Quel est votre objectif chez AOW ? Que souhaitez-vous réaliser pour qu’après AOW, vous regardiez en arrière et disiez que votre visite a été réussie ?
Lamine Seydou TRAORE : Le premier objectif est lié à la participation du Mali à l’événement, Africa Oil Week, qui regroupe tous les pays africains et du monde entier pour échanger et partager les expériences dans le domaine des hydrocarbures. Notre souhait est de nouer des partenariats autour des activités d’intérêt commun dans l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures et aussi de faire connaitre les potentialités maliennes en ressources énergétiques : hydrocarbures, solaire, éoliens, Hydrogène. Le réseautage et les partages d’expérience avec les spécialistes et les investisseurs du domaine (contacts et rencontres) est d’une importance capitale pour le Mali pour vendre sa destination.
Quels sont vos objectifs pour le secteur énergétique malien ? Comment classez-vous ces objectifs en fonction de vos priorités, et quels sont vos critères qui aboutissent à ce classement ?
M. Lamine Seydou TRAORE : L’objectif du Mali pour le secteur énergétique est de renforcer la couverture énergétique et fournir l’électricité en quantité suffisante et à moindre coût sur toute l’étendue du territoire national. Pour ce faire, la transformation de notre mix énergétique, aujourd’hui à dominante thermique vers un mix dominé par les énergies renouvelables à 35% hors hydroélectricité est notre priorité.
Quel est votre avis sur la transition énergétique ? Puisque le Mali est à la recherche d’investisseurs en amont, quel rôle voyez-vous pour les hydrocarbures au Mali ?
Lamine Seydou TRAORE : Les énergies fossiles étant des ressources énergétiques non renouvelables, la transition énergétique est à encourager pour que la population ne manque pas d’énergie vitale à tout développement humain. Pour l’instant le Mali est dans une dynamique d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures pour que cette ressource contribue au développement harmonieux de la population et de son bien-être à l’instar des pays comme la Norvège, le Danemark, en prenant en compte les aspects d’atténuation des impacts négatifs environnementaux. Il se fera en mettant l’accent sur la juste distribution des revenus en développant des infrastructures de développement en matière de santé, d’éducation, de transport…Aussi, l’exploitation minière est consommatrice d’énergie, le Mali est troisième producteur d’or en Afrique et regorge d’autres substances minérales comme le fer, la bauxite, le phosphate ; les hydrocarbures joueront un grand rôle pour faire fonctionner les usines.
Que fait-on pour assurer aux investisseurs la sécurité contre le terrorisme, rétablir un régime civil et assurer la stabilité politique ?
M. Lamine Seydou TRAORE : La question de la sécurité est devenue une affaire mondiale. Bien que le Mali soit particulièrement touché par le terrorisme et l’extrémisme violent depuis 2012 ; les signaux sont actuellement au vert. Une mise en œuvre intelligente de l’accord de paix signé en 2015 est en cours. Les autorités de transition ont inscrit à la tête de leurs priorités le rétablissement de la sécurité sur tout le territoire, la mise en œuvre de réformes politiques et institutionnelles pour prévenir les risques d’instabilité et garantir l’organisation d’élections libres et transparentes devant conduire au retour du régime civil.
Aujourd’hui, le Mali compte deux opérateurs actifs dans trois blocs, et 39 blocs qui sont à la disposition des investisseurs par le biais de négociations directes. Qu’y a-t-il de différent aujourd’hui pour que les investisseurs qui ont peut-être négligé le Mali le reconsidèrent aujourd’hui ?
Lamine Seydou TRAORE : Il y a exactement deux partenaires et 38 blocs libres pour les négociations directes. La demande de plus en plus croissante en énergie pour le développement des pays émergents latino-américains, asiatiques et africains fait que les compagnies pétrolières se tournent vers les pays comme le Mali qui regorgent d’énormes potentialités. Cela d’autant plus qu’on assiste à des découvertes dans les pays limitrophes du Mali, Niger, Algérie, Mauritanie, Sénégal où les contextes géologiques sont similaires.
Aussi la découverte de l’hydrogène naturel est un facteur attrayant pour le Mali. En outre, la révision des textes législatifs et règlementaires en cours est incitative avec le faible taux de taxation (taxe superficiaire), l’exonération en phase de recherche, le libre choix d’engagement du programme minimum de travaux pendant la première période de recherche, la suppression de l’appui juridique et fiscal.
Le gouvernement du Mali avait pour objectif d’atteindre une électrification rurale de 55% d’ici 2015, mais il n’y est pas parvenu. Que s’est-il passé et qu’en a-t-on appris ?
M. Lamine Seydou TRAORE : Le taux de couverture est de 52% aujourd’hui en deçà de l’objectif de 55% projeté pour 2015, l’espoir avait été fondé sur la réalisation de certains grands projets qui n’ont malheureusement pas vus le jour en raison du manque de financements.
Question de suivi : le Mali s’est maintenant fixé pour objectif d’atteindre une capacité sur le réseau de 1 416 MW d’énergies renouvelables, et hors réseau de 600 MW, d’ici 2030. Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il pour atteindre cet objectif ?
Lamine Seydou TRAORE : Des projets hydroélectriques sont en cours de réalisation ; il s’agit de Kenié, Gouina, Baoulé III, Baoulé IV, Bagoé I et Bagoé III et des mini-centrales hydroélectriques à Djenne et à Talo. Divers projets solaires d’une capacité d’environ 700 MW et une centrale éolienne de 150 MW sont en cours de développement. Ce qui permettra d’atteindre l’objectif fixé pour 2030.
Quels sont aujourd’hui les objectifs du Mali en matière d’électrification ?
Lamine Seydou TRAORE : L’objectif visé par le Gouvernement du Mali est de faire en sorte que le sous-secteur des Energies Renouvelables puisse contribuer de façon décisive à la réduction de la pauvreté et au développement durable par une approche intégrée des politiques, stratégies et programmes d’investissements, basée sur un partenariat public privé cohérent et efficace.
Plusieurs structures sont mises en place en matière d’électrification : EDM, concessionnaire national de production, de distribution, de commercialisation d’électricité et d’installation des réseaux électriques, AMADER agence de promotion de la couverture énergétique en milieu rural, AER pour les énergies renouvelables et ANADEB, pour le développement des biocarburants
Quelles sont vos attentes pour le développement futur du West Africa Power Pool et le rôle du Mali dans le SAPP ?
Lamine Seydou TRAORE : Aujourd’hui, l’interconnexion est une des solutions pour assurer la sécurité énergique en Afrique de l’Ouest et cela contribue au renforcement des réseaux nationaux. L’Afrique regorge d’énormes potentialités avec les productions des hydrocarbures au Nigéria, en Côte d’ivoire, au Ghana, au Niger. En mettant ensemble leur synergie le SAPP pourrait constituer un espace économique viable en matière d’électrification. Le rôle du Mali est d’être un hub énergétique avec sa position centrale de l’espace UEMOA (4frontières) dans la chaine de distribution et aussi contribuer par ses ressources énergétiques variées solaire, éolien, hydraulique, biomasse et hydrogène.
Quels sont les plans du Mali pour exploiter et utiliser l’hydrogène qu’il produit ?
Lamine Seydou TRAORE : Pour l’instant les études de faisabilité sont en cours par le partenaire et si elles sont concluantes, il pourra servir à l’électrification et à d’autres utilisations comme la mobilité urbaine, la fabrication des piles, de l’urée. Il faut noter qu’une unité pilote y existe pour la production de l’électricité.