La première attaque militaire étrangère contre la toute jeune Tunisie indépendante a eu lieu en 1958, et ce sont les Français qui l’ont lancée. Motif : le soutien apporté par Tunis à l’Armée de libération nationale (ALN) algérienne.
Mais la violence des « événements de Sakiet », comme on les appelle encore en Tunisie, va profondément marquer les relations entre Tunis et Paris, et renforcer la détermination tunisienne de récupérer l’intégralité de son territoire, opération qui s’achèvera en 1962 avec le départ du dernier soldat français de la base militaire de Bizerte.
Le 8 février 1958 était une journée d’hiver banale. Les gens allaient faire quelques emplettes au marché hebdomadaire, récupérer une pièce mécanique ou des chaussures chez le cordonnier ou tout simplement échanger des nouvelles au gré des rencontres. La vie quotidienne d’un bourg paisible, en apparence.
À Sakiet, tous savaient aussi que la présence de groupes de l’ALN irritait l’armée française. Les gradés étaient excédés par l’appui de la Tunisie aux combattants algériens et par la porosité des frontières entre les deux territoires.
À Tunis, Bourguiba n’avait pas voulu entendre le messager du président du Conseil français, Félix Gaillard, qui lui rappelait le devoir de neutralité de la Tunisie. Péremptoire, le président tunisien avait déclaré : « Si l’action continue, je demanderai l’installation d’un régiment de l’ONU aux frontières. » Internationaliser la guerre d’Algérie n’était pas l’intention de la France, qui campait sur ses positions sans mesurer la détermination des combattants algériens.