Pris au collet par la grève illimitée des Magistrats, l’Etat malien réagit. A travers un communiqué rendu public, le mardi 9 octobre dernier, le Gouvernement a réquisitionné les Magistrats en confiant leur travail à d’autres personnes. C’est la première fois pour les autorités d’écourter les souffrances des populations. De leurs côtés, les grévistes ont durci le ton en décrétant une grève jusqu’auboutisme.
Jamais une grève n’a autant paralysé les activités administratives. Les Magistrats en grève illimitée depuis fin juillet 2018 ont rendu la vie dure aux usagers de leurs services. Les missions de bons offices ne sont pas parvenues à décrisper la situation.
Les grévistes réclament des autorités la sécurisation des juridictions et l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail. Des doléances qui laissent perplexes des citoyens lambda qui voient en ces Magistrats des enfants gâtés de la République. Car, sur le plan traitement salarial, ils sont les mieux lotis. Et en termes de prise en charge sociale, ils n’ont pas à se plaindre. La situation sécuritaire dont ils dénoncent avec véhémence est, certes, une réalité. Mais, ils ne sont pas les plus exposés face à cette situation. Le monde des enseignants en paie le lourd tribut ; car, ces derniers vivent dans des zones les plus reculées et en insécurité totale et sans protection aucune. C’est l’état du pays qui en est ainsi. L’Etat se débat de toutes ses forces afin de ramener la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Ce n’est pas une situation isolée qui concerne seulement les juges et les justiciables aussi vivent le même problème. Vouloir singulariser la situation sécuritaire, c’est prendre ses rêves pour réalités. Comme on le dit souvent, qui parle de juge, parle de justiciables, l’absence de l’un entraine l’arrêt de travail de l’autre. Les deux éléments sont indissociables entre eux.
Donc, là où la situation se complique davantage c’est le durcissement du ton du côté des grévistes qui ne veulent rien entendre que la satisfaction totale de leurs doléances. Pour avoir satisfaction, les grévistes semblent fermer la porte à toute autre possibilité de dialogue. La Cour Suprême qui s’est prononcée sur l’illégalité de cette grève est vouée aux gémonies par les grévistes qui réclament la démission du Président de l’institution, du PM et des Ministres en charge de la Justice et de la Fonction publique et du Travail.
Les grévistes pensent que ces Responsables d’institutions sont contre leurs intérêts. Mais ce que les grévistes oublient, c’est le fait que les populations à la base ne croient plus en la justice malienne. Pour elles, les Tribunaux sont le corps le plus corrompu ; un milieu favorable à la loi du plus offrant, autrement dit vous ne n’aurez pas satisfaction de vos doléances si vous n’êtes pas le plus offrant. La question de justice étant relayée au second plan, place à l’argent roi. A cet égard, les populations ne peuvent pas accorder leur confiance en la justice malienne. Exiger l’amélioration des conditions de vie et de travail s’apparente à du leurre pour les citoyens lambda.
Au lieu de chercher à rapprocher la justice des justiciables, les Magistrats font des revendications d’augmentation salariale et d’amélioration de leurs seules conditions de vie et de travail. Des doléances qui ne semblent pas largement partagées du côté des citoyens. Du moins, dans leur majorité. La réquisition annoncée par le Gouvernement semble être bien appréciée par les populations à la base qui voient en ces mesures le raccourci à leurs souffrances. Tout le reste est divertissement pour certains.
Ambaba DE DISSONGO
Source: L’Observatoire