Au regard de l'histoire et de la géographie, la république sœur d'Algérie est d'office une alliée sûre du Mali. D'abord, elle a bénéficié des aides du pays de Modibo Keïta, en ce qui concerne la protection de ses leaders lors de sa guerre d'indépendance, et même de l'engagement militaire de la jeune république dirigée par le panafricaniste, ce qui a quelque part augmenté le courroux de la France contre le président malien de l'époque, qui sortait juste de l'éclatement de la Fédération du Mali, un projet qui lui avait fait précédemment tenir tête à l'ancien pays colonisateur.
SANS DÉTOUR

L’Algérie ou la médiation avec des sous-entendus

Au regard de l’histoire et de la géographie, la république sœur d’Algérie est d’office une alliée sûre du Mali. D’abord, elle a bénéficié des aides du pays de Modibo Keïta, en ce qui concerne la protection de ses leaders lors de sa guerre d’indépendance, et même de l’engagement militaire de la jeune république dirigée par le panafricaniste, ce qui a quelque part augmenté le courroux de la France contre le président malien de l’époque, qui sortait juste de l’éclatement de la Fédération du Mali, un projet qui lui avait fait précédemment tenir tête à l’ancien pays colonisateur.

Pourtant le jeu de l’Algérie n’est pas totalement limpide envers le Mali. Il est indéniable que l’Algérie n’a jamais engagé ses militaires pour renforcer l’armée malienne afin de mieux sécuriser leur frontière commune. Alors qu’à l’analyse, la plus grande crise qui menace jusqu’à l’existence même du Mali depuis 2012, peut avoir pour cause lointaine l’adoption en Algérie de la loi sur la « Concorde civile » en 1999. Cette loi d’amnistie a apaisé le pays de Bouteflika, mais il a évacué ses problèmes au nord du Mali. En effet, le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a rejeté l’offre d’amnistie proposée par le gouvernement algérien et déclaré qu’il va continuer à opérer dans le pays et réitèra son allégeance à Al-Qaïda. Dès lors ce groupe terroriste s’est installé dans le grand sud algérien, qui borde le grand nord du Mali. Et le laxisme de nos autorités, a laissé des hommes armés se promener dans nos territoires, sans rien faire contre cela. Puis ils ont résidé dans nos villes du nord, ont investi les mosquées, développé des trafics de cigarettes, de carburants et d’otages. D’accointances à accointances ils se sont liés avec les irrédentistes de Kidal. On connaît la suite.

Mais auparavant, il y a eu les accords de Tamanrasset de janvier 1991, signés sous médiation algérienne, par le colonel Ousmane Coulibaly, chef d’état-major général des armées du Mali sous Moussa Traoré et Iyad Ag Ghali, celui-là même qui se pavane encore dans le grand nord malien, dirigeait les insurgés Touaregs. Ces accords ont fait accepter pour la première fois la démilitarisation des régions de Kidal, Gao et Tombouctou, c’est à dire les trois régions du Nord. Une première grande reculade de l’Etat malien, dont les conséquences nous poursuivent toujours.

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Aussi, dans le dernier accord, celui désigné  » Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger » L’Algérie est le médiateur principal. Tout le monde sait que cet accord, signé en deux temps, 15 mai et 20 juin 2015, porte dans son ADN même des insuffisances graves, qui, non seulement menacent la bonne gestion du Mali, mais risquent de fragiliser encore le peu d’entente qui reste socialement.

L’Algérie s’est fait présentement intermédiaire entre la Russie et le Mali. La présence des militaires ou des mercenaires, selon les visions, du pays de Poutine au Mali n’est pas en somme une mauvaise chose. C’est au Mali de savoir poser ses conditions et de fixer clairement ses objectifs. Mais, l’Algérie s’y est engouffré pour deux raisons principales, qui est en premier, de parvenir à affaiblir et faire chanter la France son vieil ennemi, et également de faire venir une force armée près de ses frontières qui lui inspire plus de confiance, peut être même qu’elle pourrait l’aider à en finir avec le reste de ses terroristes et cela au frais de son voisin malien.

Enfin, l’Algérie est en train de chercher à prendre la place de la CÉDÉAO depuis les sanctions surdosées de cette dernière à l’endroit du Mali. Elle a toujours su se frayer un chemin pour être impliquée parce que le Mali est vital pour elle, même si elle ne l’avoue pas vertement. Elle vient de proposer 12 à 16 mois, cette fois, elle se fait accompagner par la Mauritanie, qui est carrément impliquée elle aussi. Elles savent que sans un Mali tranquillisé socialement et politiquement, elles ne le seront pas non plus, mais elles savent se mettre en second plan. C’est donc au Mali de savoir observer profondément ses positions géopolitiques avant ses prises de décision. Les sentiments doivent être éloignés quand il s’agit de la vie de millions de personnes.

En conclusion, nous pensons que ce n’est point une mauvaise chose que l’Algérie soit impliquée. Et puis, c’est même bien normal qu’elle cherche à régler ses problèmes sans se salir. Et c’est également bien, si elle peut renforcer ses liens avec la Russie, diminuer l’influence de la France et finir avec les terroristes sur son sol. Cela est à son honneur.

Cependant, c’est au Mali de la faire comprendre qu’ils sont dans un même bateau. Quelle n’est pas sans reproche dans la crise malienne, surtout qu’elle sache, qu’elle n’est pas, et ne doit pas être un acteur désintéressé, qui vient juste aider un voisin dans ses problèmes. Elle doit savoir qu’elle est au cœur du problème et qu’elle doit totalement se mouiller. C’est ainsi seulement qu’elle saura qu’elle n’est pas arbitre, mais qu’elle joue bel et bien le match. Et en ce moment seulement qu’elle pourra concrètement apporter beaucoup dans le règlement de notre crise.

Moussa Sey Diallo

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