, a appelé à une paix fondée sur la justice économique et la réparation des territoires meurtris par la guerre et l’exploitation illégale des ressources minières

« C’est en rétablissant une économie transparente et légitime que nous couperons les flux qui financent la violence. La paix dans les Grands Lacs ne doit pas être une simple pause dans les combats. Elle doit être une transformation de l’économie extractive, une rupture avec l’exploitation illégale, une véritable réparation pour des populations qui, depuis trop longtemps, payent le prix de la richesse de leur terre » a déclaré le Président Faure Essozimna Gnassingbé.

Une vision de souveraineté solidaire

Pour terminer, le Président Faure Gnassingbé a replacé la crise dans la région des Grands Lacs dans une perspective morale et politique : celle d’un test pour l’Afrique et pour la communauté internationale. Il invite les nations africaines à transformer la compassion en action, à faire de la solidarité un levier d’autonomie et de l’aide un instrument de souveraineté.

« Ce que nous avons entendu aujourd’hui confirme une évidence. La crise humanitaire dans les Grands Lacs est un test moral pour le monde et un test politique pour l’Afrique. Nous devons transformer la compassion en solution, et l’urgence en l’avenir. Nous devons faire de la solidarité un levier d’autonomie et de l’être un instrument de souveraineté. C’est cela, je crois, l’esprit de cette conférence, une solidarité efficace, africaine et durable qui relie la paix à la prospérité et la dignité à la responsabilité » a-t-il déclaré.

Le Président Emmanuel Macron s’est réjoui de la mobilisation collective autour de la conférence et des décisions majeures qui en sont issues, notamment la réouverture de l’aéroport de Goma aux vols humanitaires, ainsi que la mobilisation d’un milliard et demi d’euros supplémentaires en une seule journée, destinés à l’assistance des populations les plus vulnérables. Il a souligné que cet ensemble d’actions s’inscrit dans une synergie complète avec toutes les initiatives régionales et internationales, afin de répondre en profondeur à l’urgence humanitaire et de replacer l’humain au cœur des priorités.

Le chef de l’État français a salué et félicité chaleureusement le Président Faure Gnassingbé pour son engagement constant en faveur du dialogue, de la stabilité et de la paix sur le continent africain.

Il a également souligné l’importance du renforcement du contrôle africain dans la gestion des crises et des processus de paix, saluant la vision et la détermination du Président du Conseil à promouvoir une approche africaine fondée sur la responsabilité, la justice et la solidarité entre les peuples.

« Je veux ici aussi souligner combien le contrôle africain doit être renforcé, combien ce qu’a dit le Président Faure au titre de la médiation de l’Union africaine est important et nous croyons en effet à cette approche si exigeante soit-elle. Cher ami, je veux vous remercier une fois encore pour votre mobilisation aujourd’hui autour des Grands Lacs et autour de cette urgence humanitaire ».

Il a réaffirmé le soutien de la France aux efforts diplomatiques du Président Faure Essozimna Gnassingbé pour une solution durable à la crise dans les Grands Lacs, dans le respect absolu de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de la RDC et de tous les États de la région.

La Conférence de soutien à la paix et à la prospérité dans la région des Grands Lacs restera dans l’histoire comme un moment de mobilisation exemplaire en faveur d’une solution collective à la crise que traverse la région des Grands Lacs. Ses conclusions témoignent de la détermination de la communauté internationale à soutenir les initiatives africaines visant à instaurer une paix durable et à promouvoir le développement dans la région, dans un esprit de partenariat respectueux et mutuellement bénéfique pour le continent et le monde.

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