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Lutte contre les VBG : L’ONG JDWS et le  »grin » MAJ de Faladiè-Dema échangent sans tabou

Samedi 17 juillet 2021. Il est seize heures, l’équipe de causerie éducative intitulée BARO et de sensibilisation de l’ONG JDWS sur les Violences Basées sur le Genre prend quartier à Faladiè-Sema, principalement au grin du Mouvement d’Action Jeunes (MAJ).  L’accueil indescriptible, l’ambiance conviviale ! Sans tabou, les échanges se sont déroulés à bâtons rompus.

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Souleymane Maïga, Secrétaire General et responsable du pôle communication de JDWS et son équipe lancent les débats pour « un Mali sans violence dans un futur proche ». « Cette section de causerie avec le jeunes car généralement, ce sont eux qui s’adonnent à cette pratique », a introduit le Secrétaire général, alors qu’il ne devrait pas avoir de bras de fer entre l’homme et la femme.

Les thèmes majeurs, objets de causeries, ont porté sur : « L’homme est supérieur à la femme parce que Dieu même a créé la femme à partir des cotes de l’homme », « C’est la femme qui doit du respect à l’homme et non le contraire », « Dans la maison, c’est l’homme qui décide du rapport sexuel, quand il veut et comment il veut », « La place de la femme est uniquement la maison », « Est-ce les hommes et les femmes naissent égaux ? », « Les tâches ménagères sont-elles équitablement réparties selon vous ? », etc.

Les participants ont le champ libre. Les réponses ne se faisaient pas attendre. « La femme est créée pour combler l’homme, l’homme n’est pas supérieur à la femme », soutiennent-ils, tous. « Penser que c’est  la femme qui doit du respect à l’homme et non le contraire reflète une société archaïque », a répliqué sans détours Kalifa Sidiki FOMBA. Alors que Mlle Mariam Sissoko estime que le respect « doit être mutuel ».

La discussion ont été houleuse quant à si la décision du rapport sexuel revient exclusivement à l’homme. Mais, les différentes interventions ont permis de comprendre que les deux partenaires doivent être consentants et que « la religion ne priorise pas l’homme ». « Tant qu’il y a pénétration sans le consentement de l’un des parties, il y a viol », a précisé Souleymane Maïga.

Les différents participants ont admis que la place de la femme est « aussi ailleurs » que la maison. « On n’est plus obligé de garder la femme à la maison », a déclaré un participant. Et un autre de renchérir : « Nous devons être positifs vis-à-vis de la femme, éviter le négationnisme.»

Genre-équité

Sur la question de genre, l’équivoque a été levée, il concerne le deux sexe. Les échanges ont permis aux uns et autres de la prise de conscience en ce que concerne l’égalité entre l’homme et la femme.

En somme, les jeunes du grin du MAJ ont compris le message et se sont engagés à le porter auprès d’autres jeunes pour un Mali sans violences basées sur le genre.

Quelques réactions

Mlle Maïmouna SEMEGA, étudiante en deuxième année de médecine, membre du Mouvement d’Actions des jeunes : « J’ai été ravie d’être présente à la séance d’aujourd’hui. On a échangé, on a beaucoup appris. J’ai vraiment apprécié l’activité, c’est bien. Concrètement, il y a beaucoup de sujets tabous dont on a parlé. On doit éliminer les sujets que les gens pensent que c’est tabou. Les gens sont à l’aise avec les sujets que certains n’osent pas aborder.

Le problème est celui de la mentalité, d’éducation. Quand on prend par exemple la violence basée sur le genre, les gens pensent que ce sont seulement les femmes qui sont concernées. Or, les hommes sont aussi exposés à cela. Parfois, c’est inaperçu, mais c’est réel.

Sur l’équité genre, partage de biens, égalité entre les hommes, les parents insistent surtout sur l’éducation de femmes, or c’est la même éducation qu’on doit donner aux hommes. Dans le mariage, le problème survient, donc les femmes sont les plus victimes.

Comme conseils pour l’ONG, il faut organiser davantage ces genres d’activités pour plus de sensibilisation de nous, les jeunes, qui sont l’avenir du pays.

J’invite les victimes à s’exprimer, à parler de leurs problèmes. C’est une solution pour elles. Les parents doivent jouer leur rôle pour permettre aux enfants de ne pas être violents dans le futur. Qu’on ne fasse pas aux autres ce qu’on n’aime pas ».

Kalifa Sidiki FOMBA : jeune trentenaire, père de famille, natif de Faladiè : « Cette initiative est à saluer dans la seule mesure qu’elle permet, à nous les jeunes, de nous éveiller et de servir de porteurs de ce message  à ceux qui ne sont pas là. Nous allons les convaincre de laisser la violence faite aux femmes. On doit les cesser, ce n’est pas bien pour la société, cela enfreint même le développement de la société. Une société est composée d’hommes et de femmes,  elle ne peut pas aller sans l’homme et elle ne peut non plus évoluer sans la femme. Pour qu’une société aille positivement, il faut que l’homme et la femme se donne la main, travaillent dans un climat de paix, d’harmonie et de sécurité.

Etant donné que la société a donné une certaine supériorité à l’homme par rapport à la femme,  c’est à l’homme de dire à la femme de venir pour qu’ils cheminent ensemble dans la sécurité.

Si on peut multiplier ces genres d’activités, ça permettra que les VBG  diminuent beaucoup.

Nous sommes dans une société de violence. Que ce soit la gente masculine ou la gente féminine, tout le monde veut s’imposer. C’est comme on est dans une lutte. Malgré qu’on est conscient qu’on est complémentaire, cela n’empêche pas qu’on rentre dans une compétition. Forcément, là où il y a la compétition, il y aura la violence, parce que l’homme veut montrer à la femme qu’il est supérieur, mais l’homme sait qu’il ne peut pas aller sans la femme.

Tout ce qu’on peut faire aujourd’hui est de revoir notre éducation. C’est depuis la famille que certaines valeurs doivent être inculquées aux enfants. Si on fait un retour en arrière, dans les années 60, il n’y avait pas autant de violences. Or, nous, nous disons aujourd’hui que ces hommes n’étaient pas aussi civilisés que nous. Eux, malgré qu’ils n‘étaient pas civilisés, respectaient la femme plus que nous aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’on a perdu les valeurs ancestrales. Finalement, nous sommes dé-culturalisés, on n’as plus de culture, de repère, tantôt on est Africain, tantôt on est Européen,  tantôt Asiatique, finalement on ne sait pas sur quel pied danser.

J’appelle ainsi les jeunes à se donner la main. On est jeunes, cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas œuvrer pour le développement. Etre jeune doit être un atout, on a du boulot à faire. On doit se donner la main, à travers ce genre d’activités, d’atelier, d’échanges, de causeries, pour sensibiliser les autres. Ce soir, j’ai appris beaucoup de choses, alors que je suis venu avec peu de connaissances en la matière. Je repars avec un bagage intellectuel fourni, que je vais d’ailleurs partager  avec ceux qui ne sont pas là. Je remercie l’ONG JDWS pour cette initiative.»

Il faut rappeler cette session de  de causeries débats intitulé BARO (causeries, discussions) est la deuxième de genre après celle de Sébénikoro, le 10 juillet 2021. Elle s’inscrit dans le cadre des activités de l’ONG Justice et Dignité pour la Femme au Sahel (JDWS) Mali. BARO  vise à améliorer la capacité des jeunes sur les violences faites aux femmes et aux filles et sur les VBG à travers une session d’échange et de causerie débat, qui permettra la constitution de groupes de binômes qui procèderont à l’animation des discussions avec les jeunes dans les grins.

Quid de la JDWS ?

Justice et Dignité pour la Femme au Sahel (JDWS) est une organisation à but non lucratif créée en 2019. Elle s’engage à travers des stratégies innovantes de sensibilisation communautaire notamment des causeries débats et d’échange dans les grins, groupement de jeunes de tout genre pour lutter contre toutes les formes de violence faites aux femmes et aux filles. Sa présidente est Mme Aïda Oualate.

Cyril Roc DACK/ Icimali.com

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