Le Mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) a été enclenché pour obtenir la démission du président Ibrahim Boubacar Keita et son régime, responsables des maux qui menacent aujourd’hui le Mali dans son existence même en tant que Nation, Etat, République et Démocratie.
En effet, des pratiques érigées en système de gestion ont conduit le Mali dans l’abîme : corruption comme mode de gouvernement, impunité, instauration d’une oligarchie par l’immixtion flagrante d’intérêts privés dans la gestion des affaires publiques, violations réitérées de la Constitution et des libertés, abandon de secteurs entiers de la vie socio-économique (école, santé, secteur agricole, infrastructures…), non-respect de nombreux engagements pour la décrispation de la situation sociopolitique nationale, détérioration de la situation au nord et au centre du pays, abandon des populations à leur sort, absence de l’Etat et perte de souveraineté sur des pans entiers du territoire national, échec de toutes les tentatives de dialogue, détournements des fonds alloués à nos Forces de défense et de sécurité, affaiblissement du Mali sur la scène internationale, fraudes électorales ne permettant plus aux élections de jouer leur rôle régulateur, affaiblissement et délégitimation des institutions de la République.
Le M5-RFP s’est donné pour mission de relever le Mali en mettant un terme à la gestion chaotique de M. Ibrahim Boubacar Keita qui doit quitter le pouvoir, par suite d’actions légales, légitimes et pacifiques.
Des millions de Maliennes et Maliens ont porté cette revendication avec le M5-RFP à Bamako, dans le Mali profond et dans la diaspora.
La communauté internationale (CEDEAO, Union africaine, Nations Unies, des pays amis, …) très présente dans notre pays a entrepris une médiation en appelant toutes les parties maliennes au calme et à la retenue qui, il faut le rappeler, marquent toutes les actions du M5-RFP.
Porteur d’une espérance nouvelle pour le Mali qui a un besoin impérieux de refondation et de sauvegarde de sa démocratie fondée sur nos valeurs éthiques et sociétales, le M5-RFP décide de :
Poursuivre la lutte pour amener pacifiquement, mais avec détermination, le Président Ibrahim Boubacar KEITA et son régime à démissionner, par le moyen d’actions populaires de désobéissance civile ;
Faire une union sacrée des forces vives de la Nation, dans un élan de « sursaut national » pour définir, librement et sans contrainte, la vision et les contours d’un nouveau Mali, avec toutes les forces sociales et politiques (organisations de la société civile de l’intérieur et de la Diaspora, partis et regroupements politiques, forces syndicales, autorités religieuses et coutumières, forces de défense et de sécurité, groupes signataires de l’Accord issu du processus d’Alger, et toutes les parties intéressées au processus de paix et de réconciliation, etc.) ;
Fixer les objectifs et la durée d’une période de transition : tenir des concertations nationales pour faire l’état de la Nation ; opérer les réformes politiques, institutionnelles, administratives et électorales nécessaires pour refonder l’Etat, jetant ainsi les bases d’un Mali nouveau.
Cependant, le M5-RFP, conscient de ses lourdes responsabilités en ces moments critiques, prenant en compte les nombreuses sollicitations dont celles de l’Imam Mahmoud Dicko, et en signe d’esprit d’ouverture au dialogue, exige la mise en place de cette Transition dans les conditions ci-après :
1- La dissolution immédiate de l’Assemblée nationale ; 2- La mise en place d’un organe législatif de transition ;
3- Le renouvellement intégral des membres de la Cour constitutionnelle ;
4- La mise en place d’un gouvernement de Transition, avec les caractéristiques ci-après :
a) Le Premier ministre est désigné par le M5-RFP ;
b) Il ne peut être demis par le président de la République que dans les conditions prévues par la Charte de transition ;
c) Il forme son Gouvernement en entier ;
d) Il nomme aux hautes fonctions nationales (Administration, Justice, Forces armées et de sécurité, …).
5- L’adoption d’une Feuille de route de refondation de l’Etat et de sauvegarde de la démocratie, de l’unité nationale, de la paix et de la cohésion sociale, assortie d’un chronogramme précis, à l’issue de concertations nationales ouvertes à toutes les forces vives de la Nation ;
6- Le respect des textes relatifs au droit et à la liberté syndicale, à la justice sociale et aux engagements entre les parties ;
7- L’adoption d’un pacte pour la stabilité sociale, la sécurité, la croissance et le développement ;
8- L’adoption d’un mécanisme de suivi-évaluation annuel ;
9- Le détachement des services exécutifs de l’Etat de la présidence de la République.
Un accord politique sur l’ensemble de ces points sera dûment signé avec de solides garanties de
sa mise en œuvre jusqu’à la fin du mandat en cours.
Une Charte de transition précisera et formalisera les termes convenus dans l’accord politique pour concilier les dispositions constitutionnelles actuelles avec les organes pertinents de la Transition.
Le M5-RFP exige également la libération du Chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla CISSE, victime d’enlèvement depuis plusieurs mois.
Le M5-RFP entend poursuivre ses activités, notamment ses manifestations au Mali et dans la Diaspora jusqu’à l’aboutissement total de son juste combat pour la survie du Mali et le bonheur des Maliens.
Le M5-RFP invite le Peuple malien à rester confiant, vigilant, déterminé et mobilisé.
Bamako, le 30 juin 2020