En visite au Mali où il a fait « le point » sur la gestion de la transition, le président en exercice de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, note avec satisfaction « des progrès réels accomplis par la transition ». Au regard « des succès de la transition », il a exprimé son « désir ardent de voir la solidarité africaine s’exprimer en faveur de ce pays ».
A la tête d’une forte délégation de l’UA dont il est le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat en fin de mission de 72 heures a été reçu en audience, le mardi 31 janvier dernier, par le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta. La délégation de l’organisation continentale était à Bamako pour « faire le point avec les autorités de la Transition sur les étapes franchies ». « Nous sommes heureux de constater que des progrès réels ont été accomplis par la transition malienne », a déclaré le Président de la Commission de l’UA qui a salué de passage le travail abattu par le Comité local de suivi de la Transition au sein duquel la CEDEAO et les Nations Unies, soutenu par le Nigeria et le Ghana.
Des progrès
Le lundi 30 janvier 2023, le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat a été briefé par le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga. Cette rencontre a servi de cadre pour s’imprégner du bilan du Gouvernement à la Commission de l’UA, lequel gouvernement a, au demeurant, toujours encouragé, avec insistance, les partenaires du Mali à échanger directement avec les Autorités de la Transition et à privilégier les missions de terrain et de proximité afin d’avoir une analyse objective de la situation.
En effet, conformément aux recommandations des Assises Nationales de la Refondation (ANR) de refonder l’Etat, de créer les conditions d’une gouvernance future, vertueuse, susceptible de mettre fin aux crises cycliques et à l’instabilité à travers des réformes substantielles aux plans politiques et institutionnels, le Président de la transition a mis en place, le 27 janvier 2023, la Commission chargée de la finalisation du projet de nouvelle constitution qui sera bientôt soumis à referendum. Dans le même esprit, le Mali s’est doté d’une nouvelle loi électorale en 2022 et a procédé tout récemment à la mise en place de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE). Ce processus de refondation s’est consolidé par la mise en place du Cadre stratégique de la Refondation de l’Etat (2022-2031), assorti du Plan d’Actions 2022-2026.
Le Premier ministre a fait comprendre à l’émissaire de l’UA que la résolution durable de la crise qui affecte le Mali depuis plusieurs années « nécessite un changement de paradigme » et « la Transition ne saurait se résumer à une question d’élection et d’alternance au sommet de l’Etat ». Car malgré les 30 ans de vie démocratique régie d’élections, le Mali « n’a jamais été aussi instable ». « Loin de moi, l’idée selon laquelle les élections ne sont pas importantes mais face à une crise de l’ampleur de celle que nous connaissons, les élections doivent être précédées de réformes appropriées », a insisté Dr Choguel. Qui s’est justifié : « On l’a vu sous d’autres cieux, notamment en Afghanistan, un pays qui a régulièrement organisé des élections pendant 20 ans, sans que cela résolve durablement les problèmes structurels. Ses partenaires occidentaux ont fini eux-mêmes par en faire le constat en l’abandonnant à son triste sort. »
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Bouter le terrorisme, véritable « menace sur les fondements de la république et la cohésion de la nation », hors du territoire malien reste le principal défi des autorités de la transition. Le Premier ministre l’a fait comprendre au président de la Commission de l’UA, « c’est un cancer qu’il faut éradiquer à travers la conjugaison des efforts et la mise en œuvre de solutions holistiques et multidimensionnelles ».
De fait, l’ordre de priorité élevé dans le Programme d’actions du Gouvernement reste le retour de l’Etat et des services sociaux de base dans les zones affectées par la crise, des réfugiés et des personnes déplacées internes dans leur terroir, ainsi que la sécurité des populations. « Sur tous ces plans, nous avons engrangé des résultats notables », a indiqué le Chef du Gouvernement qui met ces résultats au crédit des opérations militaires d’envergure que mènent sur le terrain, avec courage et professionnalisme, les forces de défense et de sécurité. « La peur a changé de camp ; c’est une évidence. Nous traquons les groupes armés terroristes, réduits à des actions d’éclat isolées, jusque dans leurs derniers retranchements », s’est réjoui le Premier ministre.
Poursuivre les actions
Dr Choguel Kokala Maïga a informé de la poursuite du vaste chantier de la restauration de la sécurité sur toute l’étendue du territoire national, de la dignité, de la souveraineté et de l’indépendance, conformément aux trois (3) principes clés qui gouvernent désormais l’action publique au Mali. Par conséquent, il a rassuré M. Moussa Faki Mahamat de la détermination du Gouvernement à tenir ses engagements tant avec la communauté régionale et internationale, qu’avec la communauté nationale dont la vision est le « Mali Nouveau ». Ainsi promettra-t-il : « Les efforts de réforme seront poursuivis de manière à atteindre le point de non-retour dans le processus de redressement de notre pays. De la même manière, nous intensifierons le processus de réforme et les préalables à la tenue d’élections inclusives, apaisées et crédibles. Notre détermination à poursuivre sur la voie des reformes n’a d’égal que la soif de réforme de notre vaillant peuple, ainsi que son aspiration à la justice et à la sécurité. »
Aussi a-t-il réitéré l’engagement du Gouvernement à mettre en œuvre l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, en capitalisant les progrès réalisés à l’issue des dernières réunions du Comité de Suivi de l’Accord et de la Réunion décisionnelle de haut Niveau tenue en septembre 2022.
Somme toute, ces résultats positifs engrangés par les autorités de la transition ont été déterminants dans la réaffirmation du soutien de l’Union africaine « au succès de la transition. « Notre désir ardent de voir la solidarité africaine s’exprimer en faveur de ce pays », a conclu Moussa Faki Mahamat.
Cyril ADOHOUN
L’Observatoire