Entre le Gouvernement du Mali et les magistrats grévistes, c’est le dialogue des sourds qui s’installe et chacun se tire la corde dans l’indifférence totale du service public, la justice.
Ni le Gouvernement ni les magistrats grévistes ne veulent reculer d’un pas pour faire de la concession et mettre fin à une grève illimitée qui frôle déjà trois mois.
A Mopti, le Premier Ministre a décliné la position du Gouvernement qui, selon lui, n’est pas dans une logique de faire des efforts supplémentaires pour satisfaire les revendications des magistrats grévistes.
Enclenchée depuis le 25 juillet dernier, la grève des magistrats bouclera son troisième mois, bientôt, si les choses n’évolueront positivement pas d’ici peu.
Entre autres de leurs revendications, il faut signaler la non satisfaction de deux points seulement du cahier des doléances, à savoir la non sécurisation des juridictions et du personnel judiciaire et la non relecture immédiate du statut de la magistrature avec revalorisation de la grille salariale.
Face à cette situation, le Gouvernement a demandé et obtenu de la Cour Suprême la réquisition des magistrats grévistes qui refusent même d’assurer le service minimum.
Ayant constaté «le caractère illégal de la grève ayant été confirmé par la Cour Suprême et compte tenu de la discontinuité du service public de la justice avec son lot de souffrances causées à la population, le Gouvernement a décidé, conformément à la loi n°87-48/AN-RM du 4 juillet 1987, relative aux réquisitions de personnes, de services et de biens, de réquisitionner les magistrats en grève», précise le Gouvernement dans un communiqué.
Considérant que cette autorisation de la Cour Suprême de réquisitionner tous les magistrats grévistes est un acte de violation de la Loi fondamentale, les deux syndicats de la magistrature continuent avec des invectives et exigent même les démissions sans conditions du Premier Ministre, du Ministre de Travail et de la Fonction Publique et du Président de la Cour Suprême.
Campé dans sa position de ne rien céder aux magistrats au motif que l’Etat ne peut faire aucun effort financier de plus, le Patron de l’Administration malienne, SBM, a décidé de procéder à la vérification l’effectivité de la réquisition faite aux magistrats dans les tribunaux, courant cette semaine.
Pour des observateurs indépendants, c’est la première fois, en tout cas, ces dernières années au Mali qu’une grève dure, aussi longtemps, après avoir épuisé toutes les cartes de négociations. Même les traditionnels médiateurs, les leaders religieux, ont été incapables de réunir les tendances autour d’une même table.
Habi Sankoré
Source: Le SOFT