Devant la diaspora malienne de New York et New Jersey, le PM par intérim prêche « la cohésion nationale »
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Le PM par intérim à la tribune de l’ONU : Sans ménagement !

A la tribune des Nations Unies ce samedi 24 septembre 2022, à l’occasion du Débat général de la 77ème Session ordinaire de l’Assemblée générale, le Premier ministre par intérim, colonel Abdoulaye Maïga, a craché les quatre vérités du Mali à la face du monde en général et singulièrement à l’ancienne puissance coloniale dont il qualifie les autorités de « Junte française au service de l’obscurantisme ». 

Après s’être acquitté de ses devoirs de salutations et de reconnaissance de l’Etat du Mali envers ses partenaires pour leurs multiples soutiens de sortie de crise, le Premier ministre par intérim n’est pas allé par le dos de la cuillère. D’abord en exprimant son « profond désaccord » à la récente sortie médiatique du Secrétaire général, au cours de laquelle il a déclaré que les 46militaires ivoiriens arrêtés à Bamako ne sont pas des mercenaires. Cette affaire, « est une affaire bilatérale et judiciaire, entre deux pays frères », a souligné colonel Maïga.

« C’est évident, que la qualification judiciaire des infractions liées à cette affaire ne relève pas des attributions du Secrétaire Général des Nations Unies. Au Mali, notre administration ne travaille pas sur la base de l’oralité, ni des déclarations par voie de presse, par conséquent, nous nous en tenons scrupuleusement à la Note Verbale de la MINUSMA, référence : MINUSMA/PROT/NV/226/2022 du 22 Juillet 2022, dans laquelle, il ressort clairement qu’il n’existe pas de liens entre les 46 mercenaires et les Nations Unies. Les récentes synchronisations des actions et l’harmonisation des éléments de langage consistant à faire passer le Mali de statut de victime à celui de coupable dans cette affaire des mercenaires, sont sans effets », a longuement signifié le PMI au Secrétaire général de l’ONU.

Le Chef du Gouvernement malien est revenu à la charge, en redressant certains responsables d’Afrique de l’Ouest. A commencer par le Président en exercice de la CEDEAO, M. Umaro Sissoco Embalo. Alors que celui-ci ait  récemment affirmé que lui, « à la place des Maliens », il « aurait relâché ces 49 soldats », la réplique est de taille, en ces termes : « Je voudrais très respectueusement signifier à ce dernier qu’il existe un principe de subsidiarité, d’ailleurs aux contours flous, entre la CEDEAO et les Nations Unies et non un principe de mimétisme. Egalement, il est important de lui préciser que le Secrétaire Général des Nations Unies n’est pas un Chef d’Etat et le Président en exercice de la CEDEAO n’est pas un fonctionnaire. Par conséquent, il serait indiqué qu’il ne banalise pas la CEDEAO. Enfin, il est utile de rappeler, au Président en exercice de la CEDEAO, qu’au Mali, les autorités n’interfèrent pas dans les dossiers judiciaires et respectent l’indépendance de la Justice. Donc, nous n’avons pas vocation à interpeller ou relâcher, ceci relève de la fonction judiciaire ».

Selon colonel Maïaga, le Président « Umaro Sissoco Embalo doit être conscient du fait qu’il est le dépositaire d’un lourd héritage et de plusieurs sacrifices qui ont fait la renommée de cette Organisation ». Car « la dynamique ayant fait la grandeur de la CEDEAO ne doit pas être brisée ».

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Parlant de la menace de sanctions proférée contre le Mali par la CEDEAO, le PM par intérim a fait comprendre que le Mali en a « pris acte » et reste « loin d’être impressionné par des sanctions ».  « Je voudrais signaler au Président en exercice de la CEDEAO, qu’à la fin de son mandat, les peuples ouest-africains le jugeront sur les efforts qu’il a fournis pour améliorer les conditions de vie des populations et non des show médiatiques servant des agendas étrangers », a laissé entendre colonel Maïga.

Un Bazoum étranger au Niger

Le Président Mohamed Bazoum du Niger n’est pas épargné, du fait de ses propos injurieux ». Pour le moment, les autorités de la Transition se sont abstenues de réagir pour deux raisons cumulatives », à savoir « le respect de l’héritage laissé par nos ancêtres, qui consiste à ne pas répondre aux injures par des injures » et « l’identité de M. Bazoum, l’étranger qui se réclame du Niger ». « Nous savons que le peuple nigérien frère du Mali, se distingue par des valeurs sociétales, culturelles et religieuses très riches. M. Bazoum n’est pas un nigérien, son comportement nous réconforte totalement dans notre constat », a asséné le PM Maîga.

Et le Premier ministre malien d’être clair : « Nous demandons à ceux qui réfutent notre version, d’indiquer s’ils accepteront que des militaires ayant dissimulé leurs identités, en mettant sur leurs passeports qu’ils sont peintres, maçons etc… avec des armes, débarquent dans leur aéroport, sans que le pays de destination n’ait été au préalable informé et dans le dessein funeste de déstabiliser ce pays. S’ils ne l’acceptent pas, en tant qu’Etat, si cela n’est pas possible à Lisbonne ou ailleurs, le Mali non plus ne l’acceptera pas en tant qu’Etat et ce ne sera pas non plus possible à Bamako ou dans une autre localité malienne ».

Le Président ADO « putschiste »

Le Président Alassane Ouattara n’est pas épargné par les piques du Premier ministre Maïga, qui a dépeint un tableau en quatre étapes qui ont conduit les putschistes constitutionnels, notamment le N°1 ivoirien, à un troisième mandat. « Le 3ème mandat consiste pour un Président de la République d’effectuer une manœuvre en 4 temps, en vue de conserver le pouvoir pour lui seul et son clan », a-t-il asséné. Avant de poursuivre : « Le 3ème mandat est une magie, c’est l’art de se dribbler soi-même tout en gardant le ballon ». Colonel Maïga a fait comprendre au Président Ouattara que ses conseils relatifs au respect des engagements pris par les autorités de la transition « rappellent la triste histoire du chameau qui se moque de la bosse du dromadaire ».

La MINUSMA, un échec

Après ses hommages aux disparus dans la lutte contre le terrorisme au Mali, le Premier ministre a fait reconnaître que les objectifs pour lesquels la MINUSMA a été déployée au Mali ne sont pas atteints. Et ce, en dépit des nombreuses résolutions du Conseil de sécurité. D’où les multiples demandes du Gouvernement du Mali « d’un changement de paradigme, d’une adaptation de la MINUSMA à l’environnement dans lequel elle est déployée et d’une meilleure articulation de cette mission avec les autorités maliennes ».

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Dans cette perspective, a insisté le Chef du Gouvernement, il est extrêmement important pour la MINUSMA de rester une force d’appui au Mali dans sa quête de stabilité. Le Gouvernement du Mali dénonce les influences extérieures négatives et les tentatives d’instrumentalisation de certaines entités légalement présentes au Mali, pour servir des agendas cachés, y compris à travers l’exploitation de la question des droits de l’homme aux fins de déstabilisation.

Une « junte française au service de l’obscurantisme » 

« Le monde se souviendra qu’après avoir été abandonné en plein vol, le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, mon pays a été ensuite poignardé dans le dos par les autorités françaises. La précision est d’autant plus utile que nous refusons tout amalgame avec le peuple français que nous respectons », a détaillé le PM par intérim, colonel Maïga, selon lequel les autorités françaises profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme ».

Largement, le PM par intérim n’a pas mâché ses mots vis-à-vis des autorités françaises qu’il qualifie de « Junte française au service de l’obscurantisme ». Ainsi dira –t-il : « Obscurantisme de la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali. Après plus de 10 ans d’insécurité ayant fait des milliers de morts, autant de réfugiés et de déplacés internes, n’est-ce pas un sacrilège de mettre une population malienne victime de l’insécurité dans un pays enclavé sous embargo pendant 7 mois, en procédant à la fermeture des frontières et la saisie des comptes financiers du Mali ? Grâce à sa résilience et à la solidarité de pays amis et des peuples africains, le Peuple malien a tenu et a déjoué les pronostics de ses adversaires. Obscurantisme de la junte française qui s’est rendue coupable d’instrumentalisation des différends ethniques, en oubliant si vite sa responsabilité dans le génocide contre les Tutsis au Rwanda, coupable également de tenter désespérément de diviser les maliens enfants d’une même famille. Enfin, obscurantisme de la junte française, qui a violé l’espace aérien malien en y faisant voler des vecteurs aériens tels que des drones, des hélicoptères militaires et des avions de chasse, plus d’une cinquantaine de fois, en apportant des renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes ».

Le PM Maïga a balayé du revers des mains les accusations de« la junte française » qui, pour  se donner une bonne conscience, accuse le Mali de n’avoir pas été reconnaissant, en se gargarisant de la mort regrettable de 59 soldats français au Mali, lors de diverses opérations de lutte contre le terrorisme.

Cyril Roc DACK/Icimali.com

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